Pour le commun des mortels je suis que tonnerre qui gronde fort, et crie devant ciel d’orages et d’éclairs
Hérité sur des générations, il gronde, ce tonnerre, ravage tout sur son passage, moi la première ces tempêtes saccagent mes rives périodiquement…
Comme si je me changeais en Louve-garou, Lorsqu’éclate l’accumulation Un trop plein De stress, de peurs, d’anxiété, Face à l’inconnu, au mystère Ou aux trous à combler à mon horaire (de soins) La maladie évolue, misère…
Et je fuis… Puis pouf, Éclate un trop plein d’une mascarade, d’une parade où défilent peur du jugement, auto-censure. Où tout doit rester en surface et surtout pas déranger, Taire ce qui m’habite Vite le couvercle sur la marmite ! Pour fuir mon appel profond qui murmure.
Toute ma vie, j’ai fuis. Les gros mots, les tensions, l’intensité, les cris même ceux enfouis bien profond. Comme tant, je fuis… et me réfugie sur les écrans, ou toute forme d’occupation, ou de bonbon, tout, plutôt qu’oser la rencontre avec le dragon.
Plutôt qu’entendre, essayer de comprendre, tendre la main, apprivoiser cet être, cette bête sauvage blessée… folle, pleine de tendresse, de sensibilité, d’authenticité, de beauté et d’une grande liberté !
Ce dragon fou, rempli de bonnes intentions, d’un feu intérieur qui réchauffe… et de passion… Et aussi truffé de blessures tellement grandes qu’elles bloquent lumière, et chaleur et paralysent.
Nous sommes des êtres de contradiction. Tissés d’ombre et de lumière. La lumière perce et brille chaque fois que j’arrive à embrasser le dragon qui vit en mes profondeurs, chaque fois que j’écoute et improvise un corps à corps avec ces parties de moi qui peuvent me paraître comme noirceur ou malédiction.
Même si c’est le parcours d’une vie, avec la plupart du temps, une relation plutôt chaotique avec la SP et ses défis…et aussi ce cher dragon.
« (…)parce que tous les nuages du monde n’empêchent pas les pleines lunes »
—Grand corps malade
photo tirée du site Unsplash
Maladie et handicap nous font vraiment tous grandir.. dans nos façons de vivre et ressentir, aimer, voir et communiquer.
Ça m’a touchée quand, suite à mon dernier article, une amie m’a offert de voir si elle pourrait créer quelque chose de plus confo..ou en tous cas améliorer le modèle des culottes…et ça m’a aussi fait craindre que mon texte ait pu être perçu comme si la SP (ou SEP) est TROP difficile ou qu’on y lise ‘’cette saloperie de sclérose en plaques’’, tel que la présentait un article paru dans un grand quotidien ces dernières semaines…
Le journaliste parlait d’un futur auteur atteint de SP, que j’étais heureuse de découvrir. En fauteuil motorisé, cet homme incroyable arrive à écrire sans l’usage de ses mains. Est monté en moi juste le goût de lui dire wow! Chapeau! Tu m’inspires!..et de lui dire aussi que ça m’a fait vraiment chaud au cœur de lire qu’il se promène chaque jour en forêt (les promenades en forêt me manquent beaucoup, depuis que je suis en fauteuil) !! C’est ce que j’ai retenu de l’article. Qui parlait aussi du fait qu’il doive maintenant vivre en CHSLD, même à moins de 50 ans… Et de l’isolement qui s’ensuit…
J’essaie de comprendre ce que cet article est venu tant remuer en moi. Il y a évidemment la peur que la fatalité soit l’arrière-goût amer qui reste après la lecture de mon dernier texte publié sur mon blog. Qui parlait de la culotte.
Des mots comme: « (un homme de), 47 ans, prisonnier de son corps, ne choisit plus grand chose » me font aussi peur que je me mette (ou qu’une autre personne ayant la SP ou nos proches en vienne) à associer automatiquement SP et souffrance et malheur extrême, fin des jours heureux, des projets, de réalisation de ses rêves et passion..et mission…fin de vie, quoi!! Que ces mots devenus maux en viennent à nous définir…
image puisée sur le web
J’aimerais tant montrer un visage de la SP, du handicap ou de toute vulnérabilité qui soit moins noircis au gros marqueur!
