C’est la fête au dépanneur Sylvestre aujourd’hui : 22 ans!
C’est le 2 février 2002 que les quelques volontaires du tout début recevait les clés de ce qui était alors un vrai petit dépanneur de quartier! Depuis, celui qu’on appelle maintenant l’Espace DEP Sylvestre a déménagé dans un nouveau local, sur la rue Montcalm!
Ce qui me fascine encore aujourd’hui, c’est la pérénité de cette petite initiative citoyenne spontanée. Combien de fois le Dep s’est-il fait prévoir une fermeture imminente sous prétexte que la formule n’était pas viable!
Et pourtant le DEP, acronyme de “dépannage, entraide, partage”, a poursuivi sa mission d’inclusion sociale avec persévérance, sans subvention au fonctionnement.
Infiniment merci aux centaines de bras bénévoles et bienveillants, animés par un même élan de solidarité, qui se sont succédé pour se passer le flambeau de la survie de cette petite initiative citoyenne!
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’aux travers des années les équipes se sont succédées, chacune ayant développé son propre style de gestion, et que malgré toutes les péripéties humaines, financières et sociales qui ont été traversées, cette initiative d’entraide et de solidarité est encore vivante! Cela m´émerveille!
Et si le DEP est extérieurement désigné comme une entité organisationnelle ayant pignon sur rue, en réalité il s’agit d’un nombre incalculable de personnes, venant de divers horizons, qui tour à tour se sont impliqués et ont soutenu avec coeur cet élan communautaire durant les 22 dernières années!
Rien que pour cela, cela en vaut la peine de fêter et de danser!
Avant que le dépanneur Sylvestre ne soit crée, il y avait déjà un réseau informel d’entraide.
Après quelques années d’existence de ce réseau, nous avions identifié que malgré toute notre bonne volonté, cette forme d’entraide ne suffisait pas à sortir les personnes de leur isolement social. Afin de faire évoluer la relation aidant-aidé vers une forme d’inclusion plus collective, nous avions alors initié des rencontres mensuelles dans laquelle chaque personne pouvait échanger avec d’autres et retisser des liens.
Sauf que les personnes aidées provenaient de groupes d’âges et d’horizons très différents, ce qui ne facilitait pas les contacts naturels entre elles.
Nous avions alors découvert que pour réunir des personnes qui n’ont pas nécessairement d’affinités entre elles, il y avait deux activités “universelles” qui favorisaient une certaine adhérence collective : Manger ensemble, …et chanter ensemble!
Ces rencontres mensuelles “manger et chanter ensemble” ont d’une certaine façon constitué les prémices de ce qui allait devenir le dépanneur Sylvestre.
On peut dire que par la suite le “manger ensemble” est devenu le moteur de rassemblement collectif dans les premières années du dépanneur. Qu’il s’agisse du “repas du travailleur” à midi, des diverses formules de souper durant la semaine, familial, de solidarité, du vendredi soir ou en alimentation vivante le lundi, ou enfin des brunchs hebdomadaires, ce sont sans doute avant tout ces partages autour d’une table commune qui ont véritablement rassemblé les volontaires en vue d’une même mission.
Et très vite, le “chanter ensemble” s’est tout naturellement imposé, à l’initiative de quelques fidèles enthousiastes (lesquels se reconnaîtront autour du piano) qui ont animé cette activité tous les vendredis soirs.
Par la suite l’espace de la grande salle est devenu un lieu privilégié pour prestations de musiciens et rencontres informelles d’improvisation musicale. L’âme du dep a certainement grandement bénéficié de tous ces chants et musiques, merci à toutes celles et ceux qui ont fait vibrer de leurs harmonies sonores les murs du dépanneur Sylvestre, et qui le font encore à nouveau à l’Espace DEP Sylvestre!
Illustrations produites en 2004 dans le cadre d’un partenariat avec Parole citoyenne et L’Office national du film.
C’était dans les tout débuts du dep Sylvestre, alors que c’était encore un vrai de vrai dépanneur, avec de la bière, des cigarettes, des chips et autres.
Nous ne vendions pas grand chose de frais. Du côté du prêt à manger, un distributeur nous livrait chaque semaine des sandwichs aux oeufs mayonnaise. Il s’agissait essentiellement de deux tranches de pain blanc, beurrées d’un peu de mélange aux oeufs, le tout emballé dans un contenant en plastique.
Certains anciens habitués de ce petit dépanneur, qui venaient régulièrement acheter leur caisse de bière et paquet de cigarettes, prenaient au passage un de ces sandwichs en guise de souper.
La valeur nutritive de ces maigres sandwichs ne devait pas être très élevée, et il n’y avait pas là non plus de quoi remplir un estomac.
En fait, nous avions fait l’expérience de compresser entre nos mains l’un de ces sandwichs, et il n’en était ressorti qu’une toute petite boule de matière pâteuse peu appétissante.
C’est à ce moment-là que s’est produit un autre des petits miracles du dep en la personne de celui qui est devenu l’actuel président du CA de l’Espace DEP Sylvestre.
