Le retour du groupe de musique médiévale Oriflamme

Parmi toutes les choses que je trouve admirables sur terre, il y a la persévérance, entre autres dans ce qu’une personne offre au travers du maintien de sa pratique artistique.

Quand une personne persévère, peu importe qu’elle se dise professionnelle ou amateure, et qu’elle approfondit sa démarche artistique, souvent contre vents et marées, cela me fait l’effet du soleil qui perce les nuages. Et plus encore quand l’expression artistique n’essaye pas de se conformer à des mouvements de mode!

Je parle de cette expression unique qui maintient l’émergence de son authenticité, même si l’audience n’est pas toujours au rendez-vous. 

Peut-être est-ce parce qu’une source d’eau qui jaillit dans un désert de sécheresse m’apparaît toujours plus miraculeuse que celles qui parsèment une vallée ruisselante d’humidité.

Une autre chose qui me touche, ce sont les retours d’œuvre, les résurgences d’expressions artistiques. Alors que la pratique semblait morte, complètement abandonnée depuis des années, voici qu’elle fleurit à nouveau. C’est l’heureux retour d’une source que l’on croyait tarie.

J’ai plusieurs amis qui participent à cet heureux retour en ce moment.

Aujourd’hui, je voudrais partager quelques images d’un petit groupe de musique médiévale qui courageusement amorce un retour sur scène. J’ai un penchant pour les artistes qui font revivre des expressions que l’on croyait perdues dans le nuit des temps.

Il y a une richesse profonde et paisible qui se dégage des sonorités anciennes et des musiques traditionnelles. C’est comme si celles-ci avaient le don de nous ancrer plus profondément dans nos racines culturelles, au contraire du déferlement des expressions plus périphériques et souvent déconnectées de certaines explorations sonores contemporaines.

Le groupe Oriflamme

Ils sont trois, tout autant passionnés de musique médiévale les uns que les autres. En témoigne en autres l’amour qu’ils ont des instruments de musique du Moyen-âge tels le cistre, la vielle à roue, les cornemuses, les chalemies, les flûtes et divers accessoires de percussions. Il est d’ailleurs manifeste que chaque membre du groupe porte un grand soin à l’entretien de ces instruments sensibles.

Michael, Jeff et Sylvie sont clairement inspirés par ces lointains accents musicaux composés il y a plus de 800 ans.

Michael, Sylvie et Jeff

Le groupe Oriflamme entreprend un courageux retour après un long temps d’absence. Et c’est beau de les voir retrouver leur complicité de ménestrels et d’amuseurs publics ambulants.  Ils ont manifestement la flamme sacrée et c’est contagieux!

Ils ont récemment procédé à un enregistrement maison et j’ai pris les photos du groupe pour relancer leur promotion.

Vu que l’un des objectifs de ce blog est de transmettre des trucs du métier, je vous partage dans cet article quelques considérations à prendre lorsque l’on photographie un groupe en train de pratiquer.

Prendre des photos d’un groupe de musiciens en séance d’enregistrement

L’éclairage

En partant, la chose la plus importante avant de commencer la séance de photos, c’est de faire en sorte que l’espace soit bien éclairé! Très difficile de rendre une scène vivante et attrayante si elle est mal éclairée. Et c’est particulièrement vrai pour un groupe de musique tout simplement parce que nous sommes habitués à les voir sur scène, sous les faisceaux de multiples sources d’éclairage.

Sans éclairage, il y a moins de relief et de contraste, tout est plus plat et terne.

Dépendamment de la pièce ou du studio d’enregistrement, dans ce cas-ci un simple salon, l’espace va être plus difficile à éclairer.

Dans ce cas-ci par chance, l’un des membres du groupe avait déjà travaillé dans le domaine et il y avait déjà de l’éclairage disponible sur place. Un grand merci Jeff, ta contribution a fait toute la différence!

La présence visible des projecteurs a beaucoup ajouté à l’atmosphère générale de la séance d’enregistrement!

Malgré plusieurs projecteurs, j’ai été obligé de fonctionner avec une vitesse d’obturation minimum, à 1/60ème de seconde et même parfois à 1/15ème avec une ouverture maximale, c’est-à-dire sans aucune profondeur de champs. Dans plusieurs cas, j’ai eu à envoyer un coup de flash au plafond pour maintenir un éclairage suffisant.

Les projecteurs ont été répartis dans la salle pour créer un éclairage mettant en relief chaque musicien. Ceux-ci étaient séparés pour les besoins de l’enregistrement.

En complément d’éclairage, il y avait des réflecteurs pour adoucir l’éclairage des projecteurs, ainsi qu’un rideau noir pour diminuer l’apport d’éclairage de l’extérieur et éviter trop d’écart de couleurs entre les deux types d’éclairage.

Ce qui a permis de faire des jeux de contraste intéressants :

Ci-dessus, Jeff, le percussoniste du groupe, apparaît sur fond noir et éclairé pricipalement par deux sources de lumière latérales. Ce type d’éclairage reproduit un effet de spectacle, comme si le musicien était sur scène avec un éclairage aux projecteurs. À noter que le contraste est suffisant pour que les rideaux d’arrière-scène apparaissent complètement noirs en arrière-plan.

Un effet de scène similaire est obtenu en couleurs, faisant ressortir les différences de couleur des sources d’éclairage.

Toujours avec la même configuration, sans rien déplacer , un effet de silhouette est obtenu en prenant le visage de profil  devant le réflecteur latéral et en ajustant l’ouverture sur ce dernier.

Et maintenant, un effet de clair-obscur obtenu avec le même élairage en captant le visage de Jeff sur fond noir de manière à faire ressortir la lumière arrière qui éclaire sa barbe et donne ainsi un bel effet de découpage.

L’important dans le cas de photos prises durant une séance d’enregistrement est de se faire le plus discret possible, les  exigences de l’enregistrement passant en avant de nécessités de la prise de vue. Il faut donc être bien préparé et demeurer silencieux, tout en étant créatif sans déranger.

La balance chromatique

Pour harmoniser l’ensemble des clichés, j’ai choisi de “réchauffer” les photos à l’étape du traitement des images, ce qui permet de mieux faire ressortir la touche médiévale des instruments de musique.

Dans ce cliché, la dominante ambrée des instruments en bois est mise en valeur par contraste avec l’éclairage plus froid provenant de la lumière du jour.

Il en va de même pour les boiseries des instruments de percussions

Varier les angles de vue

Idéalement, pour rendre avec plus d’efficacité la perception de l’événement dans toutes ses dimensions, il est préférable de varier les angles de vue, en empruntant successivement le point de vue de chaque artiste.

Ci-dessus, un cliché “par dessus l’épaule” à partir du point de vue de Jeff.

Le même angle de vue en large angulaire.

Une vue 3/4 arrière de Sylvie. À noter, en arrière plan, l’image de Michael reflétée dans le miroir.

Découpage des avant-plans au moyen de hors-foyers

Ne pas hésiter d’utiliser la faible profondeur de champs pour créer des hors-foyers en arrière-plan. Cela permet de mettre l’emphase sur l’avant plan tout en conservant l’évocation des activités dans le décor arrière.

Rendre l’atmosphère de la séance d’enregistrement

Les photos étant silencieuses par nature, il n’est pas possible de compter sur l’ambiance musicale pour rendre l’atmosphère de l’enregistrement.