Et je sais, je sais, ça peut paraître loulou, fleur bleu ou insouciant..ou même déconnecté…soit, j’assume !
On a aucune prise sur la façon dont le lecteur comprendra ou recevra un texte.
Chacun perçoit la vie, les gens, les tuiles qui lui tombent sur la tête ou les belles surprises selon les lunettes (peurs, histoire de vie, relations…) qu’il porte.
Et trop souvent, quand on parle de maladie ou de handicap (et des gens qui le vivent), les mots utilisés sont conditionnés par la peur ! Ou perçus à travers ce même prisme.. et c’est blessant.
J’ai vécu la douleur de l’impuissance devant les souffrances d’amis proches ou moins proches, souffrances menant au décès…même à mon âge, et des complications liées à la sclérose en plaque ou de cancer.. Maladies et souffrances que j’aurais voulu leur arracher..
Et combien de larmes ou mots durs avalés ou cachés derrière un sourire, une caresse pleins de chaleur et d’espoir, de soutien..aussi..pour dire combien je crois en la personne, en sa force, toute la lumière qui l’habite..au-delà de maladie ou épreuve…
Me rappelant que pour moi, toujours, les encouragements, sourires, mots justes et vrais, teintés de chaleur et/ou remplis de confiance m’ont donné des ailes! Même s’ils ne m’ont pas guérie.
Je vis avec cette maladie depuis 22 ans. Et suis aussi en fauteuil motorisé. Et oui, il y a des moments vraiment pas faciles..
Mais qui n’a pas de défi? Qui peut se vanter de ne vivre aucune épreuve? Il est clair que certains sont plus apparents que d’autres… Et évidemment plus dérangeants, socialement aussi, on s’entend.
J’ai jamais souhaité avoir la SP, (dès le diagnostic, j’avais une peur bleue du fauteuil roulant: j’étais assurée que ce serait ma mort si un jour..et ceux qui me connaissent pourront, je l’espère, témoigner que je suis toujours bien vivante, même si beaucoup moins active, fatiguée, et affectée de plusieurs façons par la sclérose et le handicap..
La vie n’est pas rose bonbon. Ni QUE noire. Pour personne. Mais maladie, handicap, perte d’autonomie ou autre défi comportent aussi leur lot de grâces insoupçonnées, pour peu qu’on puisse les percevoir..même quand elles sont particulièrement bien planquées (comme en parle Grand corps malade).
De plus en plus, je vois à quel point tout est question de perception.
Le fameux verre à moitié vide ou à moitié plein..
Ma trouille du fauteuil roulant (épée de Damoclès qui me pendait au-dessus de la tête dès le diagnostic ) m’a fait fuir les personnes en fauteuil … ces personnes qui étaient pour moi devenues invisibles parce que je projetais sur elles ma peur..
Nos perceptions (trop souvent reflet de nos peurs que l’on projette..) et nos façons de les communiquer ont un tel impact !
Il y a rien de tel que la chaleur de des encouragements et des sourires ! Et de l’amour et de l’amitié.
Au travers la maladie, il y a la Vie !
Il y a les nouvelles mission et rêves qui prennent forme. Même différemment, même de façon boiteuse ou lente, ou maladroite…
Il y a aussi l’entraide qui change des vies !
Qui change la mienne: ces mots m’ont presque fait oublier le cadeau inestimable de pouvoir rester chez moi, dans mon logement, grâce au soutien inespéré d’une petite communauté, sans qui mon regard sur la réalité serait bien différent ! Mille mercis encore et encore.
