Les chemins de fer de la migration

Touché par cette image d’un adolescent marchant seul sur une voie ferrée.

Combien de migrants ont-ils empruntés ce chemin étroit et intransigeant du déracinement de leur terre natale, avec pour seule destination un horizon improbable.

Le chemin de fer dit bien ce qu’il est, il est rigide, balisé par deux rails inflexibles.

Il ne s’agit pas d’un petit sentier qui folâtre aux travers des champs et des vergers, et qui a le loisir d’aller de découverte en découverte.

Le chemin de la migration s’avère également rectiligne, sans concession, le temps étant compté, pressé par les nécessités de survie. L’urgence de se rendre à bon port le plus rapidement possible, sans même savoir si cette destination existe vraiment ou si elle n’est que mirage sans cesse repoussé.

Les rails, les fossés entourant les voies ferrées, les ponts de métal, les agglomérations traversées qui n’affichent que le dos et les volets clos des maisons, tous sont impersonnels et froids, aucune terre d’accueil jusqu’à ce qu’enfin les migrants rencontrent des mains tendues, un gîte et de la nourriture pour les réconforter.

C’est une épreuve qui marque toute une vie et qui met notre humanité au défi.

Entre deux mondes…

Illustration inspirée d’un cliché du photographe Ryan Remiorz – Un grand merci au photographe ainsi qu’à son jeune sujet!

J’ai dessiné cette image parce qu’elle me touche personnellement. Je me reconnais en cet adolescent.

À son âge, je me retrouvais entre deux mondes, doublement déraciné de mon continent d’origine, en rupture de communauté et de culture, en apprivoisement d’un nouveau pays, et surtout avec un immense vide de sens. je ne parvenais pas à entrevoir l’avenir, si ce n’est sous forme de rêves inaccessibles.

Je passais énormément de temps dans ma chambre, ayant pour tout meuble un simple matelas à terre et un sac de couchage, à attendre…

Attendre quoi? Que le souffle passe, qu’une direction se précise, de retrouver un élan pour quelque chose, peu importe quoi…

En phase de transition, ayant quitté l’ancien mais n’étant pas encore vraiment partie prenante du nouveau.

Le déracinement d’une terre natale et la migration vers un autre continent laissent des traces, marquent une vie.

Heureusement, il y avait déjà le dessin qui ouvrait à un autre possible, à une dimension qui transcendait et réconciliait cet écartèlement entre deux mondes.

Et comme pour le jeune homme sur l’image, les murs de ma petite chambre étaient couverts de graffitis.

Cette impression de vivre entre deux mondes m’a poursuivi toute ma vie, et probablement que cela m’a amené vers une sensibilité à ce qui est vécu bien au-delà des frontières!

j’ai commencé jeune à copier des scènes de vie provenant d’un peu partout sur la planète. Tendance qui s’est confirmée avec le temps au travers de mon implication dans des initiatives comme Antennes de paix et Messages sans frontières.

J’inaugure aujourd’hui sur ce site une série d’images de divers pays que vous retrouverez dans la catégorie « Autour du monde ».