Le photographe doit alors saisir à la volée les instants de complicité entre les membres de l’équipe. Dans ce cas-ci l’interaction chaleureuse entre Gareth, l’ingénieur de son, ainsi que les personnalités enjouées des membres du groupe a été providentielle.

Il régnait une belle atmosphère sur le plateau d’enregistrement!

Les talents d’animatrice de rue et la présence rayonnante de Sylvie sont particulièrement visibles dans les clichés ci-dessus!

De son côté Michael amène une belle présence concentrée et méditative!

Évidemment, rien ne remplace la possibilié d’assister à un de leur spectacle! Détails à venir!

Le groupe Oriflamme est annoncé sur le site http://www.circofolies.ca/

Le lien vers le studio de Gareth Auden-Hole : Là Là Studio

Ah oui, quand même, un petit extrait sonore capté durant la répétition, cornemeuse, flûte et percussions, juste pour nous faire patienter!

Mains tenantes

J’aime beaucoup cette image!

Pourquoi? Peut-être parce que cela me ramène au côté ludique et complice de la petite enfance.

C’est l’image que nous utilisons pour annoncer l’atelier de “Reconnexion au corps Ama”.

Cet atelier imprévu et inédit s’est imposé de lui-même à la suite de deux autres ateliers offerts en hiver et au printemps, l’un sur la transformation des charges en créativité, et l’autre en lien avec l’image corporelle et l’autoportrait.

Durant ces ateliers, beaucoup de femmes exprimaient le fait de se sentir coupées de leur corps, se décrivant comme étant beaucoup trop dans leur tête. Nous avions alors remarqué que des mouvements très lents, en suivant des thématiques symboliques, sans aucun souci de performance et à l’écoute du corps, permettaient de se rebrancher à la dimension corporelle.

Nous en sommes arrivés à proposer cet atelier de “Reconnexion au corps Ama” au travers des pratiques du mouvement intériorisé, de l’image et du partage de témoignages.

Pourquoi Ama? “Ama” vient du nom des plongeuses traditionnelles au Japon. Ces pêcheuses descendaient en apnée dans les fonds sous-marins sans aucun équipement, sans combinaison, sans masque ni palmes. Les amas (« femmes de la mer » en japonais) allaient autrefois chercher des perles dans les profondeurs océanes. De façon similaire, la “Reconnexion avec le corps Ama” nous convie à une plongée intuitive dans les profondeurs intérieures, sans outils ni balises, à la recherche de nos “perles de vie”.

L’illustration représente un exercice d’interrelation silencieuse avec l’autre. Après une séance de détente à l’horizontale, deux participantes communiquent et décodent leurs états d’être par la seule expression des mains. Les gestes peuvent sembler insignifiants vu de l’extérieur, alors que le vécu intérieur débouche sur de nouveaux espaces insoupçonnés.  Je me suis permis d’ajouter à la scène un ciel étoilé pour représenter toute l’ampleur de cette ouverture intérieure!

Cet atelier fait partie d’une série d’ateliers que nous offrons sur demande aux Ateliers-Partage du 10 Fortier.
https://atelierspartage.art.blog/

Hommage aux artisanes de vie

D’où vient l’inspiration dans le processus de création d’une illustration? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas de réponse systématique. En d’autres mots, c’est non prévisible, non planifiable. Du moins en ce qui me concerne.

Pour cette illustration que j’ai réalisé il y a maintenant plusieurs années, c’est en dessinant une artisane en train de tresser un panier que le texte “Hommage aux artisanes de vie” m’est venu, et non le contraire. Dans bien des cas, le texte est conçu avant l’image qui vient l’illustrer. Dans ce cas-ci, c’est l’image qui a fait émerger l’écrit!

C’est en me laissant toucher par les gestes tranquilles de cette artisane que s’est réveillé en moi toute la gratitude pour les femmes et mères qui quotidiennement, sans être motivées par une performance sociale ni par une recherche d’éclat mondain, tissent inlassablement l’essentiel de notre vie sur terre.

Ce qui m’a frappé, c’est de constater le peu de visibilité ou de reconnaissance sociale de la contribution des femmes et des mères en rapport avec l’immensité de l’œuvre qui est accomplie au travers de d’elles. C’est ce qui a motivé le texte ci-dessous, que j’ai écrit après avoir réalisé le dessin, et que j’ai publié par la suite à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

Aux artisanes de vie

Hommage aux artisanes qui, même dans les conditions les plus inhospitalières, accueillent, enfantent et réactualisent sans cesse le don de vie!

Hommage à toutes ces femmes et mères qui inlassablement dans leur propre chair redonnent vie et espoir à l’ensemble de l’humanité par la répétition obstinée de la tendresse sous toutes ses formes!

Hommage aux artisanes de simplicité qui, quotidiennement à l’œuvre dans les activités les plus petites et humbles, sont pourtant profondément nourricières de vie, à contre-courant de la course stérile à la performance et au paraître!

Hommage aux artisanes d’amour et de réconciliation, qui patiemment invitent chaque petit humain en devenir au don de soi sans calcul ni frontières, et qui jour après jour rassemblent et tressent de leurs mains les morceaux épars de ce qui a été blessé, tranché, déchiré ou divisé!

À toutes les artisanes de vie, de tendresse et de guérison, un immense merci du fond du cœur!

Simplicité et abondance

Toujours dans la catégorie “Archives”, je prends le temps de revisiter certaines anciennes illustrations. Quitte à les mettre à jour en les retravaillant, ce qui est le cas pour cette image-ci!

Le point de départ de cette illustration, c’est l’association de la simplicité à la floraison de l’abondance dans la générosité.

L’abondance est représentée par l’image d’un arbre en fleurs.

Pour commencer j’ai pris une photo d’un petit pommetier pas loin de chez nous. Il faut mentionner que j’ai une relation personnelle avec cet arbre. À première vue, surtout en hiver, il ne paye pas de mine. Plutôt rabougri et chétif, marqué par le poids des années, un peu croche avec des branches cassées, et surtout le tronc et les branches entièrement piqués. Je m’attends chaque année à ce qu’il démissionne et cesse de porter feuilles, fleurs et fruits.

Et puis, contre toute attente, dans sa grande vulnérabilité, il reprend vie et offre une prodigieuse floraison printanière, ainsi qu’une abondante récolte de pommettes à l’automne, et ce à mon grand émerveillement. Tellement de gratitude pour cette résurrection de ce qui semblait mort!

Cette grande abondance, je l’associe sur un plan affectif à la générosité de cœur des personnes porteuses de trisomie 21.

Ces personnes, que l’on mentionne généralement comme “présentant une déficience intellectuelle”, révèlent en fait souvent une surabondance de cœur. C’est comme si leur simplicité intellectuelle leur permet de laisser transparaître pleinement leur grande richesse relationnelle. Laquelle s’exprime au travers de la confiance qu’ils vous accordent spontanément et au moyen de leurs sourires et câlins.

De ma propre expérience, entre autres avec mon ami Gil, les personnes trisomiques vous gratifient d’un attachement et d’un amour d’une grande pureté, sans évaluation, ni attentes, ni calcul.

Dans l’illustration, j’ai voulu représenter cette communion de cœur en m’inspirant d’une photo de deux filles trisomiques dans les bras l’une de l’autre.