Merci tellement à ceux et celles qui osent voir les fleurs qui poussent à travers le béton! Reconnaître la Vie en la personne, mettre de l’avant ses réalisations ou juste même ses bonnes journées ou ce qui la fait vibrer plutôt que de parler de ‘’salopererie de maladie’’.. Merci à ceux et celles qui osent dépasser la laideur du fauteuil ou des culottes ou de la fatigue extrême pour voir la personne, une amie, une personne à part entière qui oui, a un handicap, mais contribue à sa mesure, même bien différente, à sa communauté.
crédit photo: François Roy
Merci mom, et mes ami-e-s et ma famille pour votre précieux soutien, amour, et aussi de me voir avec SP et fauteuil (bien difficile à cacher…), mais aussi, bien au-delà!
J’ai ici une pensée toute spéciale pour mon ptit p’pa, qui a toujours eu la force de m’encourager, au fil des différents deuils, et même eu le courage (à l’époque, je parlais plus de culot…) de m’apporter (sans me consulter) ma première manchette… Je lui en ai voulu…même si je savais que c’était pour m’aider..et que ce devait pas être facile pour lui… en fait, aujourd’hui je suis certaine que son cœur de père saignait en dedans..mais son geste me disait: vas-y! J’ai confiance en toi!
Peu nombreux encore sommes-nous à vivre, chaque jour,
et quatre fois plutôt qu’une,
le défi de la culotte:
dont voici l’histoire (ou l’anecdote):
Pour pallier sa vessie
qui ne répond plus pour cause de maladie,
la sorcière Mai a choisi
d’oser porter des culottes,
question de pouvoir continuer ses pérégrinations.
Or, malgré la patience et persévérance, et les bonnes intentions
de ses aidants, et même ses propres incantations,
force lui est de constater que cette invention est de la pure fumisterie à la con !!
Conçue pour faire monter toutes sortes de jurons!
Pour les incultes,
(la majorité chanceuse des adultes),
permettez-moi de vous mettre un peu au parfum
(je vous dis tout de suite:
toute apparence de jeu de mots est fortuite),
les charmantes culottes d’incontinence
sont d’une apparence tendance
à la bonhomme Michelin…et, quoi de mieux:
d’un confort des plus douteux.
Qu’importe que l’on soit une femme de petite taille: la super culotte parachute (qui est, semble-t-il, la plus absorbante..mais qui oblige quand même à y ajouter un pad pour éviter les fuites), fait trop souvent entre les 2 jambes l’un de ces paquets, dignes de rendre jaloux le mieux nanti des étalons..
Ainsi, je vous dis pas l’innommable patience:
Impossible de passer sous silence
les dons, talents et tours des précieux auxiliaires de la sorcière
pour lui assurer un minimum de confort..
Pas facile, elle qui a la peau si fragile…(elle jalouse les crocodiles ..)
Très souvent, on doit faire des pieds et des mains, faire preuve de patience, de persévérance, de compassion, d’empathie..développer dons et pouvoirs magiques !
Quelle chance: l’univers a envoyé au secours de la sorcière Mai une équipe volante fort sympathique !
Des gens dotés ou qui ont développé et/ou affiné des pouvoirs empathiques,
qui permettent à Mai de continuer à voler, au-delà de toute logique 🙂
***
Merci tellement à tous les anges mes amis
pour cette patience qui me touche au plus haut point ! (Margareth, Dan, Marcel, Daniel, Suzie, Marie, Livia, Christiane, Michel, Alexandre, les anges du matin (auxiliaires du CLSC))
Merci d’accepter ce petit geste de plus, et de m’aider à me sentir le plus confortable possible,
mais aussi de me sentir quand même coquette et bien dans ma peau et prête
à reprendre au quotidien l’épopée, et monter mon balai brisé !
La demande de révision de la décision a porté fruit!
L’autorisation de remboursement du traitement (reconnu pour ralentir l’évolution de la SP) a finalement été renouvelée pour une autre année!!
Merci la Vie!
Même si c’est pas une cure, ça enlève un gros poids…(quand même lourd, une épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête..et même juste son ombre!
