Construire une multiplane avec une table de chevet

Les tables d’animation et multiplanes m’ont toujours fait rêver. J’en ai construit plusieurs dans ma vie, des grosses et des petites.

La possibilité de donner vie à tout un monde imaginaire dans un petit espace intérieur m’émerveille depuis tout petit.

Il n’y avait pas de télévision chez nous. Mais quand j’allais chez des amis qui en avaient une, j’étais littéralement fasciné par le miracle de la vie qui s’animait dans cette petite boîte! Et en particulier lorsque c’était des petits personnages dessinés qui se mettaient à bouger et à parler.

Je me souviens d’avoir très jeune pris une boîte de carton, avoir découpé une ouverture sur un des côtés en arrière de laquelle j’ai fixé un morceau de papier calque en guise d’écran. Cette “télévision” artisanale ne fonctionnait évidemment pas mais j’étais très satisfait de cette création que je contemplais longuement.

Je suppose que j’ai dû parler de cette fascination que j’avais pour l’animation puisque plus tard mes parents m’ont offert un livre d’un monsieur qui racontait comment il avait réussi à se monter une petite table d’animation en amateur.

Je passais des heures et des heures à regarder les images de ce livre. On y voyait ce monsieur très sérieux (on aurait dit un technicien de laboratoire), les cheveux soigneusement peignés par en arrière et portant des gants blancs, se pencher sur l’univers qu’il était en train de soigneusement créer.

Il montrait comment il avait créé une multiplane à trois étages. Le premier étage, celui du fond, servait à faire défiler les décors. Le deuxième était consacré aux personnages et le troisième, celui du haut, était dédié aux éléments en avant-plan. Le tout permettant d’animer et aussi d’éclairer les divers plans indépendamment l’un de l’autre. Tout en haut de la multiplane trônait la caméra. J’étais subjugué.

Je me suis rendu compte beaucoup plus tard que ce n’était pas tant de créer des films d’animation qui m’intéressait mais plutôt d’affirmer cette possibilité que tout un monde puisse surgir d’un espace intérieur, qu’il s’agisse d’une table d’animation, d’un castelet de marionnettes ou même d’une simple crêche.

Étant avant tout du type rêveur, je reconnais que je suis plutôt mal équipé pour appréhender le monde extérieur et m’y tailler une place. Cette possibilité de se pencher sur un univers créé dans un tout petit espace me réconfortait, et me gardait dans l’émerveillement de la petite enfance!  

Donc, en plus des castelets de marionnette, théâtre d’ombres et autres, j’ai construit plusieurs tables d’animation, l’une avait huit pieds de haut, d’autres se limitaient à de simples bancs de copie. Je cherchais toujours la solution la plus souple, la plus polyvalente, construisant, déconstruisant, et reconstruisant en recyclant les mêmes accessoires et materiaux.

Mais la plus économique, simple et rapide à assembler est celle que j’ai créée en utilisant une simple table de chevet de chez Ikea et des cadres vitrés du dollarama. Je l’ai construite pour une de mes jeunes étudiantes qui voulait se familiariser avec l’animation sur table.

La table d’animation “multiplane” à son plus simple, une fois montée.

À noter : la cache noire sur le plateau supérieur qui empêche la lumière de se refléter sur les vitres des plateaux inférieurs, avec un minuscule trou pour la prise de vue, effectuée dans ce cas-ci au moyen d’un téléphone portable.

Juste en dessous un porte filtre et accessoires d’avant plan (non visible sur la photo).

Puis le cadre vitré des personnages, et enfin en arrière plan celui des décors.

En pratique, cela demande au préalable un peu de réflexion pour concevoir quels sont les éléments qui seront répartis sur chaque plan.

Ensuite vient le temps de la création des personnages.

Puis la mise au point de l’appareil photo, dans ce cas-ci celui d’un cellulaire.

Et enfin la prise de vue du mouvement des personnages.

Vue en plongée de la multiplane

Résultat final à la caméra, la multiplane contribuant à l’effet de relief et de profondeur de la scène.


Premier prix de création artistique…

Si cela ne tenait qu’à moi,
je décernerais le premier prix de création artistique à …la nature!

Quelle merveille et quel mystère que l’infinie beauté qui se manifeste tout autour de nous!

La nature, et tout ce qui prévaut à sa création, procède par surabondance en grâce et en générosité.

On imagine très bien que la nature pourrait être beaucoup plus “économe” dans ses manifestations s’il s’agissait d’assurer la simple survie des espèces.

Il me semble que si le créateur, quel que soit le nom qu’on lui donne, était plus raisonnable, s’il avait une attitude de commerçant ou de fonctionnaire cherchant l’efficacité et la rentabilité, la nature serait beaucoup plus sobre et fonctionnelle dans son déploiement.

Mais non, si nous y regardons de plus prês, il n’y a que cette folle prodigalité, que cet excès de générosité, qui éclate dans cette infinie variété de formes et de couleurs!

Et si il n’y a aucune conscience ni intelligence à l’origine du monde, que la vie serait purement accidentelle comme il nous plaît de le prétendre, pourquoi la nature, malgré tous les accidents de parcours, cherche-t-elle tout le temps à revenir vers l’harmonie?

Il faut bien qu’il y ait quelque part une autre raison que celle du raisonnable! Pourquoi tant et tant de don et de beauté? C’est quoi l’utilité de ce débordement si ce n’est pour montrer la magnificence de ce qui anime l’élan de toute vie.

Pourquoi une fleur s’habillerait de tant d’apparats alors qu’elle ne peut elle-même en constater la beauté dans un miroir, n’ayant aucun organe lui permettant de voir. Pourquoi donc, à l’aveugle, elle se donne autant, rivalisant de grâce et d’abondance?

Pourquoi tant de variété, pourquoi tant de gratuité, pourquoi tant d’ingéniosité dans la manière de s’offrir à la vie?

Si elle ne le fait pas pour elle-même, dans son propre intérêt, pour qui donc se déploie-t-elle ainsi?

Est-ce que la fleur à été créée pour la ravissement de l’être humain? Ou est-ce l’être humain qui a été créé pour contempler la fleur?

Je n’ai pas de réponse.

La beauté est pour moi un mystère, un “plus” qui donne un tout un autre sens à la vie!

Toutes les photos on été prises dans le jardin entourant l’atelier du 10 Fortier. Merci à celle qui a patiemment semé toute cette généreuse beauté!