J’aime beaucoup cette association entre les deux personnes douées de simplicité intellectuelle et celle de l’abondance d’un arbre en fleurs.

Pour le montage final, effectué sur le logiciel libre Krita, j’ai fusionné la photo de l’arbre en fleurs avec un fond réalisé à l’aquarelle, ajouté une cache pour rendre les contours irréguliers, et enfin superposé le tracé des personnages avec une légère transparence.

Labour et récolte – Archives

Cela fait un certain temps que je me proposais de partager le processus de création de certaines illustrations.

Dans la nouvelle catégorie “Archives”, j’entreprends un retour sur des images créées dans un cadre professionnel, tout en détaillant le processus étape par étape.

Labour et récolte – Illustration créée pour la revue Notre-Dame du Cap

Depuis très jeune, j’ai été attiré par la combinaison du dessin et de la photo. C’est sans doute pour moi comme un rappel du fait qu’il coexiste plusieurs dimensions dans la vie, une plus visible, et une autre plus subtile et moins perceptible. La première étant à mon sens représentée par la photo et la deuxième par l’image dessinée.

J’ai voulu explorer la combinaison de ces deux dimensions au travers de cette série d’illustrations.

Dans la présente image, je cherchais à mettre en valeur la juxtaposition de deux thèmes universels qui m’ont toujours beaucoup touché, celui du labour et de la récolte.

Je n’ai pas été élevé sur une terre, et ces réalités agricoles ne font pas partie de ce que j’ai vécu. Néanmoins elles me sont très chères, autant intérieurement qu’extérieurement. L’acte de labourer la terre, celui de semer et celui de récolter l’abondance constituent pour moi une des grandes merveilles de l’existence.

J’ai voulu en quelque sorte leur rendre hommage dans cette image.

Étape par étape

Dans un premier temps, pour le fond des champs labourés, je voulais rendre un effet plus large que celui d’un seul lopin de terre qui serait en train d’être travaillé. J’ai en conséquence été chercher un grand nombre d’images de champs retournés. Puis je les ai sommairement juxtaposés en fonction de la perspective et de l’angle de vue, de façon à permettre une continuité entre les images.

Disposition des images brutes avant leur harmonisation


Ensuite, au moyen de l’outil aérographe en mode efface du logiciel libre Krita, j’ai doucement estompé la séparation entre les photos de façon à faire disparaître les contours et à les fondre les unes aux autres.

Pour harmoniser davantage les teintes et les textures, j’ai ajouté un fond de papier parcheminé en mode “multiplier”.

En vérité, c’est comme en cuisine, tout est une question de dosage et les différentes couches doivent sans cesse être ajustées pour mieux être fusionnées.

Fond des champs labourés après leur harmonisation


Pour les personnages, j’ai compilé un grand nombre d’images de labour et de récoltes sur le web avant de trouver ce que je cherchais.

Je préférais dans ce cas-ci avoir une scène à l’ancienne, dans laquelle l’animal et l’homme collaborent ensemble pour labourer la terre.


Pour ce qui est de la récolte, j’ai été touché par l’image d’une jeune fille portant en ses bras une généreuse et abondante récolte de légumes du potager. Après avoir tracé et simplifié les deux images, je les ai intégrées au fond, tout en dosant leur transparence.

Pourquoi en transparence, parce que je voulais davantage évoquer la présence de ces sujets plutôt que de créer une scène crédible et réaliste. Surtout que sans cette transparence les dessins et le fond sembleraient plaqués artificiellement l’un sur l’autre, sans lien entre les deux. En particulier parce que que la mise en valeur des dessins a été faite au moyen de simples aplats, sans nuances ni ombrages.

À priori, cette combinaison dessin-photo n’est pas une approche qui est préconisée en illustration, en raison d’une perte de cohérence stylistique. La juxtaposition des personnages avec un rendu en aplats sur un fond plus réaliste et nuancé est davantage utilisée en animation, une forme d’art qui m’a beaucoup influencé.

Je reconnais volontiers que plus jeune, je me suis largement nourri aux biberons du dessin animé et de la bande dessinée. J’y retrouvais bien plus matière à rêverie que dans des images qui tentaient de reproduire trop fidèlement les apparences de la réalité.

Mais vu que je me laisse facilement séduire par l’attrait des images, j’ai découvert par la suite la beauté et la sensibilité d’un grand nombre de médiums et d’expressions picturales, comme on pourra le voir dans la suite de cette rubrique intitulée “Archives”.

Ici les anciens avaient épousé cette terre

On m’avait parlé des coureurs des bois, des premiers colons, des bucherons et des défricheurs.

Mais quand je remontais le long des rivières, m’aventurant sur les rivages vierges, je découvris une toute autre présence, beaucoup plus profondément ancrée et enracinée dans le sol.

Ici la nature avait été laissée intacte, non modelée par la main des hommes comme dans les vieux pays. Ici les anciens avaient épousé cette terre, l’avaient aimé avec respect sans l’altérer.

(Célébration de la Journée nationale des peuples autochtones)

Rassembler en musiques et chansons

Avant que le dépanneur Sylvestre ne soit crée, il y avait déjà un réseau informel d’entraide.

Après quelques années d’existence de ce réseau, nous avions identifié que malgré toute notre bonne volonté, cette forme d’entraide ne suffisait pas à sortir les personnes de leur isolement social. Afin de faire évoluer la relation aidant-aidé vers une forme d’inclusion plus collective, nous avions alors initié des rencontres mensuelles dans laquelle chaque personne pouvait échanger avec d’autres et retisser des liens.

Sauf que les personnes aidées provenaient de groupes d’âges et d’horizons très différents, ce qui ne facilitait pas les contacts naturels entre elles.

Nous avions alors découvert que pour réunir des personnes qui n’ont pas nécessairement d’affinités entre elles, il y avait deux activités “universelles” qui favorisaient une certaine adhérence collective : Manger ensemble, …et chanter ensemble!

Ces rencontres mensuelles “manger et chanter ensemble” ont d’une certaine façon constitué les prémices de ce qui allait devenir le dépanneur Sylvestre.

On peut dire que par la suite le “manger ensemble” est devenu le moteur de rassemblement collectif dans les premières années du dépanneur. Qu’il s’agisse du “repas du travailleur” à midi, des diverses formules de souper durant la semaine, familial, de solidarité, du vendredi soir ou en alimentation vivante le lundi, ou enfin des brunchs hebdomadaires, ce sont sans doute avant tout ces partages autour d’une table commune qui ont véritablement rassemblé les volontaires en vue d’une même mission.

Et très vite, le “chanter ensemble” s’est tout naturellement imposé, à l’initiative de quelques fidèles enthousiastes (lesquels se reconnaîtront autour du piano) qui ont animé cette activité tous les vendredis soirs.

Les toutes premières soirées de “Chantons ensemble” au dépanneur Sylvestre

Par la suite l’espace de la grande salle est devenu un lieu privilégié pour prestations de musiciens et rencontres informelles d’improvisation musicale. L’âme du dep a certainement grandement bénéficié de tous ces chants et musiques, merci à toutes celles et ceux qui ont fait vibrer de leurs harmonies sonores les murs du dépanneur Sylvestre, et qui le font encore à nouveau à l’Espace DEP Sylvestre!