Fiou, quel cadeau, à l’aube de la nouvelle année, de pouvoir espérer que la SP demeure stable, et continuer sur ma lancée avec peut-être de nouveaux ateliers/exposition/présentation de ma démarche à d’autres personnes vivant avec maladie et ou handicap… j’aimerais tant que cette démarche de changement de regard par le dessin /peinture contemplatif du corps nu handicapé (ou malade) dansant et ou en relation, que cette démarche qui m’a ramené, m’a réanimé, puisse aussi servir à d’autre non pas juste de bouée de sauvetage mais aussi et surtout de tremplin!
Et j’aimerais tant aussi, au passage, contribuer à défaire les préjugés si tenaces sur le handicap..montrer la grandeur et la beauté du corps, quelque soit sa condition !
Et soyons fous! un autre souhait pour cette nouvelle année: contribuer par mes dessins ou mes toiles, à doucement ouvrir une brèche dans la dureté des tabous entourant les relations amoureuses des personnes vivant avec handicap..de ces jugements trop généralisés selon lesquels une personne en fauteuil roulant accompagnée d’une autre personne est forcément avec un aidant/employé, à qui l’on s’adresse d’ailleurs généralement plutôt que nous parler directement…
Facile de prendre la vie pour acquis.
Mais quand tombe une nouvelle plate, plate comme une lettre de la RAMQ qui t’annonce que le traitement que tu prends pour ralentir l’évolution de la maladie dégénérative, cette chère SP, ne t’es plus autorisé (payé)…
Tant de gens vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête..
Sur la corde raide.
… J’espère tant pouvoir continuer à recevoir ce traitement qui ralentit l’évolution de la maladie… Une demande de révision a été faite, et j’ai appris qu’il est possible de faire une demande de compassion auprès de la compagnie qui fabrique le produit (si la RAMQ refuse toujours)..
Drôle comment ces périodes d’incertitude, de flou, de néant me font vivre des éclairs de lucidité
Où la richesse et de la vie
M’est plus évidente et précieuse que jamais.
photo tirée du site de National Geographic
Surtout là, maintenant, où
j’ai le vent dans les voiles, et me sens
portée, et l’énergie de poursuivre sur la lancée de ma participation à un symposium sur l’art et le handicap à l’université Concordia de Montréal (où j’ai offert une présentation dans le panel: Arts inclusifs: artistes atypiques de Montréal..et exposé mes dessins ! (**)
Trop bon de pouvoir encore me sentir avoir le vent dans les voiles..
D’avoir réussi à présenter une démarche que j’ai développée au fil des ans, et qui m’aide chaque jour à transcender la SP,
les défis de la maladie et du handicap,
dont le capacitisme et autres préjugés du même acabit..
Alors oui, même s’il y a les lendemains où les voiles semblent fragiles,
où l’énergie et le moral redescendent…et vacillent
Je sens tellement fort le besoin de pouvoir continuer à recevoir ce traitement!
Ouais, ok, mais ici, là, maintenant, j’ai envie de choisir que traitement ou pas, je vais tout faire pour pleinement vivre, aimer, rire, dessiner, écrire…être… et offrir ce que j’ai à offrir..sur ce chemin qui est le mien. Même à travers ce filtre qui me colle à la peau (cadeau de la SP et de sa fatigue)..
Et je demande à l’univers, en cette période de convergence (Solstice, Noël, Nouvel An), de m’aider, de nous aider tous à toujours choisir la lumière.
Merci la Vie!
Et bon, reste quand même que j’espère vraiment beaucoup pouvoir continuer le traitement mensuel (que la RAMQ ne veut plus payer..à moins qu’elle ne révise sa décision..ou encore qu’une autre porte s’ouvre..)
À suivre..
(**)
Je dois ici préciser que vraiment, jamais je n’aurais cru qu’un jour, ma démarche intérieure si personnelle, du dessin contemplatif du corps handicapé nu qui danse, ou qui est en relation, pour transcender tous ces trop forts préjugés et surtout, faire mienne cette beauté, cette grandeur du corps qui danse, qui aime…
Cette démarche qui m’a tant aidé à
apprivoiser et accepter mon corps changeant, et embrasser des réalités qui m’étaient difficiles, qui m’a aussi permis de retrouver la capacité de bouger, et de VIVRE, même différemment .. Jamais je n’aurais cru un jour la partager, surtout pas dans un symposium sur l’art et le handicap, dans une université anglophone de Montréal…et d’y exposer mes dessins, par-dessus le marché ..!
