Dans son livre «Birthing the Easy Way»*, Sheila Stubbs écrit : « Everything I needed to know about birthing, I learned from breastfeeding » (Tout ce que je devais savoir sur l’accouchement, je l’ai appris en allaitant). Pour moi aussi, l’allaitement a été une source d’apprentissage. Voici quelques leçons que je partage avec vous.
1 – S’abandonner à l’expérience
Les hormones relâchées durant l’allaitement incitent à l’abandon. Lorsqu’on lâche prise sur les autres choses qui se passent autour de nous, on peut se perdre au plus profond des yeux de notre enfant et contempler tout l’amour qu’on a pour ce petit être. C’est une bonne habitude de prendre des pauses qui nous permettent de jouir de la vie.
2 – Le contact humain est important.
Le bébé réagit très vite au contact de la peau. De plus en plus de recherches prouvent les multiples bienfaits du peau-à-peau où le parent et le bébé nus sont en contact direct. Cette pratique permet entre autres de contrôler la température et le rythme cardiaque du petit et de l’inciter à boire. Nous sommes des êtres sociaux. À tout âge, l’être humain a besoin d’être touché.
3 – Suivre son instinct
Les recommandations changent avec l’avancement de la science; alors que l’on prônait de coucher le bébé sur le ventre et de ne pas introduire des aliments potentiellement allergènes avant la première année, maintenant c’est tout le contraire. L’allaitement m’a appris à suivre mes instincts en plus de ce que dictent les spécialistes. Avoir l’information nécessaire pour entreprendre sa vie, c’est bien, mais on devrait se faire confiance pour savoir où nous voulons aller.
4 – Refaire un geste qui a été fait depuis des millénaires est mystérieux et fascinant à la fois. La perte des connaissances collectives traditionnelles reliées à ce geste est une chose terrible.
Les connaissances sur l’allaitement ont étés abandonnées par la mode et la société moderne pour faire place aux nouvelles pratiques « civilisées » (voir mon article sur l’allaitement : Qui allaitait encore dans les années 50? ») Je pense avec douleur à toutes ses langues, traditions et coutumes qui ont été volées aux indigènes et qui ont fragilisé notre monde.
5- Être un exemple peu aller plus loin qu’on ne le croit.
Avant tout, on apprend par ce qu’on voit de façons régulières (lire mon article Echele Leche). Agir en tant que bon exemple est bien plus important qu’on peut le penser. C’est à la base, je crois, d’être un bon parent.
6 – On a des capacités dont on ne se doute même pas.
Produire une nourriture complète pour son bébé, c’est quand même incroyable (pas autant que de donner naissance, mais pas loin derrière). Des pouvoirs sont cachés en nous. Il s’agit seulement que l’occasion se présente, qu’on soit mis à l’épreuve ou que, tout simplement, on essaie, pour les faire ressortir (voir mon article sur le courage).
7 – Le corps est une machine capable d’adaptation, de merveilles et parfois de miracles.
Un bébé qui se remet à téter de lui même après avoir refusé le sein pendant plus d’un mois, une mère adoptive qui, avec de l’aide, provoque une lactation, un homme qui arrive à tirer du lait, le corps humain est fascinant!
8 – Prioriser
Lorsque j’ai dû choisir entre prendre une douche ou dormir lors d’une sieste de bébé, j’ai compris à quel point mon temps était précieux. Il y a des choses qui valent le temps que je leur donne, d’autres moins.
9 – On ne devrait pas se mesurer par ce qu’on n’a pas atteint, mais par ce qu’on a réussi à faire.
Lorsqu’on travaille beaucoup pour obtenir quelque chose, on a tendance à voir ce que l’on n’a pas réussi à accomplir. Il faut célébrer toutes les petites réussites.
10 – Quelquefois, on a juste besoin de pleurer sur l’épaule de quelqu’un qui comprend pour que la situation s’améliore
…et quelquefois on a juste besoin d’être écouté pour trouver réponses à nos questions.
11 – Le minimalisme
Chaleur, réconfort et bienveillance font le bonheur du bébé rassasié par le lait maternel. Un bébé contenté par le sein nous rappelle qu’il en faut bien peu pour être heureux.
12- Il y a une différence entre persévérance et acharnement
L’allaitement est un acte de douceur et de tendresse. Le stress et l’anxiété de performance sont nuisibles à la production de lait. Les seins ne sont pas des muscles qu’on fait travailler avec force ou qu’on masse avec vigueur, mais du gras et des glandes sensibles qui réagissent au toucher et la stimulation d’une petite langue. Alors que la persévérance est de passer par dessus des difficultés en allant chercher de l’aide et du soutient, l’acharnement est de poursuivre un but avec force en ne respectant pas ses limites.
C’est tout… bien sûr que non, mais tout ça m’a donné soif. N’hésitez pas à ajouter vos leçons de vie dans les commentaires!
* Sheila Stubbs, “Birthing the easy way from someone who learned it the hard way”, 2005, p.51
Merci Nathalie de résumer de manière tendre et succincte toute cette richesse que nous avions progressivement découverte en travaillant dans le projet “Naissances d’ici et d’ailleurs”. L’accouchement et l’allaitement sont des sujets inépuisables, une vraie corne d’abondance!