L’espace de tous les possibles…

Le jour même de l’achat du fond de commerce du dépanneur Sylvestre, la grande salle désaffectée du local d’à côté suscitait déjà notre attention!

En fait, la présence de ce local vide juste à côté du petit dépanneur de quartier a été déterminant dans notre décision d’acheter.

Quelques mois plus tard suivant l’acquisition du fond de commerce, notre propriétaire, M. Desrosiers, nous prêtait gracieusement la salle à condition de la rénover.

C’était un ancien entrepôt de légumes. L’espace était abandonné depuis un certain temps, les murs étaient jaunis et décrépis, le sol était recouvert de morceaux de contreplaqué rugueux. Les fenêtres étaient recouvertes de papier brun. Un éclairage blafard au néon plombait la salle.

Réunion dans la grande salle communautaire du dépanneur Sylvestre sur la rue Fortier, dans les tout débuts.

Et surtout, il faisait très froid. Nous avions quand même décidé de tenir une première réunion dans cette salle, munis de nos manteaux et d’une chaufferette. Question de savoir comment nous allions faire pour la rendre habitable.

Sauf qu’après s’être cotisé pour acheter le fond de commerce du dépanneur, il ne nous restait plus un sou en poche.

C’était le tout début de ce qui est devenu une épopée de mobilisation communautaire!

Trimballer ses sacs avec soi…

Touché par cette image d’un migrant transportant avec lui deux gros sacs dans lequels il a mis à la hâte ce qui lui paraissait le plus important à emporter avant de quitter son pays.

Deux sacs qu’il traine depuis, jour après jour, tout le long du chemin, avec peine et dans la sueur.

Je me reconnais dans ce migrant, combien de gros et pesants sacs me suis-je obstiné à porter durant tant d’années? Avais-je l’impression que c’était là ma raison d’être : Prendre sur mon dos tout ce qui est lourd à porter?

Est-par peur de perdre et de manquer?

Quand ma famille a immigré, j’étais un jeune ado. Nous n’avions avec nous que nos bagages personnels, presque rien. Sensation de vide, comme si tout était à recommencer. Le déracinement social et culturel était encore plus marquant. C’est un vécu qui laisse des traces…


Image librement inspirée dune photo de presse trouvée sur le web (je n’ai pas trouvé le nom de l’auteur de la photo, ni celle de l’homme aux sacs).

De retour à la maison…

Illustration inspirée d’une photo prise en Roumanie par le photographe Sean Gallup

J’ai le souvenir particulièrement vif du retour au domicile familial à la brunante.

Nous habitions un petit village isolé dans la montagne et les enfants étaient libres d’aller et venir un peu partout sans être accompagnés. Tant que nous revenions pour une certaine heure en début de soirée, nos parents ne se soucaient pas trop.

Ce retour prenait encore plus de valeur lorsqu’il nous arrivait de prendre par la main un plus jeune et de l’encourager à marcher le dernier kilomètre qui nous séparait de la maison.

Aujourd’hui, je retrouve encore le même réconfort à tout simplement revenir chez nous le soir, même en voiture.

C’est extraordinaire cette possibilité qu’a l’être humain de revenir à un chez soi, à un port d’attache, à une maison familiale, de retour d’une sortie ou d’un long voyage.

Peu importe que cette maison soit un palace, une hutte de terre ou une tente, c’est la gratitude de retrouver les bras maternels d’un abri, d’un lieu où se déposer, d’un havre d’intériorité.

La maison, dans son enceinte intérieure, nous invite aussi à des retrouvailles avec nos proches et nous-mêmes. Elle devient alors une arche de réconciliation et d’apaisement.

En souhaitant, à toutes les personnes sur terre qui vivent une épreuve, souvent éloignées de leur domicile, qu’il leur soit possible de vivre ce “retour à la maison” le plus rapidement possible!


Entre deux mondes…

Illustration inspirée d’un cliché du photographe Ryan Remiorz – Un grand merci au photographe ainsi qu’à son jeune sujet!

J’ai dessiné cette image parce qu’elle me touche personnellement. Je me reconnais en cet adolescent.

À son âge, je me retrouvais entre deux mondes, doublement déraciné de mon continent d’origine, en rupture de communauté et de culture, en apprivoisement d’un nouveau pays, et surtout avec un immense vide de sens. je ne parvenais pas à entrevoir l’avenir, si ce n’est sous forme de rêves inaccessibles.

Je passais énormément de temps dans ma chambre, ayant pour tout meuble un simple matelas à terre et un sac de couchage, à attendre…

Attendre quoi? Que le souffle passe, qu’une direction se précise, de retrouver un élan pour quelque chose, peu importe quoi…

En phase de transition, ayant quitté l’ancien mais n’étant pas encore vraiment partie prenante du nouveau.

Le déracinement d’une terre natale et la migration vers un autre continent laissent des traces, marquent une vie.

Heureusement, il y avait déjà le dessin qui ouvrait à un autre possible, à une dimension qui transcendait et réconciliait cet écartèlement entre deux mondes.

Et comme pour le jeune homme sur l’image, les murs de ma petite chambre étaient couverts de graffitis.

Cette impression de vivre entre deux mondes m’a poursuivi toute ma vie, et probablement que cela m’a amené vers une sensibilité à ce qui est vécu bien au-delà des frontières!

j’ai commencé jeune à copier des scènes de vie provenant d’un peu partout sur la planète. Tendance qui s’est confirmée avec le temps au travers de mon implication dans des initiatives comme Antennes de paix et Messages sans frontières.