Il vivait alors à Montréal et travaillait dans un restaurant. Il était venu au dep, et nous l’avions consulté sur la façon d’offrir un sandwich plus substantiel et nutritif pour le même prix, soit 3.50 $ (Il avait fait des études en diététique).
Il créa alors la série de sandwichs Baraka, lesquels étaient constitués d’un solide petit pain aux huits grains, d’une grosse portion de l’un des quatres mélanges, soit le thon, les oeufs, le fromage à la crème ou le végépâté, à laquelle s’ajoutait une généreuse quantité de légumes, principalement des carottes. Du côté saveurs, l’ensemble était très goûteux, relevé de condiments et d’épices à la marocaine!
Les sandwichs Baraka étaient non seulement nutritifs, mais aussi “bourratifs”, dans le sens qu’ils ont rapidement été réputés pour procurer une sensation de satiété.
Baraka signifie “chance”, “bénédiction”.
Là où le mot Baraka a pris tout son sens, en rapport avec l’une de ses définitions : “quelque chose auquel on ne s’attend pas et qui agit de façon positive”, c’est dans l’ampleur qu’a pris la production de ces sandwichs.
Même si la mission initiale d’offrir ces sandwichs nutritifs au dep était remplie, leur créateur ne s’arrêta pas là. Il commença à en vendre dans divers commerces, au CEGEP de l’Outaouais et même de l’autre bord de la rivière dans des édifices gouvernementaux ainsi qu’à Montréal.
Le petit sandwich Baraka s’est ainsi multiplié, contribuant à faire connaître le dépanneur Sylvestre bien au-delà de son quartier d’origine.
C’est la même personne qui encore aujourd’hui œuvre à la relance de la production agroalimentaire de l’Espace Dep Sylvestre dans le nouvel emplacement au 230 Rue Montcalm, Gatineau. Ne manquez pas d’aller y faire un tour, d’y déguster un café ou un jus, ou d’y manger un généreux sandwich! Ou encore de venir rencontrer la communauté lors du souper du mardi soir à 18h!
Il y a des amitiés qui sont spéciales dans le sens qu’elles ne se construisent pas au travers du temps comme la plupart des relations amicales.
L’amitié dont j’aimerais vous parler est de celles qui vous surprennent parce qu’elles sont spontanées, immédiates, instantanées. Hors temps et hors espace comme si elles avaient toujours existé et qu’elles existeront toujours pour l’éternité.
Pas descriptible.
C’est à propos de mon ami Gil que j’aimerais vous partager quelques mots, en gratitude pour sa précieuse présence dans ma vie.
Il faut mentionner que Gil a l’amitié facile. Il n’y a aucune barrière, aucun filtre à la spontanéité de son élan envers l’autre. Gil est le « Monsieur câlin » en personne. Il vous prend dans ses bras mieux que quiconque. Pas difficile de se sentir immédiatement en confiance avec lui.
J’ai rencontré Gil au dépanneur Sylvestre. Il faisait partie des « Alchimistes », un groupe de personnes en inclusion, présentant une forme ou une autre de déficience intellectuelle. Oui, Gil est né avec une trisomie, ce qui est tout à fait accessoire en ce qui concerne notre amitié. Personnellement, il me semble que Gil est bien moins handicapé que je le suis, au moins pour ce qui est d’adhérer pleinement à la vie en toute simplicité.
En fait, je dirais qu’il y a une forme de complémentarité entre nous, peut-être parce que je suis par nature un peu désincarné, et que lui est tout au contraire très bien ancré dans la vie et dans son corps!
Comment cette amitié a débuté?
C’est loin dans ma mémoire. Je ne le connaissais pas encore personnellement. Il me semble que l’ai croisé alors que je venais de rentrer dans le dépanneur. Je lui ai demandé comment il allait, ce à quoi il répondait invariablement « Bien! » en hochant la tête. Mais cette fois là il ne répondit rien. J’ai alors insisté en lui reposant la question avec plus d’intensité.
Des larmes lui sont montées aux yeux.
Je me suis approché de lui, pensant avoir commis quelques maladresses à son égard.
Il s’est alors mis dans mes bras.
Tout simple, le pacte d’amitié était dès lors signé.
J’ai su plus bien tard qu’il était en train de perdre sa mère, et que cela lui amenait beaucoup d’anxiété
Pour la petite histoire, que j’ai déjà racontée à maintes reprises, il s’est passé par la suite quelque chose d’inédit entre nous, au-delà de cette amitié spontanée.
Il m’arrivait souvent de filmer des événements au dépanneur, caméra à l’épaule. Gil me revenait à chaque fois en me signifiant par signe qu’il aimerait être devant la caméra. Il faut mentionner que Gil a des difficultés d’élocution et qu’il est parfois difficile de le comprendre. Je hochais la tête lui indiquant que j’avais entendu puis je continuais à filmer.
Je le reconnais, cela m’a pris des années avant de prendre sa requête au sérieux.
Puis, grâce à sa persévérance, et grâce à beaucoup de contributions de différentes personnes, nous avons fini par tourner ensemble une petite websérie à son nom : Mon Ami Gil
Les épisodes qui relatent l’histoire de son intégration sont disponibles (par ordre chronologique inverse) sur son blog.