Quelques présences musicales, parmi une foules d’autres qui ont suivi par la suite, spontanément offertes au tout début du dépanneur Sylvestre

Illustrations produites en 2004 dans le cadre d’un partenariat avec Parole citoyenne et L’Office national du film.

À qui la photo?

Il arrive que des personnes me remettent d’anciennes photos dont ils se débarrassent, sachant que je cherche toujours des sujets d’inspirations pour les dessins. Je les en remercie.

L’image ci-dessous provient de l’un de ces dons de photos de famille que j’ai reçu avec gratitude. Je n’en connais pas la provenance, vous me direz si cette photo vous dit quelque chose.

Elle m’a touchée, se démarquant du lot!

Il s’agit de deux fillettes réunies à l’intérieur d’un même manteau d’adulte. Tout simple, mais pour moi il y a toujours plus que ce que l’image représente dans la vie quotidienne. Comme s’il y avait un autre message, plus subtil, que je m’efforce dès lors d’entendre.

C’est probablement le fait de se reconnaître non séparés, les deux fillettes partageant un même espace, une même appartenance.

La vie du “chacun pour soi-même”, très présente à notre époque, et j’y participe amplement, me rend triste. Il n’y a pas d’autres mots. Vivre avant tout pour moi-même, pour mon propre bien-être m’apparaît totalement dénué de sens.

Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de comportements égoïstes. C’est tout simplement parce que cette forme de vie dirigée vers soi-même me semble complètement vaine et misérable. J’admire les personnes qui y arrivent, se suffisant de leur propre bonheur, ce n’est pas mon cas.

Dans la vie “normale”, chaque personne a son propre manteau, son propre agenda, sa propre source de confort, ses propres façons de se protéger.

Dans la présente image, les deux fillettes partagent en toute complicité le même manteau, peu importe ce que peut représenter ce même manteau, comme par exemple être élevés dans la même famille, s’épanouir dans la même culture, ou se reconnaître enveloppé par le “manteau” commun de notre environnement naturel.

“Quand tous les océans”, première version

Parfois certains projets prennent toutes sortes de détours avant d’arriver à maturité.

À Voix et Couleurs, nous avions commencé dès 2020 à travailler sur le visuel graphique d’un mini-clip, à la demande de Shakti Musique, en vue du Jour de la terre 2021. Finalement, l’achèvement de la première version a été retardé, entre autres en raison de la pandémie. Puis cette année nous avons œuvré à un nouveau visuel pour le même clip, cette fois-ci à partir de photos, afin de s’enligner davantage sur l’approche stylistique de Shakti Musique (montage photos sur chanson).

Cette nouvelle version est disponible sur le site de shaktimusique.org,
https://shaktimusique.org/2023/04/20/tous-les-oceans/
ainsi que dans l’article de Mireille publié dans cette édition spéciale du Petit Parc à l’occasion du Jour de la Terre.

Nous vous partageons ici la toute première ébauche, entièrement constituée de dessins, avant que la bande sonore ne soit retravaillée.

Le clip est un peu conçu comme un vidéoclip en ce sens que des images de l’auteur-compositeur-interprète se juxtaposent au visuel sur l’environnement. Le format d’origine est carré en fonction des médias sociaux.

Bonne journée à la Terre!

Touché

Je suis toujours touché par les gestes d’attention à l’autre, particulièrement lorsque ces gestes s’accompagnent d’une écoute intérieure.

Je ne me l’explique pas, c’est sans doute pour moi une forme de reconnaissance instantanée de cette profonde qualité humaine de présence attentive à l’autre.

Ici deux participantes à un atelier lors d’un exercice d’intériorisation dans le cadre d’un atelier pratique de dessin et de photo.

Baraka, la multiplication des sandwichs

C’était dans les tout débuts du dep Sylvestre, alors que c’était encore un vrai de vrai dépanneur, avec de la bière, des cigarettes, des chips et autres.

Nous ne vendions pas grand chose de frais. Du côté du prêt à manger, un distributeur nous livrait chaque semaine des sandwichs aux oeufs mayonnaise. Il s’agissait essentiellement de deux tranches de pain blanc, beurrées d’un peu de mélange aux oeufs, le tout emballé dans un contenant en plastique.

Certains anciens habitués de ce petit dépanneur, qui venaient régulièrement acheter leur caisse de bière et paquet de cigarettes, prenaient au passage un de ces sandwichs en guise de souper.

La valeur nutritive de ces maigres sandwichs ne devait pas être très élevée, et il n’y avait pas là non plus de quoi remplir un estomac.

En fait, nous avions fait l’expérience de compresser entre nos mains l’un de ces sandwichs, et il n’en était ressorti qu’une toute petite boule de matière pâteuse peu appétissante.

C’est à ce moment-là que s’est produit un autre des petits miracles du dep en la personne de celui qui est devenu l’actuel président du CA de l’Espace DEP Sylvestre.

Il vivait alors à Montréal et travaillait dans un restaurant. Il était venu au dep, et nous l’avions consulté sur la façon d’offrir un sandwich plus substantiel et nutritif pour le même prix, soit 3.50 $ (Il avait fait des études en diététique).

Le créateur des sandwichs Baraka à l’oeuvre dans les tout débuts du dep

Il créa alors la série de sandwichs Baraka, lesquels étaient constitués d’un solide petit pain aux huits grains, d’une grosse portion de l’un des quatres mélanges, soit le thon, les oeufs, le fromage à la crème ou le végépâté, à laquelle s’ajoutait une généreuse quantité de légumes, principalement des carottes. Du côté saveurs, l’ensemble était très goûteux, relevé de condiments et d’épices à la marocaine!

Les sandwichs Baraka étaient non seulement nutritifs, mais aussi “bourratifs”, dans le sens qu’ils ont rapidement été réputés pour procurer une sensation de satiété.

Baraka signifie “chance”, “bénédiction”.

Là où le mot Baraka a pris tout son sens, en rapport avec l’une de ses définitions : “quelque chose auquel on ne s’attend pas et qui agit de façon positive”, c’est dans l’ampleur qu’a pris la production de ces sandwichs.

Même si la mission initiale d’offrir ces sandwichs nutritifs au dep était remplie, leur créateur ne s’arrêta pas là. Il commença à en vendre dans divers commerces, au CEGEP de l’Outaouais et même de l’autre bord de la rivière dans des édifices gouvernementaux ainsi qu’à Montréal.

Les débuts de la chaîne de production matinale des sandwichs Baraka

Le petit sandwich Baraka s’est ainsi multiplié, contribuant à faire connaître le dépanneur Sylvestre bien au-delà de son quartier d’origine.

C’est la même personne qui encore aujourd’hui œuvre à la relance de la production agroalimentaire de l’Espace Dep Sylvestre dans le nouvel emplacement au 230 Rue Montcalm, Gatineau. Ne manquez pas d’aller y faire un tour, d’y déguster un café ou un jus, ou d’y manger un généreux sandwich! Ou encore de venir rencontrer la communauté lors du souper du mardi soir à 18h!

Un fidèle collaborateur de la production artisanale des sandwichs Baraka

En toute amitié…

Il y a des amitiés qui sont spéciales dans le sens qu’elles ne se construisent pas au travers du temps comme la plupart des relations amicales. 

L’amitié dont j’aimerais vous parler est de celles qui vous surprennent parce qu’elles sont spontanées, immédiates, instantanées. Hors temps et hors espace comme si elles avaient toujours existé et qu’elles existeront toujours pour l’éternité.

