Émergée des eaux tumultueuses

J’ai dessiné cette image parce qu’elle me parle beaucoup.
D’un côté il y a le déferlement des eaux tumultueuses, et de l’autre côté il y a la personne qui en émerge.

Cela me rappelle que nous sommes toutes et tous, à un moment ou un autre de notre vie, emportés par des émotions tumultueuses qui font que nous nous sentons perdus, mélangés, dans la confusion.

Et souvent, ça ne sert à rien de se battre avec les vagues et remous des ressentis mouvants et contradictoires. C’est plutôt en s’intériorisant qu’il y a moyen d’aller chercher un peu plus de paix.

Cette image m’a en particulier fait penser à cet âge charnière où nous passons de l’enfance à l’adolescence. Que l’on soit garçon ou fille, que d’agitation et de confusion! Et pourtant quand nous cherchons notre propre vérité et authenticité à l’intérieur de nous, nous en ressortons grandis, plus clairs et raffermis dans nos propres orientations, desquelles émergera par la suite notre direction de vie.

Un grand merci à la jeune personne qui a inspiré ce dessin ainsi qu’à sa mère qui l’a photographiée, vous m’avez offert un beau sujet de méditation!


Ce dessin fait partie d’une série intitulée “les photos de mes ami-e-s sont mes amies”, dans laquelle je mets en valeur de simples instants de vie du quotidien saisis par l’objectif de personnes que j’ai rencontrées.

Légendes vivantes

Au dep Sylvestre, il y a eu plein de personnes invisibles qui ont œuvré dans l’ombre sans que presque personne les remarquent. Et pourtant, certaines de ces personnes sont devenues des légendes vivantes au travers de tous les petits services qu’ils ont offerts avec une extraordinaire persévérance.

C’est le cas de celui qui pendant des années et de sa propre initiative, s’est évertué à venir vider les gros sacs de déchets organiques qui sortaient de la cuisine, à les transporter dans son sac à dos ou dans une brouette, et à recycler cette précieuse matière sous forme de compost pour la plus grande joie des jardins et potagers des alentours.
À tel point qu’il a fini par se faire appeler “Monsieur Compost” (il se reconnaîtra)!

Chapeau bas Monsieur recyclage, toute notre gratitude, vous avez été un véritable et humble pionnier en la matière, bien avant que cela devienne à la mode. Et avec le retour du beau temps, il doit y avoir beaucoup de bonnes terres enrichies par vos bons soins qui sans doute ont une pensée émue à votre souvenir!


Permettez-moi de vous dire aussi quelques mots à propos de celui que j’appellerais affectueusement “L’homme aux papillons”! (Il aimait beaucoup sculpter dans le bois des papillons aux ailes multicolores)

“L’homme aux papillons” avait un handicap. Tombé d’un cheval quand il était petit, il lui en restait des séquelles. Ce qui ne l’empêchait pas d’être extrêmement fidèle en amitié et persévérant dans ses initiatives. Un magnifique exemple de cette persévérance me revient sans cesse.

Il assistait parfois aux réunions d’équipe du dépanneur, même s’il ne saisissait pas toujours ce dont nous parlions. Lors de l’une de ces réunions, il comprit que nous avions un problème : l’absence de plancher dans la grande salle communautaire. Seules de vieilles feuilles de contreplaqué abîmées recouvraient le sol en béton, feuilles sur lesquelles les enfants pouvaient à tout moment, en jouant, se blesser avec des échardes.

Un ami du dépanneur avait tenté de nous aider en récupérant des planches de bois franc dans une maison qui avait été inondée. Mais nous avions vite déchanté, parce que toutes les planches qui avaient été sommairement arrachées du sol étaient traversées d’impressionnantes broches en métal que personne d’entre-nous ne parvenait à retirer, tant elles étaient profondément ancrées dans le bois franc. Nous avions donc remisé ces planches au sous-sol.

Plusieurs semaines après cette rencontre, nous nous aperçûmes que notre “homme aux papillons”, sans dire un mot à personne, passait le plus clair de ses journées assis dans le sous-sol sous la faible lumière d’une ampoule, à retirer les broches une à une des planches. Il s’était armé d’une minuscule pince, et, ne me demandez pas comment, à force de zigonner après les broches métalliques, il parvenait à les extraire. C’est ainsi que quelques mois après, après un extraordinaire jeu de patience de notre ami, nous avons pu installer un plancher de bois franc dans la salle communautaire. Un véritable miracle!

Comme nous l’avons maintes fois constaté dans cette initiative communautaire, les personnes qui semblent parfois les plus dysfonctionnelles ou handicapées au regard de la société, recèlent de dons et de capacités insoupçonnés.

L’homme aux papillons était de ceux-là, et toutes les personnes qui l’ont fréquenté reconnaissent avoir beaucoup appris de lui.