« Être avec », c’est la façon la plus simple et la plus concise de décrire ce qu’est la pratique du « dessin tracé de vie ».
Et pour moi, cette image d’une jeune mère en train de tracer tout en gardant son nouveau-né contre elle résume parfaitement ce que veut dire « être avec ».
Le dessin tracé de vie, c’est dessiner ce qui est.
C’est tracer les formes de vie et les être vivants tels qu’ils ont été créés, sans chercher à les corriger, à les parfaire ou à les embellir. C’est une façon « d’être avec » le sujet représenté, au cœur de l’instant présent, dans la gratitude pour sa présence et son don de vie.
Tout ce qui existe sur terre peut être accueilli et dessiné, sans jugement ni censure, en reconnaissance de l’apport unique de chaque existence.
Le dessin-tracé est une façon très simplifiée de dessiner qui ne requiert aucun apprentissage, aucune habileté ni aucun souci de performance artistique.
Cette pratique propose tout simplement de tracer le sujet tel qu’il se présente à notre regard, dans sa propre réalité, sans filtres ni attentes. C’est « laisser le crayon faire son chemin », sans essayer de contrôler le résultat.
L’image finale peut ensuite être mise en couleurs et accompagnée de quelques mots inspirés par le sujet.
Les outils sont simples et peu coûteux : feuilles de papier régulières ou papier à tracer, crayon à mine, crayons de couleurs ou simple boite d’aquarelle. On trouve maintenant en ligne de petites tables lumineuses à un coût très accessible.
Petit tracé va loin
Cette petite pratique de dessin a commencé au dépanneur Sylvestre.
Nous avions remarqué que la pratique du dessin permettait de calmer l’agitation mentale et favorisait l’intériorité ainsi qu’un certain recul face aux événements vécus.
Cependant un grand nombre de personnes ne voulaient même pas s’essayer à cette pratique pacifiante parce qu’elles se considéraient nulles en dessin. Le dessin tracé à partir de modèles simplifiés s’est alors tout naturellement développé. En commençant par de petits ateliers thématiques.
D’année en année, des milliers de dessins ont été produits sur une grande variété de sujets allant de l’enfance dans le monde aux animaux menacés, en passant par les grands sujets sociaux tels la faim et l’extrême pauvreté dans le monde, l’exploitation et l’esclavage, les conflits sociaux, les personnes handicapées, les peuples autochtones et l’environnement de la planète.
D’abord pratiqué au dépanneur Sylvestre, le dessin tracé de vie, aussi appelé dessin de solidarité ou dessin-prière, a depuis une vingtaine d’années été offert dans de nombreux endroits : écoles, centres d’art, centres communautaires, foyers pour les personnes âgées, dans la rue, des parcs, et même un orphelinat au Pérou. Nous nous préparons maintenant à l’offrir aussi à domicile, en particulier auprès de familles, de personnes isolées et de personnes en perte de mobilité.
Avec le temps, d’autres volets se sont ajoutés autour de l’image de soi et la transformation du regard porté sur le corps. Divers ateliers thématiques destinés aux femmes ont été donnés au Québec sur cette thématique.
Témoignages
Malgré une vingtaine d’années de pratique du dessin tracé de vie, cela reste difficile de mettre en mots le processus, peut-être est-ce parce qu’il est trop simple?
Les témoignages des personnes qui l’ont pratiqué sont plus éloquents :
« Tracer m’apporte une joie profonde. Quand je commence à dessiner, tout se tranquillise en moi. »
«…Les pensées cessent de tourbillonner sans fin et je me retrouve calme et à l’œuvre dans cette pratique apaisante, simplement à l’écoute de l’être ou de la réalité sensible que je suis en train de tracer ou de dessiner, en toute gratitude et reconnaissance. »
« Je suis en très grande reconnaissance de ce processus d’apprivoisement… ça m’a libéré d’une très grande tension intérieure que je ne savais même pas que je portais! »
« L’action de tracer brise les schémas de stress et de performance. Ce geste si simple me permet de prendre contact avec la réalité vécue par le sujet représenté. Ce lien qui s’établit m’amène à saisir une situation, une émotion, un état, et à en apprivoiser toutes les facettes, les reconnaissant ainsi en moi-même. »
« Ça me fait tellement de bien de dessiner… je crois que dessiner est un code secret pour dessiller, dessiller les yeux. Les yeux du cœur probablement. »
« Merci encore pour cette pratique si apaisante, je la délaisse parfois, mais c’est toujours un baume pour l’âme et l’être entier quand j’y retourne. »
« Dessiner m’a fait faire toute une thérapie de relaxation, d’approfondissement et de découverte.
