Oser, …malgré tout!

Habituellement, je ne publie jamais les photos que je prends pour une personne, que ce soit pour un portfolio ou pour d’autres contrats.

Pour moi, les images que j’ai captées au service de quelqu’un lui appartiennent intégralement, et il ne me vient pas à l’idée de les diffuser, même pour ma propre promotion à titre de photographe.

Si dans ce cas-ci je me permets de vous partager dans ce blogue quelques images issues d’une séance personnelle de photos, c’est pour saluer le courage de la personne qui a accepté d’être devant la caméra.

J’ai rencontré cette jeune femme à quelques reprises aux ateliers-partage. Elle nous avait confié son problème d’acné qui l’empêchait de s’épanouir avec confiance.

J’avais fini par lui suggérer d’oser prendre des photos de son visage tel quel, sans chercher à masquer les marques apparaissant sur sa peau.

Plutôt que d’appréhender d’apparaître devant la caméra dans cet état, elle a relevé le défi avec courage et détermination.

Le but n’étant pas se plier à la norme de ce que l’on désigne comme des “belles photos artistiques” mais plutôt d’oser d’apparaître dans sa pleine authenticité.

J’ai pris les photos au printemps, le jardin de l’atelier était plein de fleurs. J’ai décidé de suggérer un lien entre l’éclosion des fleurs printanières avec le visage de la jeune femme en appel de son propre épanouissement. Il m’est apparu que les fleurs en boutons sont une étape avant le plein déploiement de leur beauté.

Généralement, pour les photos plus intérieures, je préfère le noir et blanc. Mais en cours de processus, j’ai conservé une partie des couleurs des fleurs, comme si celles-ci étaient révélatrices de la vivacité intérieure de la jeune femme qui osait se dépasser.

Mentionnons qu’elle n’avait aucun problème à poser, étant habituée à le faire plus jeune pour son père photographe. Il y avait donc une facilité naturelle de ce côté-là.

Le défi se situait dans le dépassement des apparences et du réflexe de vouloir cacher le problème d’acné.

Merci à cette jeune femme, pour moi c’est là que réside la vraie beauté, laquelle ne dépend pas du maintien d’un idéal factice de soi-disant perfection extérieure mais bien dans l’affirmation tranquille de notre profonde qualité d’être!

Premier prix de création artistique…

Si cela ne tenait qu’à moi,
je décernerais le premier prix de création artistique à …la nature!

Quelle merveille et quel mystère que l’infinie beauté qui se manifeste tout autour de nous!

La nature, et tout ce qui prévaut à sa création, procède par surabondance en grâce et en générosité.

On imagine très bien que la nature pourrait être beaucoup plus “économe” dans ses manifestations s’il s’agissait d’assurer la simple survie des espèces.

Il me semble que si le créateur, quel que soit le nom qu’on lui donne, était plus raisonnable, s’il avait une attitude de commerçant ou de fonctionnaire cherchant l’efficacité et la rentabilité, la nature serait beaucoup plus sobre et fonctionnelle dans son déploiement.

Mais non, si nous y regardons de plus prês, il n’y a que cette folle prodigalité, que cet excès de générosité, qui éclate dans cette infinie variété de formes et de couleurs!

Et si il n’y a aucune conscience ni intelligence à l’origine du monde, que la vie serait purement accidentelle comme il nous plaît de le prétendre, pourquoi la nature, malgré tous les accidents de parcours, cherche-t-elle tout le temps à revenir vers l’harmonie?

Il faut bien qu’il y ait quelque part une autre raison que celle du raisonnable! Pourquoi tant et tant de don et de beauté? C’est quoi l’utilité de ce débordement si ce n’est pour montrer la magnificence de ce qui anime l’élan de toute vie.

Pourquoi une fleur s’habillerait de tant d’apparats alors qu’elle ne peut elle-même en constater la beauté dans un miroir, n’ayant aucun organe lui permettant de voir. Pourquoi donc, à l’aveugle, elle se donne autant, rivalisant de grâce et d’abondance?

Pourquoi tant de variété, pourquoi tant de gratuité, pourquoi tant d’ingéniosité dans la manière de s’offrir à la vie?

Si elle ne le fait pas pour elle-même, dans son propre intérêt, pour qui donc se déploie-t-elle ainsi?

Est-ce que la fleur à été créée pour la ravissement de l’être humain? Ou est-ce l’être humain qui a été créé pour contempler la fleur?