Pas descriptible.

C’est à propos de mon ami Gil que j’aimerais vous partager quelques mots, en gratitude pour sa précieuse présence dans ma vie.

Il faut mentionner que Gil a l’amitié facile. Il n’y a aucune barrière, aucun filtre à la spontanéité de son élan envers l’autre. Gil est le « Monsieur câlin » en personne. Il vous prend dans ses bras mieux que quiconque. Pas difficile de se sentir immédiatement en confiance avec lui.

J’ai rencontré Gil au dépanneur Sylvestre. Il faisait partie des « Alchimistes », un groupe de personnes en inclusion, présentant une forme ou une autre de déficience intellectuelle. Oui, Gil est né avec une trisomie, ce qui est tout à fait accessoire en ce qui concerne notre amitié. Personnellement, il me semble que Gil est bien moins handicapé que je le suis, au moins pour ce qui est d’adhérer pleinement à la vie en toute simplicité.  

En fait, je dirais qu’il y a une forme de complémentarité entre nous, peut-être parce que je suis par nature un peu désincarné, et que lui est tout au contraire très bien ancré dans la vie et dans son corps!

Comment cette amitié a débuté?

C’est loin dans ma mémoire. Je ne le connaissais pas encore personnellement. Il me semble que l’ai croisé alors que je venais de rentrer dans le dépanneur. Je lui ai demandé comment il allait, ce à quoi il répondait invariablement « Bien! » en hochant la tête. Mais cette fois là il ne répondit rien. J’ai alors insisté en lui reposant la question avec plus d’intensité. 

Des larmes lui sont montées aux yeux.

Je me suis approché de lui, pensant avoir commis quelques maladresses à son égard.

Il s’est alors mis dans mes bras. 

Tout simple, le pacte d’amitié était dès lors signé.

J’ai su plus bien tard qu’il était en train de perdre sa mère, et que cela lui amenait beaucoup d’anxiété

Pour la petite histoire, que j’ai déjà racontée à maintes reprises, il s’est passé par la suite quelque chose d’inédit entre nous, au-delà de cette amitié spontanée. 

Il m’arrivait souvent de filmer des événements au dépanneur, caméra à l’épaule. Gil me revenait à chaque fois en me signifiant par signe qu’il aimerait être devant la caméra. Il faut mentionner que Gil a des difficultés d’élocution et qu’il est parfois difficile de le comprendre. Je hochais la tête lui indiquant que j’avais entendu puis je continuais à filmer.

Je le reconnais, cela m’a pris des années avant de prendre sa requête au sérieux.

Puis, grâce à sa persévérance, et grâce à beaucoup de contributions de différentes personnes, nous avons fini par tourner ensemble une petite websérie à son nom : Mon Ami Gil

Les épisodes qui relatent l’histoire de son intégration sont disponibles (par ordre chronologique inverse) sur son blog. 

https://monamigil.blog

Commencer par les premiers épisodes sur la page « Épisodes 2019 »

« Être avec », à propos du dessin tracé de vie

« Être avec », c’est la façon la plus simple et la plus concise de décrire ce qu’est la pratique du « dessin tracé de vie ».

Et pour moi, cette image d’une jeune mère en train de tracer tout en gardant son nouveau-né contre elle résume parfaitement ce que veut dire « être avec ».

Le dessin tracé de vie, c’est dessiner ce qui est.

C’est tracer les formes de vie et les être vivants tels qu’ils ont été créés, sans chercher à les corriger, à les parfaire ou à les embellir. C’est une façon « d’être avec » le sujet représenté, au cœur de l’instant présent, dans la gratitude pour sa présence et son don de vie.

Tout ce qui existe sur terre peut être accueilli et dessiné, sans jugement ni censure, en reconnaissance de l’apport unique de chaque existence.

Le dessin-tracé est une façon très simplifiée de dessiner qui ne requiert aucun apprentissage, aucune habileté ni aucun souci de performance artistique.

Dessin tracé sur tables lumineuses au dépanneur Sylvestre

Cette pratique propose tout simplement de tracer le sujet tel qu’il se présente à notre regard, dans sa propre réalité, sans filtres ni attentes. C’est « laisser le crayon faire son chemin », sans essayer de contrôler le résultat.

L’image finale peut ensuite être mise en couleurs et accompagnée de quelques mots inspirés par le sujet.

Les outils sont simples et peu coûteux : feuilles de papier régulières ou papier à tracer, crayon à mine, crayons de couleurs ou simple boite d’aquarelle. On trouve maintenant en ligne de petites tables lumineuses à un coût très accessible.

Petit tracé va loin

Cette petite pratique de dessin a commencé au dépanneur Sylvestre.

Nous avions remarqué que la pratique du dessin permettait de calmer l’agitation mentale et favorisait l’intériorité ainsi qu’un certain recul face aux événements vécus.

Cependant un grand nombre de personnes ne voulaient même pas s’essayer à cette pratique pacifiante parce qu’elles se considéraient nulles en dessin. Le dessin tracé à partir de modèles simplifiés s’est alors tout naturellement développé. En commençant par de petits ateliers thématiques.

Dessin tracé avec enfants et adultes au dépanneur Sylvestre

D’année en année, des milliers de dessins ont été produits sur une grande variété de sujets allant de l’enfance dans le monde aux animaux menacés, en passant par les grands sujets sociaux tels la faim et l’extrême pauvreté dans le monde, l’exploitation et l’esclavage, les conflits sociaux, les personnes handicapées, les peuples autochtones et l’environnement de la planète.

D’abord pratiqué au dépanneur Sylvestre, le dessin tracé de vie, aussi appelé dessin de solidarité ou dessin-prière, a depuis une vingtaine d’années été offert dans de nombreux endroits : écoles, centres d’art, centres communautaires, foyers pour les personnes âgées, dans la rue, des parcs, et même un orphelinat au Pérou. Nous nous préparons maintenant à l’offrir aussi à domicile, en particulier auprès de familles, de personnes isolées et de personnes en perte de mobilité.

Dessin tracé au Pérou dans un orphelinat

Avec le temps, d’autres volets se sont ajoutés autour de l’image de soi et la transformation du regard porté sur le corps. Divers ateliers thématiques destinés aux femmes ont été donnés au Québec sur cette thématique.

Témoignages

Malgré une vingtaine d’années de pratique du dessin tracé de vie, cela reste difficile de mettre en mots le processus, peut-être est-ce parce qu’il est trop simple?

Les témoignages des personnes qui l’ont pratiqué sont plus éloquents :

« Tracer m’apporte une joie profonde.
Quand je commence à dessiner, tout se tranquillise en moi. »

«…Les pensées cessent de tourbillonner sans fin et je me retrouve calme et à l’œuvre dans cette pratique apaisante, simplement à l’écoute de l’être ou de la réalité sensible que je suis en train de tracer ou de dessiner, en toute gratitude et reconnaissance. »

« Je suis en très grande reconnaissance de ce processus d’apprivoisement… ça m’a libéré d’une très grande tension intérieure que je ne savais même pas que je portais! »

« L’action de tracer brise les schémas de stress et de performance. Ce geste si simple me permet de prendre contact avec la réalité vécue par le sujet représenté. Ce lien qui s’établit m’amène à saisir une situation, une émotion, un état, et à en apprivoiser toutes les facettes, les reconnaissant ainsi en moi-même. »

« Ça me fait tellement de bien de dessiner… je crois que dessiner est un code secret pour dessiller, dessiller les yeux. Les yeux du cœur probablement. »

« Merci encore pour cette pratique si apaisante, je la délaisse parfois, mais c’est toujours un baume pour l’âme et l’être entier quand j’y retourne. »

« Dessiner m’a fait faire toute une thérapie de relaxation, d’approfondissement et de découverte.