Une chose est sûre, plus je suis au dessin, moins je suis dans des ressentis quand une situation conflictuelle arrive. »
« Quand je trace, c’est comme si je reconnectais avec une partie de moi-même que j’avais oubliée. Je suis remplie de gratitude pour ce tracé qui est possible par une écoute respectueuse et fidèle. Je me rends compte que le dessin est bien, mais que suivre la ligne de vie avec le crayon ramène la vie en moi. Ça garde le lien avec cette personne qui se fait toute humble pour sentir profondément cette ligne de vie ainsi qu’avec la personne ou l’animal tracé, et ça me reconnecte avec cet espace de paix qui est au fond de moi. »
« L’action de tracer brise les schémas de stress et de performance. Ce geste si simple me permet de prendre contact avec la réalité vécue par le sujet représenté. Ce lien qui s’établit m’amène à saisir une situation, une émotion, un état, et à en apprivoiser toutes les facettes, les reconnaissant ainsi en moi-même. »
« Cette pratique de dessin nous invite à voir la vie telle qu’elle est censée être vue, sans jugement. Chaque trait tracé est comme une ligne de vie. Une ligne pour nous sauver de nos esprits dominateurs et coupeurs de vie. Pour nous donner un moyen de voir ce qui est vraiment vivant, au-delà du filtre de notre mental. Cette pratique peut nous aider à faire face à nos peurs. Souvent, je dessine ce qui m’effraie et m’intimide. Dans la ligne, je trouve la sécurité dont j’ai besoin pour regarder la peur. Souvent, la peur s’atténue à la lumière de la vérité, à la lumière de l’acceptation et de la compassion. »
« Tous nous étions concentrés en suivant les traits des personnes, à faire le dessin-tracé qui nous unit directement à la personne en la traçant. J’ai senti que par le tracé le lien devient alors palpable et plus uniquement virtuel ou intellectuel. L’actualisation en moi de la réalité de la personne se fait au fur et à mesure que je trace. J’entre alors en communion et en compassion avec la personne et je réalise sa présence en moi. Cette soirée-là a été marquante car je me sentais unie à la personne que je traçais, unie aux personnes qui étaient comme moi en train de tracer et de dessiner »
« Pour une personne comme moi, qui a un mental agité, le dessin-tracé de vie est la seule façon de faire silence. »
Lui : Un ancien fonctionnaire au fédéral. À la suite d’un AVC, il se retrouve dans un programme de réinsertion au dépanneur Sylvestre avec un groupe d’autres personnes partageant des conditions similaires.
Elle : Impliquée dans l’équipe du dépanneur depuis de nombreuses années, ancienne responsable du comité de soutien du dep, et en perte de mobilité due à la progression de la sclérose en plaques qui affecte l’ensemble de ses capacités.
Ils se rencontrent lors d’un souper communautaire au dépanneur. Il s’aperçoit alors qu’elle est en chaise roulante et lui offre de l’assister.
Peu après, lorsqu’une partie de l’équipe du dep décide de se rendre au Forum social mondial à Montréal en été 2016, ils relèvent ensemble le défi d’y participer malgré les obstacles dus aux handicaps. Et l’on aperçoit le joyeux duo se rendre à diverses activités, surmontant les embûches et les nombreux problèmes de manque d’accessibilité.
Depuis, ils participent ensemble à divers événements. Il la transporte dans un véhicule adapté à toute heure du jour, hiver comme été, fait ses achats, lui fait assister par FaceTime à des présentations auxquelles elle ne peut se rendre en personne, et s’occupe de toutes sortes de petits problèmes comme appeler les pompiers lorsque son monte-personne reste coincé durant les grands froids.
De son côté, elle l’assiste dans une écoute à ses défis et orientations de vie. Une amitié unique d’attention à l’autre se tisse au travers des vulnérabilités partagées. Amitié qui persistera à distance, lui étant retourné récemment dans sa région natale de Québec.
Si nous racontons cette histoire en guise d’hommage, c’est qu’à notre avis elle illustre bien les “petits miracles du dépanneur”, lorsque dans une atmosphère de don et d’entraide, l’inespéré se réalise sans qu’on l’ai planifié!
Parmi les activités spontanées qui ont vu le jour au dépanneur Sylvestre, il y a eu celle du dessin à la craie sur le trottoir.
Il y avait en permanence une boîte de craies, sur le côté juste à l’entrée du dépanneur.
Il y avait quelque chose de rafraîchissant de voir les enfants s’emparer de la boîte de craies et ressortir aussitôt pour grafigner le sol de formes et couleurs. Certains adultes suivaient.
Parfois de simples graffitis, d’autres fois des dessins plus élaborés, et avant tout ce geste de se pencher au plus bas vers le sol et de le marquer
J’avais l’image d’une créativité qui s’exprimait directement au ras du sol, sans filtres, sans attentes ni idées préconçues, tout à l’inverse de ce que j’avais rencontré en art contemporain.
À titre d’artiste professionnel en art contemporain, j’avais dû développer des approches de création beaucoup plus réfléchies, conceptuelles et dans lesquelles l’articulation de la démarche est primordiale, du moins si on veut être reconnu par les pairs et avoir accès aux systèmes de bourses. Même si j’étais en mesure de jouer le jeu, cela me faisait l’impression de vivre dans une bulle qui se maintenait dans des hauteurs intellectuelles, codées et balisées.
Vivre l’expérience du dépanneur m’a fait passer de ces hauteurs conceptuelles à l’expression au ras du sol. Merci pour ça!
