Dans la série “Instantanés de vie”, voici une nouvelle estampe numérique d’après une photo que j’ai prise il y a longtemps de la complicité entre deux cousines. (voir “Instant de repos dans l’herbe” au https://lepetitparc.ca/manu/2022/06/02/instant-de-repos-dans-lherbe/ )
Le procédé de création est très ludique. J’y vais par étapes, exactement comme pour une estampe. Je commence par un dessin simplifié pour aller chercher les grandes lignes et l’expression des sujets avec un minimum de traits :
Ensuite j’essaye de répartir les valeurs lumineuses en utilisant uniquement des noirs et des blancs :
Puis j’adoucis les contrastes en “imprimant” l’estampe au moyen de textures :
Et enfin j’ajoute une deuxième couleur d’encre et quelques hachures pour rehausser le tout.
C’est une image qui n’a aucune intention ni aucune prétention.
Il me semble essentiel de faire régulièrement des images totalement gratuites, telles que celle-ci, sans intentions ni message, en embrassant un sujet dans la plus grande simplicité.
Cette gratuité donne plus d’espace pour explorer de nouvelles aventures graphiques que lorsqu’on travaille pour rendre des concepts, avec souvent beaucoup d’attentes de résultats.
Une embarcation chargée de migrants est à la dérive. Sur le navire qui se porte à sa rescousse se trouve un photojournaliste, César Dezfuli.
Au lieu de couvrir le drame collectif qui se déroule devant lui, César décide de passer deux minutes avec chacun des rescapés et de prendre des photos de chacun d’entre-eux, tels qu’ils sont, avec pour unique arrière-plan la mer qui s’étend jusqu’à l’horizon. Toujours en prenant bien soin de consigner précieusement leur nom.
C’est ce qu’on pourrait appeler un journalisme de cœur, beaucoup plus attentif à la personne qu’à l’aspect médiatique de l’événement. Les médias se préoccupant habituellement plus souvent du sensationnalisme de la situation ou du décompte du nombres de victimes.
Ce que César a réussi à capter, au travers de son appareil photo, c’est la présence de chacun face à l’inconnu, dans cette extrême vulnérabilité d’avoir tout quitté, d’avoir tout perdu, et de ne pas savoir de quoi sera fait demain.
Entre naufrage et sauvetage…
Une chose reste profondément signifiante, au-delà du portrait global que l’on peut tenter de se faire d’une situation à grand renfort de statistiques : la rencontre avec la personne.
C’est ce à quoi César Dezfuli nous convie au travers de sa série de photos de migrants.
Pour visionner les photos de la série « Passengers » de César Dezfuli : http://www.cesardezfuli.com/passengers
Au début, aucun média n’a voulu publier les portraits de migrants de César, jusqu’à ce qu’il remporte un concours. Lire l’histoire : https://fr.canon.ch/pro/stories/cesar-dezfuli-migrants/
En apprendre plus sur le site de César : http://www.cesardezfuli.co
Cet article a été précédemment publié sur le site des Antennes de paix
Quand ma fille était beaucoup plus petite, elle était très allergique aux chats. Et pourtant elle les adorait.
En particulier, lorsqu’elle apercevait de petits chatons, elle avait un irrésistible désir de les flatter. Et en même temps tout son corps traduisait la nécessité de se protéger d’une possible crise d’allergie ou d’asthme.
C’est cette tension que j’ai voulu traduire dans cette image réalisée d’après une photo que j’avais prise d’elle à l’époque.
Dans les débuts du dépanneur Sylvestre, nous avons offert jusqu’à une dizaine de repas par semaine, tous à contribution volontaire. Soit cinq repas du midi et quatre soupers en semaine, en plus du brunch du dimanche! Le tout sans subventions.
Très souvent la balance entre le montant des contributions volontaires et celui des dépenses en aliments pour le repas était déficitaire. À tel point qu’il nous arrivait fréquemment de commencer un souper les armoires vides, en se demandant comment nous allions faire pour avoir assez de nourriture afin de servir une quarantaine de personnes.
Et pourtant, nous nous mettions quand même à l’œuvre, en récoltant tout ce qu’on pouvait trouver dans la cuisine. Et presque immanquablement, une fois que la préparation était engagée, il se passait quelque chose, d’autres personnes et ressources arrivaient, et en fin de compte nous en avions assez pour nourrir en abondance toutes les personnes qui se présentaient!
Sur l’illustration, deux jeunes volontaires se préparant à servir des plats de fruits en guise de dessert. Elles se reconnaîtront peut-être!
Une place où prendre sa place!
La raison d’être du dépanneur a fluctué en fonction des circonstances et des rencontres.
Au tout début, alors que nous nous limitions à rester présents en arrière du comptoir-caisse de notre petit dépanneur de quartier, notre seule et unique “mission” demeurait d’être à l’écoute.
Et effectivement, cela répondait manifestement à un besoin, parce que beaucoup de “clients” partageaient leur vécu lors de leurs achats. Puis nous nous sommes très rapidement rendus compte que cette écoute n’était pas suffisante face aux détresses qui nous étaient confiées, et en particulier celle de l’isolement social. Ce pourquoi nous avons cherché des façons d’intégrer les personnes les plus marginalisées dans nos activités.
La devise du dépanneur est alors devenue : “Une place où prendre sa place!”
Cette période a signé les débuts de la mission d’inclusion du dépanneur. Des personnes de toutes conditions, expérience de vie et culture ont commencé tout naturellement à s’intégrer dans les activités du dépanneur.
Ensuite une jeune femme (représentée sur l’image, elle se reconnaitra sans doute), nous a demandé si nous accepterions de la prendre dans un programme officiel d’inclusion. Nous avons fait toutes les démarches nécessaires pour pouvoir répondre à sa demande.
C’est ainsi que nous avons créé l’organisme sans but lucratif le “DEP” (pour Dépannage-Entraide-Partage) afin de répondre à diverses sollicitations d’organismes partenaires.