Je n’ai pas de réponse.

La beauté est pour moi un mystère, un “plus” qui donne un tout un autre sens à la vie!

Toutes les photos on été prises dans le jardin entourant l’atelier du 10 Fortier. Merci à celle qui a patiemment semé toute cette généreuse beauté!


Le retour du groupe de musique médiévale Oriflamme

Parmi toutes les choses que je trouve admirables sur terre, il y a la persévérance, entre autres dans ce qu’une personne offre au travers du maintien de sa pratique artistique.

Quand une personne persévère, peu importe qu’elle se dise professionnelle ou amateure, et qu’elle approfondit sa démarche artistique, souvent contre vents et marées, cela me fait l’effet du soleil qui perce les nuages. Et plus encore quand l’expression artistique n’essaye pas de se conformer à des mouvements de mode!

Je parle de cette expression unique qui maintient l’émergence de son authenticité, même si l’audience n’est pas toujours au rendez-vous. 

Peut-être est-ce parce qu’une source d’eau qui jaillit dans un désert de sécheresse m’apparaît toujours plus miraculeuse que celles qui parsèment une vallée ruisselante d’humidité.

Une autre chose qui me touche, ce sont les retours d’œuvre, les résurgences d’expressions artistiques. Alors que la pratique semblait morte, complètement abandonnée depuis des années, voici qu’elle fleurit à nouveau. C’est l’heureux retour d’une source que l’on croyait tarie.

J’ai plusieurs amis qui participent à cet heureux retour en ce moment.

Aujourd’hui, je voudrais partager quelques images d’un petit groupe de musique médiévale qui courageusement amorce un retour sur scène. J’ai un penchant pour les artistes qui font revivre des expressions que l’on croyait perdues dans le nuit des temps.

Il y a une richesse profonde et paisible qui se dégage des sonorités anciennes et des musiques traditionnelles. C’est comme si celles-ci avaient le don de nous ancrer plus profondément dans nos racines culturelles, au contraire du déferlement des expressions plus périphériques et souvent déconnectées de certaines explorations sonores contemporaines.

Le groupe Oriflamme

Ils sont trois, tout autant passionnés de musique médiévale les uns que les autres. En témoigne en autres l’amour qu’ils ont des instruments de musique du Moyen-âge tels le cistre, la vielle à roue, les cornemuses, les chalemies, les flûtes et divers accessoires de percussions. Il est d’ailleurs manifeste que chaque membre du groupe porte un grand soin à l’entretien de ces instruments sensibles.

Michael, Jeff et Sylvie sont clairement inspirés par ces lointains accents musicaux composés il y a plus de 800 ans.

Michael, Sylvie et Jeff

Le groupe Oriflamme entreprend un courageux retour après un long temps d’absence. Et c’est beau de les voir retrouver leur complicité de ménestrels et d’amuseurs publics ambulants.  Ils ont manifestement la flamme sacrée et c’est contagieux!

Ils ont récemment procédé à un enregistrement maison et j’ai pris les photos du groupe pour relancer leur promotion.

Vu que l’un des objectifs de ce blog est de transmettre des trucs du métier, je vous partage dans cet article quelques considérations à prendre lorsque l’on photographie un groupe en train de pratiquer.

Prendre des photos d’un groupe de musiciens en séance d’enregistrement

L’éclairage

En partant, la chose la plus importante avant de commencer la séance de photos, c’est de faire en sorte que l’espace soit bien éclairé! Très difficile de rendre une scène vivante et attrayante si elle est mal éclairée. Et c’est particulièrement vrai pour un groupe de musique tout simplement parce que nous sommes habitués à les voir sur scène, sous les faisceaux de multiples sources d’éclairage.

Sans éclairage, il y a moins de relief et de contraste, tout est plus plat et terne.

Dépendamment de la pièce ou du studio d’enregistrement, dans ce cas-ci un simple salon, l’espace va être plus difficile à éclairer.

Dans ce cas-ci par chance, l’un des membres du groupe avait déjà travaillé dans le domaine et il y avait déjà de l’éclairage disponible sur place. Un grand merci Jeff, ta contribution a fait toute la différence!

La présence visible des projecteurs a beaucoup ajouté à l’atmosphère générale de la séance d’enregistrement!