Juste avant le geste de création
Il y a un instant qui m’est précieux, c’est celui de ce petit espace de temps en suspension, comme hors de toutes contingences, qui précède le geste de création.
Durant quelques secondes, tout l’être se met à l’écoute de l’inspiration intérieure, de ce qui veut s’exprimer.
J’adore discerner dans le regard de l’autre ce petit instant d’appel intérieur, cet instant de tous les possibles. Et puis, le souffle de l’inspiration surgit, et le geste de l’inscrire, de lui donner forme et corps sur la feuille ou sur le sol se manifeste.
Comment est-ce que la création du monde s’est faite, avant le fameux “Big Bang”, avant le surgissement de la volonté créatrice dans la matière? Est-ce qu’il y a eu un petit temps d’écoute intérieure, un inspir créateur?
Nous venions d’ouvrir la grande salle, et nous avions commencé à offrir des repas à contribution libre. Le mot s’était répandu assez rapidement. Un itinérant d’Ottawa, qui était déjà venu une fois, était revenu en amenant avec lui quelques compagnons de la rue.
Parmi eux, il y en avait un qui ne savait trop où se mettre. Visiblement timide, peut-être mal à l’aise, il était unilingue anglophone, et les autres autour de lui s’exprimaient en français.
Aussi il faisait gris et sombre, et pour tout dire, c’était une période difficile. nous en arrachions. La vente des produits de dépanneur était nettement insuffisante pour s’en sortir.
Toujours est-il qu’après un temps le groupe d’Ottawa a demandé à cet homme, qui ne savait toujours pas quoi faire de lui, de jouer. Après s’être fait prié à plusieurs reprises, il a fini par sortir son banjo. Il s’est assis, et sans nous adresser un seul regard ni un mot, il a commencé à jouer, comme s’il était tout seul au monde.
Et c’est là qu’un petit miracle s’est produit. L’atmosphère maussade a subitement été traversée d’une rivière de notes claires et enjouées, une lumière chaleureuse a fait irruption dans la salle.
Nous étions “de retour chez nous”, je veux dire non pas en découragement et en exil de notre raison d’être, mais bien dans cette fête des retrouvailles dans laquelle tout devient possible. C’est inexplicable, c’est comme si quelqu’un venait de nous sauver la vie.
“Banjo”, merci pour l’offrande joyeuse de tes doigts sur les cordes de ton instrument. Notre rencontre n’a duré que quelques portées de musique, mais je ne t’oublierai jamais. Et si un jour, tu te reconnais dans ce petit dessin-hommage, dis-moi ton nom pour que je puisses l’inscrire dans mon cœur à côté du surnom que je t’ai attribué!
Dans les débuts du dépanneur Sylvestre, nous avons offert jusqu’à une dizaine de repas par semaine, tous à contribution volontaire. Soit cinq repas du midi et quatre soupers en semaine, en plus du brunch du dimanche! Le tout sans subventions.
Très souvent la balance entre le montant des contributions volontaires et celui des dépenses en aliments pour le repas était déficitaire. À tel point qu’il nous arrivait fréquemment de commencer un souper les armoires vides, en se demandant comment nous allions faire pour avoir assez de nourriture afin de servir une quarantaine de personnes.
Et pourtant, nous nous mettions quand même à l’œuvre, en récoltant tout ce qu’on pouvait trouver dans la cuisine. Et presque immanquablement, une fois que la préparation était engagée, il se passait quelque chose, d’autres personnes et ressources arrivaient, et en fin de compte nous en avions assez pour nourrir en abondance toutes les personnes qui se présentaient!
Sur l’illustration, deux jeunes volontaires se préparant à servir des plats de fruits en guise de dessert. Elles se reconnaîtront peut-être!
Une place où prendre sa place!
La raison d’être du dépanneur a fluctué en fonction des circonstances et des rencontres.
Au tout début, alors que nous nous limitions à rester présents en arrière du comptoir-caisse de notre petit dépanneur de quartier, notre seule et unique “mission” demeurait d’être à l’écoute.
Et effectivement, cela répondait manifestement à un besoin, parce que beaucoup de “clients” partageaient leur vécu lors de leurs achats. Puis nous nous sommes très rapidement rendus compte que cette écoute n’était pas suffisante face aux détresses qui nous étaient confiées, et en particulier celle de l’isolement social. Ce pourquoi nous avons cherché des façons d’intégrer les personnes les plus marginalisées dans nos activités.
La devise du dépanneur est alors devenue : “Une place où prendre sa place!”
Cette période a signé les débuts de la mission d’inclusion du dépanneur. Des personnes de toutes conditions, expérience de vie et culture ont commencé tout naturellement à s’intégrer dans les activités du dépanneur.
Ensuite une jeune femme (représentée sur l’image, elle se reconnaitra sans doute), nous a demandé si nous accepterions de la prendre dans un programme officiel d’inclusion. Nous avons fait toutes les démarches nécessaires pour pouvoir répondre à sa demande.