Une chose est sûre, plus je suis au dessin, moins je suis dans des ressentis quand une situation conflictuelle arrive. »

« Quand je trace, c’est comme si je reconnectais avec une partie de moi-même que j’avais oubliée. Je suis remplie de gratitude pour ce tracé qui est possible par une écoute respectueuse et fidèle. Je me rends compte que le dessin est bien, mais que suivre la ligne de vie avec le crayon ramène la vie en moi. Ça garde le lien avec cette personne qui se fait toute humble pour sentir profondément cette ligne de vie ainsi qu’avec la personne ou l’animal tracé, et ça me reconnecte avec cet espace de paix qui est au fond de moi. »

« L’action de tracer brise les schémas de stress et de performance. Ce geste si simple me permet de prendre contact avec la réalité vécue par le sujet représenté. Ce lien qui s’établit m’amène à saisir une situation, une émotion, un état, et à en apprivoiser toutes les facettes, les reconnaissant ainsi en moi-même. »

« Cette pratique de dessin nous invite à voir la vie telle qu’elle est censée être vue, sans jugement. Chaque trait tracé est comme une ligne de vie. Une ligne pour nous sauver de nos esprits dominateurs et coupeurs de vie. Pour nous donner un moyen de voir ce qui est vraiment vivant, au-delà du filtre de notre mental. Cette pratique peut nous aider à faire face à nos peurs. Souvent, je dessine ce qui m’effraie et m’intimide. Dans la ligne, je trouve la sécurité dont j’ai besoin pour regarder la peur. Souvent, la peur s’atténue à la lumière de la vérité, à la lumière de l’acceptation et de la compassion. »

« Tous nous étions concentrés en suivant les traits des personnes, à faire le dessin-tracé qui nous unit directement à la personne en la traçant. J’ai senti que par le tracé le lien devient alors palpable et plus uniquement virtuel ou intellectuel. L’actualisation en moi de la réalité de la personne se fait au fur et à mesure que je trace. J’entre alors en communion et en compassion avec la personne et je réalise sa présence en moi. Cette soirée-là a été marquante car je me sentais unie à la personne que je traçais, unie aux personnes qui étaient comme moi en train de tracer et de dessiner »

« Pour une personne comme moi, qui a un mental agité, le dessin-tracé de vie est la seule façon de faire silence. »

Les petits miracles du dep – Hommage

Lui : Un ancien fonctionnaire au fédéral. À la suite d’un AVC, il se retrouve dans un programme de réinsertion au dépanneur Sylvestre avec un groupe d’autres personnes partageant des conditions similaires.

Elle : Impliquée dans l’équipe du dépanneur depuis de nombreuses années, ancienne responsable du comité de soutien du dep, et en perte de mobilité due à la progression de la sclérose en plaques qui affecte l’ensemble de ses capacités.

Ils se rencontrent lors d’un souper communautaire au dépanneur. Il s’aperçoit alors qu’elle est en chaise roulante et lui offre de l’assister.

Peu après, lorsqu’une partie de l’équipe du dep décide de se rendre au Forum social mondial à Montréal en été 2016, ils relèvent ensemble le défi d’y participer malgré les obstacles dus aux handicaps. Et l’on aperçoit le joyeux duo se rendre à diverses activités, surmontant les embûches et les nombreux problèmes de manque d’accessibilité.

Depuis, ils participent ensemble à divers événements. Il la transporte dans un véhicule adapté à toute heure du jour, hiver comme été, fait ses achats, lui fait assister par FaceTime à des présentations auxquelles elle ne peut se rendre en personne, et s’occupe de toutes sortes de petits problèmes comme appeler les pompiers lorsque son monte-personne reste coincé durant les grands froids.

De son côté, elle l’assiste dans une écoute à ses défis et orientations de vie. Une amitié unique d’attention à l’autre se tisse au travers des vulnérabilités partagées. Amitié qui persistera à distance, lui étant retourné récemment dans sa région natale de Québec.

Si nous racontons cette histoire en guise d’hommage, c’est qu’à notre avis elle illustre bien les “petits miracles du dépanneur”, lorsque dans une atmosphère de don et d’entraide, l’inespéré se réalise sans qu’on l’ai planifié!

Immergée dans la fluidité océane de la vie

Il me revient le souvenir lointain, et à la fois vif, d’une jeune artiste avec un grand sourire, elle se reconnaîtra peut-être.

Je l’ai rencontrée alors que j’étais impliqué dans un centre d’art, elle était à l’âge béni où l’on veut tout découvrir, où l’on est encore curieux de tout.

Je me souviens de lui avoir partagé ma propre passion de la photo au travers de quelques ateliers pratiques et séances de prises de vue.

J’aime cette image d’elle parce qu’elle représente bien sa proximité confiante avec la nature. Si je fais abstraction de la représentation de l’herbe, je la vois comme immergée dans une fluidité océane de la vie.

Ce qui évoque en moi sa passion pour les mammifères marins, passion qui lui fera quitter définitivement la région pour se rapprocher de ses amis aquatiques.

Mettre les mains dans la peinture!

Elle avait en tout premier pris bien soin d’enfiler tablier et gants pour éviter de se salir.

Et puis, après avoir copieusement inondé son œuvre de couleurs, après un temps d’arrêt, elle a résolument plongé ses mains nues dans la peinture fraîche!

Cette jeune participante à un atelier de création de fonds que je donnais m’a offert en retour, et sans le savoir, une leçon de vie.

On a beau vouloir tout planifier, tout évaluer et contrôler, il vient un temps où il est impérieux de plonger. C’est dans ce temps-là que surgit la véritable créativité, non pas celle qui est raisonnée et conditionnée par nos appréhensions, attentes ou jugements.


Aller au-delà des apparences, aller voir plus creux, plus profond!

J’avais expliqué aux enfants, durant l’atelier de création de fonds, qu’ils étaient encouragés à explorer les différents médiums, à les mélanger, et même à faire tout ce qu’on n’a pas le droit de faire à l’école, comme casser les crayons et se salir.

Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde.

Une des participantes à l’atelier se mit en tête d’ouvrir l’étui en plastique d’un gros surligneur jaune. Après bien des efforts, elle réussit à en extirper la feutrine imbibée d’encre et à répandre celle-ci sur une feuille de carton.

Puis, en continuant à fouiller dans les matières à recycler, elle découvrit un vieux téléphone portable. Après avoir demandé si elle pouvait l’ouvrir, elle s’empara d’un maillet et se mit en d’en briser l’étui protecteur.

Satisfaite d’avoir mis à jour la partie cachée du téléphone, elle imbiba celui-ci de colle blanche et décida de le coller en plein milieu de son œuvre.