J’inaugure aujourd’hui sur ce site une série d’images de divers pays que vous retrouverez dans la catégorie « Autour du monde ».

Seule à jouer sa petite musique…

Une fillette marche dans la rue, toute seule, un petit accordéon entre les mains.

Cette image me touche beaucoup. Je ne sais pas encore pourquoi.

Je suppose que d’une façon ou d’une autre je me reconnais en cette petite fille.

C’est tout à fait personnel, sans doute que je trouve triste le fait de ne jouer sa petite mélodie que pour soi-même. Je reconnais que ce qui fait vivre mon âme, c’est d’abord le partage avec les autres.


L’illustration a été réalisée d’après un cliché d’un artisan-photographe méconnu.

Cet amateur n’a photographié avant tout que pour lui-même, n’imprimant même pas ses négatifs. Il n’en éprouvait sans doute pas le besoin. Il devait trouver sa joie dans le fait de saisir des instants de lumière glanés dans les rues. C’était un moissonneur!

De mon côté, je trouve une certaine joie à offrir une visibilité à l’oeuvre de ces photographes-moissonneurs méconnus, en prenant le temps de dessiner leurs photos, ce qui pour moi est une façon de leur rendre hommage.

Raconter le dépanneur Sylvestre

Imaginez si votre dépanneur (ou épicerie) du coin se transformait, pour devenir un espace où le mot « dépanner » prend tout son sens, un mobilisateur d’entraide collective et de solidarité au-delà des frontières, un lieu de rencontre et d’inclusion accessible à toutes et à tous sans discrimination. 

Activité de rue au dépanneur Sylvestre lors d’une fête de quartier

Le dépanneur Sylvestre est une initiative citoyenne d’entraide, de solidarité et d’inclusion qui a vu le jour en 2002 à Gatineau.

En résumé, l’histoire du « dep », c’est plus de 10 000 soupers et brunchs à contribution libre servis à des tables communes où se côtoient toutes les couches de la société, au-delà d’un millier de soirées-spectacles, conférences, rencontres thématiques, présentations de films, ateliers divers, célébrations ou autres événements à portée sociale et culturelle, tous à entrée libre, ainsi que plusieurs activités orientées vers l’alimentation saine, une petite friperie, diverses formes d’assistance et petits dépannages, …et tout cela sans subvention au fonctionnement.

Raconter l’histoire de dépanneur Sylvestre, en images et témoignages!

Pour celles et ceux qui connaissent le dépanneur Sylvestre, et tout autant pour les personnes qui en ont jamais entendu parler, nous avons décidé d’essayer de retracer son histoire, “une image à la fois”!

Et plutôt que de rédiger le récit de façon linéaire et dans l’ordre chronologique, nous avons choisi de commencer par la mise en valeur des petits instants de vie partagée qui ont fait la richesse de cette aventure citoyenne. Et de reconstituer ainsi, petit à petit, les étapes de cette initiative communautaire multidimensionnelle!

Une naissance dans la fragilité et la précarité

En parallèle à notre “bébé communautaire”, plusieurs nouveaux-nés ont vu le jour au dépanneur, et parfois de parents qui se sont rencontrés au dep. Ici, l’image de l’un d’entre eux, alors qu’il venait tout juste de naître.

L’aventure du dépanneur Sylvestre a débuté dans une grande fragilité et précarité. Et la survie de cette petite initiative citoyenne à requis les soins et l’attention d’une grande famille de bénévoles avant qu’elle puisse commencer à déployer ses ailes.

Aujourd’hui, notre “petit bébé” aura bientôt 20 ans, il a quitté la maison familiale du 9 Fortier et s’apprête à s’envoler vers de nouveaux horizons!

À suivre…

Nous vous invitons cordialement à suivre cette aventure au fil d’articles qui seront publiés sur cette page web et dont certains ont déjà été diffusés sur les réseaux sociaux.

Hommage aux photographes méconnus

Cela peut paraître paradoxal de rendre hommage à un photographe en créant une illustration d’après l’une de ses photos. C’est pourtant ce que je me propose de faire dans cette nouvelle série dédiée aux artisans-photographes méconnus.

Voici une première illustration que j’ai réalisée d’après un cliché pris dans les rues d’Ottawa dans les années 50, par le père d’un ami.

J’aime beaucoup la composition de cette photo prise par un humble passionné de l’image. D’un côté il y a la confiance de la mère qui marche résolument par en avant, Et de l’autre côté le regard libre et vagabond de la fillette qui s’attarde à ce qui se passe en arrière d’elle.

Si vous avez accès à des photos de vie quotidienne réalisées par un de ces artisans-photographes œuvrant dans l’ombre, envoyez-moi en, j’aimerais beaucoup en dessiner d’autres afin d’alimenter cette nouvelle série-hommage!

À suivre…

Journal de confinement

C´était durant le premier confinement, au début de la pandémie. J’étais, comme beaucoup, limité à des marches quotidiennes autour de chez moi. Ce qui m’a permis de redécouvrir les petites merveilles de présences qui m’entouraient, et que j’avais oubliées.

Je vous invite à marcher avec moi et à rencontrer le “chauffe-dehors”, le « cabanon-ouvert-à-tous-vents », le «repos-du-passant » et autres sur la page “Autour de chez nous” :

https://lepetitparc.ca/manu/autour-de-chez-nous/