C’est ainsi que nous avons créé l’organisme sans but lucratif le “DEP” (pour Dépannage-Entraide-Partage) afin de répondre à diverses sollicitations d’organismes partenaires.
Temps de partage entre un volontaire bien connu des tout débuts du dépanneur Sylvestre, musicien, ouvrier et patenteux en tous genres, et notre “doyen”, ébéniste hors-pair, constructeur, peintre et violoneux. Le plus jeune montre au plus âgé comment aller chercher de la musique à écouter sur internet au moyen d’une tablette.
Le partage des savoir-faire, ressources et intérêts entres personnes de diverses cultures et générations est peut-être une des plus grandes richesses “non-programmées” de l’expérience du dépanneur Sylvestre.
Ce partage se fait spontanément en marge de toute activité organisée, tout simplement parce qu’il y a l’espace pour le faire, chaque personne ayant le loisir de s’attarder au gré des rencontres et des imprévus qu’amène l’initiative communautaire.
Se sentir chez soi, ensemble…
Peut-être parce que nous ne savions pas vraiment dans quelle direction précise nous allions aller, peut-être parce que nous avions ouvert l’initiative du dépanneur Sylvestre sans idées préconçues, toujours est-il que cette aventure a été parsemée de découvertes et de belles surprises!
Et l’une des plus importantes, c’est le fait que bien des personnes marginalisées se sont naturellement senties chez elles au dep, même si nous ne faisions pas d’effort particulier pour les rejoindre.
Se sentir chez soi, sans que ce soit une question de culture, de préférence ou d’identification à un groupe spécifique!
Des personnes de toutes les conditions sociales, de diverses appartenances culturelles et de tous les âges se sont senties chez elles au dépanneur.
Sur l’image, un groupe de jeunes profite de l’espace-sofa du dep pour se retrouver ensemble en toute convivialité.
Au dep Sylvestre, il y a eu plein de personnes invisibles qui ont œuvré dans l’ombre sans que presque personne les remarquent. Et pourtant, certaines de ces personnes sont devenues des légendes vivantes au travers de tous les petits services qu’ils ont offerts avec une extraordinaire persévérance.
C’est le cas de celui qui pendant des années et de sa propre initiative, s’est évertué à venir vider les gros sacs de déchets organiques qui sortaient de la cuisine, à les transporter dans son sac à dos ou dans une brouette, et à recycler cette précieuse matière sous forme de compost pour la plus grande joie des jardins et potagers des alentours. À tel point qu’il a fini par se faire appeler “Monsieur Compost” (il se reconnaîtra)!
Chapeau bas Monsieur recyclage, toute notre gratitude, vous avez été un véritable et humble pionnier en la matière, bien avant que cela devienne à la mode. Et avec le retour du beau temps, il doit y avoir beaucoup de bonnes terres enrichies par vos bons soins qui sans doute ont une pensée émue à votre souvenir!
Permettez-moi de vous dire aussi quelques mots à propos de celui que j’appellerais affectueusement “L’homme aux papillons”! (Il aimait beaucoup sculpter dans le bois des papillons aux ailes multicolores)
“L’homme aux papillons” avait un handicap. Tombé d’un cheval quand il était petit, il lui en restait des séquelles. Ce qui ne l’empêchait pas d’être extrêmement fidèle en amitié et persévérant dans ses initiatives. Un magnifique exemple de cette persévérance me revient sans cesse.
Il assistait parfois aux réunions d’équipe du dépanneur, même s’il ne saisissait pas toujours ce dont nous parlions. Lors de l’une de ces réunions, il comprit que nous avions un problème : l’absence de plancher dans la grande salle communautaire. Seules de vieilles feuilles de contreplaqué abîmées recouvraient le sol en béton, feuilles sur lesquelles les enfants pouvaient à tout moment, en jouant, se blesser avec des échardes.
Un ami du dépanneur avait tenté de nous aider en récupérant des planches de bois franc dans une maison qui avait été inondée. Mais nous avions vite déchanté, parce que toutes les planches qui avaient été sommairement arrachées du sol étaient traversées d’impressionnantes broches en métal que personne d’entre-nous ne parvenait à retirer, tant elles étaient profondément ancrées dans le bois franc. Nous avions donc remisé ces planches au sous-sol.
Plusieurs semaines après cette rencontre, nous nous aperçûmes que notre “homme aux papillons”, sans dire un mot à personne, passait le plus clair de ses journées assis dans le sous-sol sous la faible lumière d’une ampoule, à retirer les broches une à une des planches. Il s’était armé d’une minuscule pince, et, ne me demandez pas comment, à force de zigonner après les broches métalliques, il parvenait à les extraire. C’est ainsi que quelques mois après, après un extraordinaire jeu de patience de notre ami, nous avons pu installer un plancher de bois franc dans la salle communautaire. Un véritable miracle!
Comme nous l’avons maintes fois constaté dans cette initiative communautaire, les personnes qui semblent parfois les plus dysfonctionnelles ou handicapées au regard de la société, recèlent de dons et de capacités insoupçonnés.
L’homme aux papillons était de ceux-là, et toutes les personnes qui l’ont fréquenté reconnaissent avoir beaucoup appris de lui.