Dès la mi-janvier, l’hiver frappe fort pour bien des gens au Québec. Beaucoup sont en mal de soleil, d’aventures… Et tant d’autres, à quatre roues, ont juste hâte de pouvoir sortir d’entre leurs quatre murs !
La neige a longtemps suscité en moi un élan de joie, et fait sortir juste ce qu’il faut d’entrain, de motivation, de mordant ! Hiver signifiait beauté, pureté, mystère même. J’adorais conduire le soir dans la neige, surtout en campagne… ou encore faire des promenades en soirée : ce genre de promenade où les pieds s’enfoncent dans la neige jusqu’aux genoux : le bonheur !
Ou encore ce plaisir si grand de me lancer en pleine nature immaculée avec mes skis de fond aux pieds : quel cadeau précieux de faire un avec la nature, de sentir tous ses muscles travailler !
Ces doux souvenirs font le plus grand des contrastes avec le sentiment de désolation et de détresse ressenti devant la première chute importante de neige de la saison ! Et aujourd’hui encore, après quelques mois de cette blancheur… Bien que la beauté du paysage des premières neiges ne laisse aucun doute, et fasse monter encore un peu en moi l’émerveillement d’une petite fille, ce qui se trame, plus profond, est pourtant bien différent : en fauteuil roulant, la neige revêt un tout autre visage !
La légèreté et la liberté font place à la lourdeur de se sentir pieds et roues liés. Les roues de mon fauteuil ne roulent pas dans la neige : elles tournent dans le vide. Littéralement !
Aujourd’hui, quelques 90 jours plus tard, toujours plus enfoncés dans un hiver bien québécois (on est particulièrement servis quant à la quantité de neige tombée cette année),ouf ! Lourd, lourd, ce temps gris ! Et cette soif de chaleur… Humaine ! De rencontres… ET de juste pouvoir sortir prendre l’air sans craindre que ma plate-forme élévatrice ne tombe en panne, avant d’être arrivée à destination (comme cet après-midi de janvier particulièrement froid où grâce aux pompiers (à qui je redis encore Mille mercis!), j’ai pu retrouver la chaleur de mon foyer). Ce serait chouette aussi de pouvoir aller voir un concert dans un bistro où la rampe portative n’a pas été laissée sous la neige et la glace…
J’me sens comme dans une quarantaine qui ne veut plus finir!!! Et plus je reste enfermée entre mes quatre murs, plus il me semble difficile de sortir ! Pas du tout très inspirée par les promenades au centre d’achat pour faire marcher ma belle, par une journée ensoleillée…. Il y a des jours où j’aimerais tant aller faire une randonnée de ski de fond en pleine forêt avec mon chien qui gambade à qui mieux mieux !!
Plus j’y pense, et que je regarde neige et soleil avec envie, plus l’anxiété et un sentiment d’impuissance et de colère montent…
Au fil des jours, se succèdent déprime, angoisse, tristesse, impuissance, sentiment d’emprisonnement… Qui, peu à peu, par moments, font place à un besoin de plus en plus grand de dessiner, d’écrire et même, d’oser enfin prendre pinceau et couleurs ! Et découvrir reconnecter, rencontrer et habiter vraiment ce monde parallèle, celui de la lenteur qui souvent fait fuir ou fait peur. Ce monde qui est aussi celui de la profondeur. Puis, tous ces trucs que j’ai lus sur l’abandon, le lâcher prise, la force de la prière, me reviennent à l’esprit… Comme j’ai envie d’y goûter, à cette paix du cœur, à cette force, à cette joie profonde…j’ose un “d’accord ! “. J’ai pourtant écrit tant de mots sur le même thème (voir mes articles qui portent le titre Accepter).