Un matin, il est tombé de sa chaise, comme il était bien des années plus tôt tombé d’un cheval. Son cœur a tout simplement cessé de battre en ce monde.

Dans les apparences seulement, car son cœur continue de vivre en celles et ceux qu’il a aimé et dont il se savait aimé. Et surtout, libéré des limitations qui ont entravé sa vie sur terre, je suis persuadé que ses ailes de papillon se sont maintenant pleinement déployées à la façon des ces splendides monarques qu’il admirait!

Quelques papillons sculptés par “l’homme aux papillons”

Nous l’aurions fêté en ce 24 juin, je suis honoré de l’avoir eu comme coloc!

Temps de pause au dépanneur

Pause BD

Il y avait, dans un des coins de la grande salle du dépanneur Sylvestre, un petit espace dédié à la lecture :

Une petite bibliothèque, une plante verte, une lampe sur pied et de quoi s’installer confortablement.

Quelques uns d’entre-nous avaient offert l’intégralité de leur collection personnelle de livres, entre autres des ouvrages sur l’alimentation et la santé. Mais ce qui a rencontré le plus grand succès, c’est la section bande dessinée!

Ce petit coin BD est devenu rapidement un oasis d’intériorité et de tranquillité.

Par la suite, un nombre croissant de personnes ont commencé à emprunter les volumes pour les lire chez eux, jusqu’à ce que ces BD du dep finissent par agrémenter progressivement leur propre collection personnelle. Le dépanneur aura ainsi contribué, sans l’avoir cherché, au rayonnement de la bande dessinée francophone en Outaouais!

Ce coin de lecture était également le lieu où était situé le téléphone public, ce qui en faisait la “boite téléphonique” la plus confortable du quartier. Les résidents des alentours et les clients du dépanneur n’hésitaient pas à s’y installer pour de longues conversations!


Pause tendresse

Dans les débuts du dépanneur Sylvestre, nous assurions la permanence sur le plancher durant de très longues heures, près de 14h par jour, 7 jours sur 7. D’où une certaine fatigue, que nous ressentions en particulier durant les périodes creuses.

Il y avait un sofa dans un coin de la grande salle, et il arrivait que l’une d’entre-nous s’y installe pour reprendre son souffle. Et quand il y avait une ou deux autres bénévoles qui voulaient également s’y reposer, nous n’avions pas d’autres choix que de se coller un peu.

Parfois ces pauses nous permettaient d’exprimer un peu ce que nous vivions, entre autres un certain découragement dans les périodes les plus difficiles. Il arrivait alors que des gestes de réconfort et de tendresse soient spontanément partagés pendant quelques instants.


La nuit dans le métro, sous les bombardements

Trois fillettes de notre région prennent le temps, en s’inspirant de photos de presse, de reconstituer et d’interpréter une scène vécue durant la guerre.

Celle-ci se déroule la nuit, dans une gare de métro, alors que les bombardements font rage à l’extérieur.

Les trois enfants tentent de retrouver le sommeil, enroulées dans quelques couvertures, à même le sol, alors que l’anxiété tiennent les parents en éveil.


Enfants solidaires

Cette image est la première d’une série intitulée “Enfants solidaires”.

Nous invitons les familles et les enfants à participer à ce geste de solidarité avec les détresses qui se vivent quotidiennement dans le monde.

En résumé, nous envoyons de temps en temps aux familles et aux groupes d’enfants volontaires un document regroupant des images à propos d’une situation de détresse vécue quelque part dans le monde. Par solidarité, les enfants ( et grands enfants) reconstituent la scène selon leur interprétation et avec leurs propres moyens.

L’adulte qui les accompagne prend des photos et nous les envoie, avec le cas échéant les témoignages de ce que les enfants ont ressenti. Nous en faisons des tracés simplifiés que nous partageons avec celles et ceux qui veulent les dessiner et les mettre en couleurs. Les dessins peuvent ensuite être partagés.

Fillette en détresse se réfugiant auprès de son animal en peluche

De la couleur dans ma vie…

Mon unique descendant et petit fils, représenté ici en compagnie de ses demi sœurs, a mis de la couleur dans ma vie, …ainsi que dans mon arbre généalogique, j’en suis bien fier!

Rien n’est pour rien, tout a ultimement un sens, je suis né sur le continent africain, et j’ai maintenant l’Afrique dans le sang, …et dans mon cœur!

J’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont rehaussé, de leur propre “couleur ethnique ou culturelle”, la palette de mon coeur: Christian, Yaba, Djalil, Elie James, Fernand, Élage, Shiva, Yao, Daniel K., Louis Guillaume, Dubert, Hamid, Giovanni, Danny, Suzanne, Omar, Ahmad, Abdourahman et sa famille, Abbas, Youssou, Alassane, Ousmane, Joseph, Ferdinand, Lona, Mansour, Coraline, Hayet, Kounlayvanh, Trinh, Marie-Claude N., Denis, Thierry, Alfonso, Zoraida, Luis, Lizandro, Rosa, Myriam, Ramiro, Patricio, Ramon, Patricia, Eda, Gloria, Aymara, Miguel, et tellement d’autres!

