Même quand ça semble totalement inconcevable, il y en a toujours qui réussissent à trouver d’autres façons d’affronter l’impossible!
J’ai été élevé dans les montagnes. Ou plutôt devrais-je dire, ce sont elles qui m’ont “élevé”, qui m’ont donné le sens des hauteurs et des profondeurs.
J’ai appris très tôt à grimper en faisant corps avec la paroi, en m’agrippant aux aspérités rocheuses, entièrement concentré sur la prochaine prise, sans regarder en avant et encore moins en arrière.
Des fois, avec des camarades, nous regardions passer ce que nous considérions comme des véritables alpinistes, tout équipés, avec leurs bottes à clous, leurs cordages, piolets, pics, mousquetons, etc. Armés de leur courage ils s’en allaient vaincre les plus hauts sommets!
Et puis un homme est venu, épris d’une immense liberté, qui a révolutionné le monde de l’escalade, inspirant de nombreuses personnes, hommes et femmes.
Souvent torse nu et sans équipement ni aucune forme de sécurité (ce que je conseille à personne), au mépris de toutes conventions, il escaladait seul d’immenses parois verticales, effectuant en souplesse et sans hésitations une véritable chorégraphie alpestre.
Son but n’était pas d’atteindre des sommets inégalés, ni de se donner en spectacle, mais tout simplement d’affronter ses propres limites, en cherchant à enchaîner les prises sans heurts, dans une forme de danse, tout en légèreté et fluidité. Comme en témoigne l’un de ses amis :
“Il avait l’art de savoir jouer avec les difficultés en donnant l’impression de pouvoir les effacer sous ses doigts, alors que ses jambes orchestraient les pas d’une chorégraphie surréaliste. Il se servait des écueils naturels de la paroi comme éléments, comme matériel pour en faire les alliés de sa progression.”
Découvrir cet homme, Patrick Edlinger, m’a replongé dans mon enfance alors qu’avec mes amis nous grimpions allègrement la montagne comme des petits lézards.
(Pour la petite histoire, j’ai depuis pris conscience des dangers et monter sur une simple échelle me donne le vertige!)