Un matin, il est tombé de sa chaise, comme il était bien des années plus tôt tombé d’un cheval. Son cœur a tout simplement cessé de battre en ce monde.
Dans les apparences seulement, car son cœur continue de vivre en celles et ceux qu’il a aimé et dont il se savait aimé. Et surtout, libéré des limitations qui ont entravé sa vie sur terre, je suis persuadé que ses ailes de papillon se sont maintenant pleinement déployées à la façon des ces splendides monarques qu’il admirait!
Nous l’aurions fêté en ce 24 juin, je suis honoré de l’avoir eu comme coloc!
Il y avait, dans un des coins de la grande salle du dépanneur Sylvestre, un petit espace dédié à la lecture :
Une petite bibliothèque, une plante verte, une lampe sur pied et de quoi s’installer confortablement.
Quelques uns d’entre-nous avaient offert l’intégralité de leur collection personnelle de livres, entre autres des ouvrages sur l’alimentation et la santé. Mais ce qui a rencontré le plus grand succès, c’est la section bande dessinée!
Ce petit coin BD est devenu rapidement un oasis d’intériorité et de tranquillité.
Par la suite, un nombre croissant de personnes ont commencé à emprunter les volumes pour les lire chez eux, jusqu’à ce que ces BD du dep finissent par agrémenter progressivement leur propre collection personnelle. Le dépanneur aura ainsi contribué, sans l’avoir cherché, au rayonnement de la bande dessinée francophone en Outaouais!
Ce coin de lecture était également le lieu où était situé le téléphone public, ce qui en faisait la “boite téléphonique” la plus confortable du quartier. Les résidents des alentours et les clients du dépanneur n’hésitaient pas à s’y installer pour de longues conversations!
Pause tendresse
Dans les débuts du dépanneur Sylvestre, nous assurions la permanence sur le plancher durant de très longues heures, près de 14h par jour, 7 jours sur 7. D’où une certaine fatigue, que nous ressentions en particulier durant les périodes creuses.
Il y avait un sofa dans un coin de la grande salle, et il arrivait que l’une d’entre-nous s’y installe pour reprendre son souffle. Et quand il y avait une ou deux autres bénévoles qui voulaient également s’y reposer, nous n’avions pas d’autres choix que de se coller un peu.
Parfois ces pauses nous permettaient d’exprimer un peu ce que nous vivions, entre autres un certain découragement dans les périodes les plus difficiles. Il arrivait alors que des gestes de réconfort et de tendresse soient spontanément partagés pendant quelques instants.
Dans les débuts, lors de la création du dépanneur Sylvestre, il n’y avait pas grand chose de véritablement “calculé”.
Bien sûr, au quotidien, nous avions un horaire et des activités régulières, tels la production alimentaire et les soupers. Mais ce qui faisait la vitalité du dep, c’était un débordement d’initiatives spontanées que personne n’avait planifiées.
Tout en maintenant une structure de base, cela faisait partie de la culture organisationnelle de laisser beaucoup d’espace à la spontanéité. Sur l’image, un habitué du dépanneur Sylvestre improvise en avant de la façade.
Sur le panneau d’affichage, on peut lire la slogan de cette époque : “Les mains à la pâte!” soulignant la participation aux activités de transformation agro-alimentaire du dep.
En dessous, un aperçu de la mission telle qu’elle se vivait à ce moment là : “…pour retrouver le sens profond de la solidarité, de l’entraide et du don de soi”, ce qui ne se limitait pas uniquement aux activités locales.
Au dépanneur Sylvestre, les plus belles rencontres se faisaient souvent en marge des activités que nous avions planifiées!
Dans le sens que la magie ne tenait pas tant à notre capacité d’organiser tel ou tel autre événement, mais bien à l’ampleur de l’espace et du temps qui entourait cette activité, favorisant toutes sortes d’imprévus.
Un bon exemple : les brunchs du dimanche matin, Une activité populaire qui attirait des personnes de tous les horizons. Même si le buffet servi était très généreux, le plus beau se passait souvent en marge du brunch lui-même, particulièrement durant la belle saison.
L’intérieur, comme l’extérieur du dépanneur, se transformait alors en espace récréatif. Les enfants s’en donnaient à cœur joie, entrainant les adultes dans leurs jeux.
Même du côté de la face nord du dep, moins fréquentée. Il y avait là une ancienne trappe, peinte en orange, qui servait antérieurement à livrer les caisses directement dans le sous-sol du dépanneur. Les usagers du dep, ainsi que les enfants en quête d’un peu de tranquillité, se retrouvaient fréquemment en ce lieu.
Ici, un des “bébés” du dep (elle venait de naître lors de l’ouverture du dépanneur), entraîne une des habituées des brunchs dans l’espace imaginaire des jeux de l’enfance. Quelques petites roches, ramassées à même le gravier du sol, devenant les personnages d’un extraordinaire récit.
Quand nous avons acheté le fond de commerce du dépanneur Sylvestre, nous n’avions pas encore la grande salle dans le local d’à côté. Une minuscule cuisinette, située juste à droite en entrant, servait alors d’espace d’exploration pour de nouvelles activités, à la grande surprise des clients.