Malgré plusieurs projecteurs, j’ai été obligé de fonctionner avec une vitesse d’obturation minimum, à 1/60ème de seconde et même parfois à 1/15ème avec une ouverture maximale, c’est-à-dire sans aucune profondeur de champs. Dans plusieurs cas, j’ai eu à envoyer un coup de flash au plafond pour maintenir un éclairage suffisant.

Les projecteurs ont été répartis dans la salle pour créer un éclairage mettant en relief chaque musicien. Ceux-ci étaient séparés pour les besoins de l’enregistrement.

En complément d’éclairage, il y avait des réflecteurs pour adoucir l’éclairage des projecteurs, ainsi qu’un rideau noir pour diminuer l’apport d’éclairage de l’extérieur et éviter trop d’écart de couleurs entre les deux types d’éclairage.

Ce qui a permis de faire des jeux de contraste intéressants :

Ci-dessus, Jeff, le percussoniste du groupe, apparaît sur fond noir et éclairé pricipalement par deux sources de lumière latérales. Ce type d’éclairage reproduit un effet de spectacle, comme si le musicien était sur scène avec un éclairage aux projecteurs. À noter que le contraste est suffisant pour que les rideaux d’arrière-scène apparaissent complètement noirs en arrière-plan.

Un effet de scène similaire est obtenu en couleurs, faisant ressortir les différences de couleur des sources d’éclairage.

Toujours avec la même configuration, sans rien déplacer , un effet de silhouette est obtenu en prenant le visage de profil  devant le réflecteur latéral et en ajustant l’ouverture sur ce dernier.

Et maintenant, un effet de clair-obscur obtenu avec le même élairage en captant le visage de Jeff sur fond noir de manière à faire ressortir la lumière arrière qui éclaire sa barbe et donne ainsi un bel effet de découpage.

L’important dans le cas de photos prises durant une séance d’enregistrement est de se faire le plus discret possible, les  exigences de l’enregistrement passant en avant de nécessités de la prise de vue. Il faut donc être bien préparé et demeurer silencieux, tout en étant créatif sans déranger.

La balance chromatique

Pour harmoniser l’ensemble des clichés, j’ai choisi de “réchauffer” les photos à l’étape du traitement des images, ce qui permet de mieux faire ressortir la touche médiévale des instruments de musique.

Dans ce cliché, la dominante ambrée des instruments en bois est mise en valeur par contraste avec l’éclairage plus froid provenant de la lumière du jour.

Il en va de même pour les boiseries des instruments de percussions

Varier les angles de vue

Idéalement, pour rendre avec plus d’efficacité la perception de l’événement dans toutes ses dimensions, il est préférable de varier les angles de vue, en empruntant successivement le point de vue de chaque artiste.

Ci-dessus, un cliché “par dessus l’épaule” à partir du point de vue de Jeff.

Le même angle de vue en large angulaire.

Une vue 3/4 arrière de Sylvie. À noter, en arrière plan, l’image de Michael reflétée dans le miroir.

Découpage des avant-plans au moyen de hors-foyers

Ne pas hésiter d’utiliser la faible profondeur de champs pour créer des hors-foyers en arrière-plan. Cela permet de mettre l’emphase sur l’avant plan tout en conservant l’évocation des activités dans le décor arrière.

Rendre l’atmosphère de la séance d’enregistrement

Les photos étant silencieuses par nature, il n’est pas possible de compter sur l’ambiance musicale pour rendre l’atmosphère de l’enregistrement.

Le photographe doit alors saisir à la volée les instants de complicité entre les membres de l’équipe. Dans ce cas-ci l’interaction chaleureuse entre Gareth, l’ingénieur de son, ainsi que les personnalités enjouées des membres du groupe a été providentielle.

Il régnait une belle atmosphère sur le plateau d’enregistrement!

Les talents d’animatrice de rue et la présence rayonnante de Sylvie sont particulièrement visibles dans les clichés ci-dessus!

De son côté Michael amène une belle présence concentrée et méditative!

Évidemment, rien ne remplace la possibilié d’assister à un de leur spectacle! Détails à venir!

Le groupe Oriflamme est annoncé sur le site http://www.circofolies.ca/

Le lien vers le studio de Gareth Auden-Hole : Là Là Studio

Ah oui, quand même, un petit extrait sonore capté durant la répétition, cornemeuse, flûte et percussions, juste pour nous faire patienter!