J’oubliais le plus important:
… Je vous aime!


Cette série, intitulée “Famille de cœur”, rend hommage à la profondeurs des liens familiaux, liens qui se tissent et s’élargissent sans cesse, jusqu’à embrasser la grande famille humaine.

Instant de repos dans l’herbe

J’inaugure, avec cette image, une nouvelle catégorie de dessins intitulée : “Instantanés de vie”. Cette série est entièrement réalisée d’après des photos que j’ai prises, ou que d’autres m’ont confiées.

Traités comme des gravures ou des estampes numériques, les images de cette série sont comme autant de petits instants de vie, pris sur le vif, dans la gratitude et la gratuité, sans autres raisons que de témoigner de la présence des personnes et de la vie.

N’ayant rien à dire d’autre que ce que l’image représente, cette série ne s’accompagnera généralement que de très peu de mots.

Ces images qui parlent pour elles-mêmes sont également publiées sur Instagram.

Gagnant ou perdant?

J’ai fait récemment quelques dessins en solidarité avec les victimes civiles de la guerre.

Une amie m’a dit : “Pourquoi est-ce que tu ne dessines pas aussi des soldats? Eux aussi vivent intérieurement la détresse des conflits armés!”
Je reconnais que c’est totalement vrai, c’est facile de considérer l’ensemble des soldats comme des pions déshumanisés, alors que derrière leurs armes, sous leur casque et dans leur char d’assaut il y a aussi des cœurs qui battent.

Il me semble que tout le monde est d’une façon ou d’une autre perdant dans une guerre, peut-être en tout premier parce c’est une forme d’échec. Échec de la paix en tout cas.

Les analystes nous expliquent qu’en politique il est vital pour les belligérants de “gagner la guerre”. Un chef d’état considère qu’il a gagné la guerre lorsqu’il réussi à écraser son opposant. Mais à quel prix et avec combien de pertes?

Pour l’ensemble de la population et des simples soldats, la guerre a un goût amer.

Illustrations inspirées de photos trouvées sur le web.

Plein d’espace pour la spontanéité

Dans les débuts, lors de la création du dépanneur Sylvestre, il n’y avait pas grand chose de véritablement “calculé”.

Bien sûr, au quotidien, nous avions un horaire et des activités régulières, tels la production alimentaire et les soupers. Mais ce qui faisait la vitalité du dep, c’était un débordement d’initiatives spontanées que personne n’avait planifiées.

Tout en maintenant une structure de base, cela faisait partie de la culture organisationnelle de laisser beaucoup d’espace à la spontanéité.
Sur l’image, un habitué du dépanneur Sylvestre improvise en avant de la façade.

Sur le panneau d’affichage, on peut lire la slogan de cette époque : “Les mains à la pâte!” soulignant la participation aux activités de transformation agro-alimentaire du dep.

En dessous, un aperçu de la mission telle qu’elle se vivait à ce moment là :
“…pour retrouver le sens profond de la solidarité, de l’entraide et du don de soi”, ce qui ne se limitait pas uniquement aux activités locales.

Au dépanneur Sylvestre, les plus belles rencontres se faisaient souvent en marge des activités que nous avions planifiées!

Dans le sens que la magie ne tenait pas tant à notre capacité d’organiser tel ou tel autre événement, mais bien à l’ampleur de l’espace et du temps qui entourait cette activité, favorisant toutes sortes d’imprévus.

Un bon exemple : les brunchs du dimanche matin, Une activité populaire qui attirait des personnes de tous les horizons. Même si le buffet servi était très généreux, le plus beau se passait souvent en marge du brunch lui-même, particulièrement durant la belle saison.

L’intérieur, comme l’extérieur du dépanneur, se transformait alors en espace récréatif. Les enfants s’en donnaient à cœur joie, entrainant les adultes dans leurs jeux.

Même du côté de la face nord du dep, moins fréquentée.
Il y avait là une ancienne trappe, peinte en orange, qui servait antérieurement à livrer les caisses directement dans le sous-sol du dépanneur. Les usagers du dep, ainsi que les enfants en quête d’un peu de tranquillité, se retrouvaient fréquemment en ce lieu.

Ici, un des “bébés” du dep (elle venait de naître lors de l’ouverture du dépanneur), entraîne une des habituées des brunchs dans l’espace imaginaire des jeux de l’enfance. Quelques petites roches, ramassées à même le gravier du sol, devenant les personnages d’un extraordinaire récit.