Après réflexion, je me suis dit que ce qu’elle venait de faire était très intelligent! Si nous avions l’audace, comme elle l’a fait, d’enduire nos cellulaires et nos écrans de colle et de les fixer sur des feuilles de papier, peut-être qu’ils ne pourraient plus envahir nos vies.

Les chemins de fer de la migration

Touché par cette image d’un adolescent marchant seul sur une voie ferrée.

Combien de migrants ont-ils empruntés ce chemin étroit et intransigeant du déracinement de leur terre natale, avec pour seule destination un horizon improbable.

Le chemin de fer dit bien ce qu’il est, il est rigide, balisé par deux rails inflexibles.

Il ne s’agit pas d’un petit sentier qui folâtre aux travers des champs et des vergers, et qui a le loisir d’aller de découverte en découverte.

Le chemin de la migration s’avère également rectiligne, sans concession, le temps étant compté, pressé par les nécessités de survie. L’urgence de se rendre à bon port le plus rapidement possible, sans même savoir si cette destination existe vraiment ou si elle n’est que mirage sans cesse repoussé.

Les rails, les fossés entourant les voies ferrées, les ponts de métal, les agglomérations traversées qui n’affichent que le dos et les volets clos des maisons, tous sont impersonnels et froids, aucune terre d’accueil jusqu’à ce qu’enfin les migrants rencontrent des mains tendues, un gîte et de la nourriture pour les réconforter.

C’est une épreuve qui marque toute une vie et qui met notre humanité au défi.

La création au ras du sol

Parmi les activités spontanées qui ont vu le jour au dépanneur Sylvestre, il y a eu celle du dessin à la craie sur le trottoir.

Il y avait en permanence une boîte de craies, sur le côté juste à l’entrée du dépanneur.

Il y avait quelque chose de rafraîchissant de voir les enfants s’emparer de la boîte de craies et ressortir aussitôt pour grafigner le sol de formes et couleurs. Certains adultes suivaient.

Parfois de simples graffitis, d’autres fois des dessins plus élaborés, et avant tout ce geste de se pencher au plus bas vers le sol et de le marquer

J’avais l’image d’une créativité qui s’exprimait directement au ras du sol, sans filtres, sans attentes ni idées préconçues, tout à l’inverse de ce que j’avais rencontré en art contemporain.

À titre d’artiste professionnel en art contemporain, j’avais dû développer des approches de création beaucoup plus réfléchies, conceptuelles et dans lesquelles l’articulation de la démarche est primordiale, du moins si on veut être reconnu par les pairs et avoir accès aux systèmes de bourses. Même si j’étais en mesure de jouer le jeu, cela me faisait l’impression de vivre dans une bulle qui se maintenait dans des hauteurs intellectuelles, codées et balisées.

Vivre l’expérience du dépanneur m’a fait passer de ces hauteurs conceptuelles à l’expression au ras du sol. Merci pour ça!


Juste avant le geste de création

Il y a un instant qui m’est précieux, c’est celui de ce petit espace de temps en suspension, comme hors de toutes contingences, qui précède le geste de création.

Durant quelques secondes, tout l’être se met à l’écoute de l’inspiration intérieure, de ce qui veut s’exprimer.

J’adore discerner dans le regard de l’autre ce petit instant d’appel intérieur, cet instant de tous les possibles. Et puis, le souffle de l’inspiration surgit, et le geste de l’inscrire, de lui donner forme et corps sur la feuille ou sur le sol se manifeste.

Comment est-ce que la création du monde s’est faite, avant le fameux “Big Bang”, avant le surgissement de la volonté créatrice dans la matière? Est-ce qu’il y a eu un petit temps d’écoute intérieure, un inspir créateur?

À la rencontre de l’autre…

Apprivoiser l’autre que soi,

aller vers l’être non-connu,

et à plus forte raison,

lorsqu’il s’agit d’un animal,

trouver le langage silencieux,

qui permettra le dialogue

au-delà de la différence.



Les enfants s’y entendent,

étant naturellement doués,

pour ce qui semble parfois

insurmontable à l’adulte!

Illustrations : mes petites nièces apprivoisant des chevaux de passage lors de l’arrivée de cavaliers et cavalières nomades sur notre terre.

Qu’es-tu devenu?

Toi l’enfant que j’ai aperçu
aux frontières du désert.

J’ai entendu ton appel
dans le silence brûlant.

Ton regard a traversé mon cœur
et je ne peux plus t’oublier.

Pourquoi cette clôture qui nous sépare
et m’empêche de t’accueillir?

Et surtout,
d’où nous viennent ces nouvelles brumes tenaces
qui font que je ne te vois plus?
comme si tu n’existais plus…

“Banjo”, c’est quoi ton nom?

C’était dans les débuts du dépanneur Sylvestre.

Nous venions d’ouvrir la grande salle, et nous avions commencé à offrir des repas à contribution libre. Le mot s’était répandu assez rapidement. Un itinérant d’Ottawa, qui était déjà venu une fois, était revenu en amenant avec lui quelques compagnons de la rue.

Parmi eux, il y en avait un qui ne savait trop où se mettre. Visiblement timide, peut-être mal à l’aise, il était unilingue anglophone, et les autres autour de lui s’exprimaient en français.

Aussi il faisait gris et sombre, et pour tout dire, c’était une période difficile. nous en arrachions. La vente des produits de dépanneur était nettement insuffisante pour s’en sortir.

Toujours est-il qu’après un temps le groupe d’Ottawa a demandé à cet homme, qui ne savait toujours pas quoi faire de lui, de jouer. Après s’être fait prié à plusieurs reprises, il a fini par sortir son banjo. Il s’est assis, et sans nous adresser un seul regard ni un mot, il a commencé à jouer, comme s’il était tout seul au monde.

Et c’est là qu’un petit miracle s’est produit. L’atmosphère maussade a subitement été traversée d’une rivière de notes claires et enjouées, une lumière chaleureuse a fait irruption dans la salle.

Nous étions “de retour chez nous”, je veux dire non pas en découragement et en exil de notre raison d’être, mais bien dans cette fête des retrouvailles dans laquelle tout devient possible. C’est inexplicable, c’est comme si quelqu’un venait de nous sauver la vie.

“Banjo”, merci pour l’offrande joyeuse de tes doigts sur les cordes de ton instrument. Notre rencontre n’a duré que quelques portées de musique, mais je ne t’oublierai jamais. Et si un jour, tu te reconnais dans ce petit dessin-hommage, dis-moi ton nom pour que je puisses l’inscrire dans mon cœur à côté du surnom que je t’ai attribué!

Temps suspendu…

Il n’y a pas de mots pour décrire cet état là. C’est comme une brèche dans la linéarité du quotidien.

Le temps semble s’arrêter pour faire place à une autre dimension. Comme si les aiguilles de l’horloge suspendaient leur course pour faire place au mystère, et en même temps à la révélation de ce qui émerge de l’inconnu.

Les enfants sont naturellement plus doués pour rentrer dans cet état.

Pas descriptible, les mots manquent…

Premiers pas

Peu importe ce que l’on entreprend, ça commence toujours par des premiers pas…

Une image créée dans le cadre de la visite des ateliers d’artistes d’Arts visuels de Gatineau.

C’est drôle, je n’ai jamais participé à une tournée d’ateliers d’artistes, malgré toutes les opportunités qui se sont présentées. Un premier pas en ce sens…

La plupart du temps je dessine une image parce que d’une certaine façon je me reconnais en elle.