Ce petit espace et les activités qui s’y déroulaient suscitaient bien des interrogations et des commentaires.
Un jour, un jeune homme est rentré avec son cellulaire à l’oreille. Il parlait à voix haute avec sa mère qui était au bout du fil.
Arrivé à la caisse, il dit à sa mère : “hé mom, ils sont ben fous dans ce dépanneur, ils sont en train de dessiner dans un coin!”
Puis, après avoir payé ses achats à la caisse, il sort.
Deux secondes après, il ouvre à nouveau la porte, tend sa tête dans notre direction, et s’écrie : “En tout cas, je vous aime!”
Puis il sort et continue son chemin dans la rue.
Pour ce qui est du fonctionnement du dépanneur lui-même, les clients percevaient bien que nous n’étions pas des véritables commerçants.
En fait, aucun d’entre-nous n’avait de l’expérience dans la gestion d’un dépanneur.
Nous avions un peu l’impression d’être des enfants qui “jouaient au petit magasin”. Plus souvent qu’autrement, il nous fallait faire attendre les clients à la recherche des prix de chaque item, et aussi retrouver ce qui était taxable ou ne l’était pas.
Petit à petit, nous avons progressivement abandonné la vente de certains produits, à la demande de personnes en inclusion qui y voyaient des incitations à consommation et à l’entretien des dépendances. Nous avons ainsi été le premier dépanneur de la région sans bière ni cigarettes!
Les illustrations ont été réalisées à l’époque dans le cadre d’un projet de site interactif à propos du dépanneur Sylvestre en collaboration avec “Parole citoyenne” de l’ONF
Le jour même de l’achat du fond de commerce du dépanneur Sylvestre, la grande salle désaffectée du local d’à côté suscitait déjà notre attention!
En fait, la présence de ce local vide juste à côté du petit dépanneur de quartier a été déterminant dans notre décision d’acheter.
Quelques mois plus tard suivant l’acquisition du fond de commerce, notre propriétaire, M. Desrosiers, nous prêtait gracieusement la salle à condition de la rénover.
C’était un ancien entrepôt de légumes. L’espace était abandonné depuis un certain temps, les murs étaient jaunis et décrépis, le sol était recouvert de morceaux de contreplaqué rugueux. Les fenêtres étaient recouvertes de papier brun. Un éclairage blafard au néon plombait la salle.
Et surtout, il faisait très froid. Nous avions quand même décidé de tenir une première réunion dans cette salle, munis de nos manteaux et d’une chaufferette. Question de savoir comment nous allions faire pour la rendre habitable.
Sauf qu’après s’être cotisé pour acheter le fond de commerce du dépanneur, il ne nous restait plus un sou en poche.
C’était le tout début de ce qui est devenu une épopée de mobilisation communautaire!
Imaginez si votre dépanneur (ou épicerie) du coin se transformait, pour devenir un espace où le mot « dépanner » prend tout son sens, un mobilisateur d’entraide collective et de solidarité au-delà des frontières, un lieu de rencontre et d’inclusion accessible à toutes et à tous sans discrimination.
Le dépanneur Sylvestre est une initiative citoyenne d’entraide, de solidarité et d’inclusion qui a vu le jour en 2002 à Gatineau.
En résumé, l’histoire du « dep », c’est plus de 10 000 soupers et brunchs à contribution libre servis à des tables communes où se côtoient toutes les couches de la société, au-delà d’un millier de soirées-spectacles, conférences, rencontres thématiques, présentations de films, ateliers divers, célébrations ou autres événements à portée sociale et culturelle, tous à entrée libre, ainsi que plusieurs activités orientées vers l’alimentation saine, une petite friperie, diverses formes d’assistance et petits dépannages, …et tout cela sans subvention au fonctionnement.
Raconter l’histoire de dépanneur Sylvestre, en images et témoignages!
Pour celles et ceux qui connaissent le dépanneur Sylvestre, et tout autant pour les personnes qui en ont jamais entendu parler, nous avons décidé d’essayer de retracer son histoire, “une image à la fois”!
Et plutôt que de rédiger le récit de façon linéaire et dans l’ordre chronologique, nous avons choisi de commencer par la mise en valeur des petits instants de vie partagée qui ont fait la richesse de cette aventure citoyenne. Et de reconstituer ainsi, petit à petit, les étapes de cette initiative communautaire multidimensionnelle!
Une naissance dans la fragilité et la précarité
L’aventure du dépanneur Sylvestre a débuté dans une grande fragilité et précarité. Et la survie de cette petite initiative citoyenne à requis les soins et l’attention d’une grande famille de bénévoles avant qu’elle puisse commencer à déployer ses ailes.
Aujourd’hui, notre “petit bébé” aura bientôt 20 ans, il a quitté la maison familiale du 9 Fortier et s’apprête à s’envoler vers de nouveaux horizons!
À suivre…
Nous vous invitons cordialement à suivre cette aventure au fil d’articles qui seront publiés sur cette page web et dont certains ont déjà été diffusés sur les réseaux sociaux.