Les chemins de fer de la migration

Touché par cette image d’un adolescent marchant seul sur une voie ferrée.

Combien de migrants ont-ils empruntés ce chemin étroit et intransigeant du déracinement de leur terre natale, avec pour seule destination un horizon improbable.

Le chemin de fer dit bien ce qu’il est, il est rigide, balisé par deux rails inflexibles.

Il ne s’agit pas d’un petit sentier qui folâtre aux travers des champs et des vergers, et qui a le loisir d’aller de découverte en découverte.

Le chemin de la migration s’avère également rectiligne, sans concession, le temps étant compté, pressé par les nécessités de survie. L’urgence de se rendre à bon port le plus rapidement possible, sans même savoir si cette destination existe vraiment ou si elle n’est que mirage sans cesse repoussé.

Les rails, les fossés entourant les voies ferrées, les ponts de métal, les agglomérations traversées qui n’affichent que le dos et les volets clos des maisons, tous sont impersonnels et froids, aucune terre d’accueil jusqu’à ce qu’enfin les migrants rencontrent des mains tendues, un gîte et de la nourriture pour les réconforter.

C’est une épreuve qui marque toute une vie et qui met notre humanité au défi.

Entre naufrage et sauvetage

Illustration inspirée d’un portrait de migrant du photojournaliste César Dezfuli

Nous sommes en Méditerranée.

Une embarcation chargée de migrants est à la dérive. Sur le navire qui se porte à sa rescousse se trouve un photojournaliste, César Dezfuli.

Au lieu de couvrir le drame collectif qui se déroule devant lui, César décide de passer deux minutes avec chacun des rescapés et de prendre des photos de chacun d’entre-eux, tels qu’ils sont, avec pour unique arrière-plan la mer qui s’étend jusqu’à l’horizon. Toujours en prenant bien soin de consigner précieusement leur nom.

C’est ce qu’on pourrait appeler un journalisme de cœur, beaucoup plus attentif à la personne qu’à l’aspect médiatique de l’événement. Les médias se préoccupant habituellement plus souvent du sensationnalisme de la situation ou du décompte du nombres de victimes.

Ce que César a réussi à capter, au travers de son appareil photo, c’est la présence de chacun face à l’inconnu, dans cette extrême vulnérabilité d’avoir tout quitté, d’avoir tout perdu, et de ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Entre naufrage et sauvetage…

Une chose reste profondément signifiante, au-delà du portrait global que l’on peut tenter de se faire d’une situation à grand renfort de statistiques : la rencontre avec la personne.

C’est ce à quoi César Dezfuli nous convie au travers de sa série de photos de migrants.

Pour visionner les photos de la série « Passengers » de César Dezfuli :
http://www.cesardezfuli.com/passengers

Au début, aucun média n’a voulu publier les portraits de migrants de César, jusqu’à ce qu’il remporte un concours. Lire l’histoire :
https://fr.canon.ch/pro/stories/cesar-dezfuli-migrants/

En apprendre plus sur le site de César :
http://www.cesardezfuli.co

Cet article a été précédemment publié sur le site des Antennes de paix

Trimballer ses sacs avec soi…

Touché par cette image d’un migrant transportant avec lui deux gros sacs dans lequels il a mis à la hâte ce qui lui paraissait le plus important à emporter avant de quitter son pays.

Deux sacs qu’il traine depuis, jour après jour, tout le long du chemin, avec peine et dans la sueur.

Je me reconnais dans ce migrant, combien de gros et pesants sacs me suis-je obstiné à porter durant tant d’années? Avais-je l’impression que c’était là ma raison d’être : Prendre sur mon dos tout ce qui est lourd à porter?

Est-par peur de perdre et de manquer?

Quand ma famille a immigré, j’étais un jeune ado. Nous n’avions avec nous que nos bagages personnels, presque rien. Sensation de vide, comme si tout était à recommencer. Le déracinement social et culturel était encore plus marquant. C’est un vécu qui laisse des traces…


Image librement inspirée dune photo de presse trouvée sur le web (je n’ai pas trouvé le nom de l’auteur de la photo, ni celle de l’homme aux sacs).