J’ai l’impression que je n’ai fait que ça dans ma vie : des “premiers pas”…

Des premiers pas hésitants, souvent maladroits. Peu importe le secteur d’activité. Toujours en train d’apprendre. Et reconnaître que j’ai besoin de personnes “plus grandes” qui m’ont précédées pour me tenir la main.

C’est toujours à recommencer, en particulier dans le domaine artistique. Et le plus difficile, c’est peut-être de désapprendre ce que l’on croit savoir.

En ce moment j’apprends à faire mes premiers pas sur le chemin d’une plus grande simplicité, avec moins de prétention.

Sur ce chemin, ce sont les petits enfants qui nous précèdent, avec brio. Il y a tant et tant à apprendre d’eux.

Nous prétendons leur apprendre à vivre en ce monde, ce que nous réussissons que bien maladroitement. Tandis que eux, les petits enfants, nous apprennent la manière de renaître à notre véritable raison d’être, dans la joie et la simplicité.

Merci à l’amie qui a pris la photo dont je me suis inspiré, et merci à la petite qui me réapprends en ce jour à marcher sur le chemin de la vie.

Complicité dans l’herbe

Dans la série “Instantanés de vie”, voici une nouvelle estampe numérique d’après une photo que j’ai prise il y a longtemps de la complicité entre deux cousines. (voir “Instant de repos dans l’herbe” au https://lepetitparc.ca/manu/2022/06/02/instant-de-repos-dans-lherbe/ )

Le procédé de création est très ludique. J’y vais par étapes, exactement comme pour une estampe. Je commence par un dessin simplifié pour aller chercher les grandes lignes et l’expression des sujets avec un minimum de traits :

Ensuite j’essaye de répartir les valeurs lumineuses en utilisant uniquement des noirs et des blancs :

Puis j’adoucis les contrastes en “imprimant” l’estampe au moyen de textures :

Et enfin j’ajoute une deuxième couleur d’encre et quelques hachures pour rehausser le tout.

C’est une image qui n’a aucune intention ni aucune prétention.

Il me semble essentiel de faire régulièrement des images totalement gratuites, telles que celle-ci, sans intentions ni message, en embrassant un sujet dans la plus grande simplicité.

Cette gratuité donne plus d’espace pour explorer de nouvelles aventures graphiques que lorsqu’on travaille pour rendre des concepts, avec souvent beaucoup d’attentes de résultats.

Entre naufrage et sauvetage

Illustration inspirée d’un portrait de migrant du photojournaliste César Dezfuli

Nous sommes en Méditerranée.

Une embarcation chargée de migrants est à la dérive. Sur le navire qui se porte à sa rescousse se trouve un photojournaliste, César Dezfuli.

Au lieu de couvrir le drame collectif qui se déroule devant lui, César décide de passer deux minutes avec chacun des rescapés et de prendre des photos de chacun d’entre-eux, tels qu’ils sont, avec pour unique arrière-plan la mer qui s’étend jusqu’à l’horizon. Toujours en prenant bien soin de consigner précieusement leur nom.

C’est ce qu’on pourrait appeler un journalisme de cœur, beaucoup plus attentif à la personne qu’à l’aspect médiatique de l’événement. Les médias se préoccupant habituellement plus souvent du sensationnalisme de la situation ou du décompte du nombres de victimes.

Ce que César a réussi à capter, au travers de son appareil photo, c’est la présence de chacun face à l’inconnu, dans cette extrême vulnérabilité d’avoir tout quitté, d’avoir tout perdu, et de ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Entre naufrage et sauvetage…

Une chose reste profondément signifiante, au-delà du portrait global que l’on peut tenter de se faire d’une situation à grand renfort de statistiques : la rencontre avec la personne.

C’est ce à quoi César Dezfuli nous convie au travers de sa série de photos de migrants.

Pour visionner les photos de la série « Passengers » de César Dezfuli :
http://www.cesardezfuli.com/passengers

Au début, aucun média n’a voulu publier les portraits de migrants de César, jusqu’à ce qu’il remporte un concours. Lire l’histoire :
https://fr.canon.ch/pro/stories/cesar-dezfuli-migrants/

En apprendre plus sur le site de César :
http://www.cesardezfuli.co

Cet article a été précédemment publié sur le site des Antennes de paix

Entre crainte et désir

Quand ma fille était beaucoup plus petite, elle était très allergique aux chats. Et pourtant elle les adorait.

En particulier, lorsqu’elle apercevait de petits chatons, elle avait un irrésistible désir de les flatter. Et en même temps tout son corps traduisait la nécessité de se protéger d’une possible crise d’allergie ou d’asthme.

C’est cette tension que j’ai voulu traduire dans cette image réalisée d’après une photo que j’avais prise d’elle à l’époque.

Offrir l’abondance,…malgré le manque de moyens.

Dans les débuts du dépanneur Sylvestre, nous avons offert jusqu’à une dizaine de repas par semaine, tous à contribution volontaire. Soit cinq repas du midi et quatre soupers en semaine, en plus du brunch du dimanche! Le tout sans subventions.

Très souvent la balance entre le montant des contributions volontaires et celui des dépenses en aliments pour le repas était déficitaire. À tel point qu’il nous arrivait fréquemment de commencer un souper les armoires vides, en se demandant comment nous allions faire pour avoir assez de nourriture afin de servir une quarantaine de personnes.

Et pourtant, nous nous mettions quand même à l’œuvre, en récoltant tout ce qu’on pouvait trouver dans la cuisine. Et presque immanquablement, une fois que la préparation était engagée, il se passait quelque chose, d’autres personnes et ressources arrivaient, et en fin de compte nous en avions assez pour nourrir en abondance toutes les personnes qui se présentaient!

Sur l’illustration, deux jeunes volontaires se préparant à servir des plats de fruits en guise de dessert. Elles se reconnaîtront peut-être!


Une place où prendre sa place!

La raison d’être du dépanneur a fluctué en fonction des circonstances et des rencontres.

Au tout début, alors que nous nous limitions à rester présents en arrière du comptoir-caisse de notre petit dépanneur de quartier, notre seule et unique “mission” demeurait d’être à l’écoute.

Et effectivement, cela répondait manifestement à un besoin, parce que beaucoup de “clients” partageaient leur vécu lors de leurs achats.
Puis nous nous sommes très rapidement rendus compte que cette écoute n’était pas suffisante face aux détresses qui nous étaient confiées, et en particulier celle de l’isolement social. Ce pourquoi nous avons cherché des façons d’intégrer les personnes les plus marginalisées dans nos activités.

La devise du dépanneur est alors devenue :
“Une place où prendre sa place!”

Cette période a signé les débuts de la mission d’inclusion du dépanneur. Des personnes de toutes conditions, expérience de vie et culture ont commencé tout naturellement à s’intégrer dans les activités du dépanneur.

Ensuite une jeune femme (représentée sur l’image, elle se reconnaitra sans doute), nous a demandé si nous accepterions de la prendre dans un programme officiel d’inclusion. Nous avons fait toutes les démarches nécessaires pour pouvoir répondre à sa demande.

C’est ainsi que nous avons créé l’organisme sans but lucratif le “DEP” (pour Dépannage-Entraide-Partage) afin de répondre à diverses sollicitations d’organismes partenaires.