Ouf ! Mais quel chemin !
Bon, c’est certain que dit comme ça, on peut croire entendre une illuminée !
Détrompez-vous ! Il y a des jours où cette lenteur pèse vraiment beaucoup !
Me tarde la fonte définitive des neiges et glaces, ce moment où je pourrai enfin sortir rouler librement dans les rues de mon quartier, sur des sentiers en pleine nature, faire courir mon chien ! Ou juste sortir parler avec des voisins !
Et aussi, vivement le retour de mon énergie !
Oui, il y a des jours où ma parenté avec l’ours dans son état d’hibernation n’est pas si chouette… Où cette difficulté à sortir me rend complètement folle, où j’ai beaucoup de mal entrer en moi pour trouver la lumière… et ma foi, goûter une paix toute douce, et percevoir tout plein de choses qui s’effacent devant un rythme de vie effréné !
L’hiver et la neige sont d’excellents coach pour aider à réapprendre à être. À condition que j’ose un “oui”. Sachant très bien que, chaque chose en son temps, tout mon être aura les fourmis dans les jambes et sera prêt à reprendre un rythme plus actif, le printemps venu. Ça y est presque !
Oui, les mouvements se succèdent, tout comme les saisons ! Et même, parfois, ils se chevauchent en nous ! Pour notre plus grand bien : chaque partie nous rapprochant un peu plus de qui l’on est vraiment, à condition de l’embrasser pleinement.
‹‹ L’essentiel, est d’être à l’écoute de son rythme propre et d’essayer de vivre en le respectant. D’être à l’écoute de ce qui monte en soi. Or la seule vraie certitude touchant notre vie et nos actes ne peut venir que des sources qui bouillonnent au fond de nous-même. ›› — Etty Hillesum
Cherchant comment expliquer mon retard, ou mon absence… et m’en excuser,
Les mots qui se bousculaient en moi et voulaient couler,
Se sont mis à danser
Sur LE thème trop commun quand on a la SP : la fatigue, cette dame effrontée !
Soeur de la tortue, ma nouvelle compagne de vie m’oblige à R A L E N T I R,
me fait prendre mille détours, qui me font souvent rugir.
Ou encore sourire,
Parce que ralentir permet de découvrir :
Mille et un visages, paysages, ou autres splendeurs,
Humer fleurs et mille autres parfums, Sentir !
Et vraiment entendre poèmes ou le chant des oiseaux, ou celui de son coeur.
Et aussi, observer la perpétuelle course folle de dame go go go !
Tout cela, quand on arrive à dépasser la colère de ne pas, ou de ne plus pouvoir faire, rencontrer… Quand dame fatigue s’invite et prend toute la place, elle multiplie les rendez-vous retardés, repoussés ou ratés ! Cette chère dame met un frein aux relations, aux implications… Coupe du monde et fait vite être dépassé par tout et par rien ! Pas facile d’arriver à faire la paix avec ces pannes qui paralysent plus d’une journée, juste parce qu’on a réussi à marcher la moitié d’un corridor, ce qui a épuisé toutes les ressources de son corps …
Ce qui fait drastiquement tomber le moral dans les talons…
et oublier quelques instants que cette bulle, bien qu’elle puisse sembler me figer,
pourrait peut-être devenir un tremplin ?
Pour peu que j’arrive à dire oui, choisir de m’en faire une alliée ?
Encore trop souvent, j’oublie que SP ou pas, il y a un temps pour chaque chose. Comme j’aimerais pouvoir demeurer en paix… toujours !
Écrire ces lignes me rappelle ces passages d’Alexandre Jollien (tiré de son livre Le philosophe nu), que j’aimerais me tatouer, ou en tapisser mon frigo ! :
« Les vocations appellent des règles de vie à enraciner dans le quotidien. Pour ma part, elles exigent d’abord du repos. (Le corps) ne doit en effet pas être l’adversaire, le boulet à traîner, mais bien l’allié (…) Concrètement, trois fois par jour, (être) inactif, étendu et sans mouvement, risquer une retraite intérieure quand les circonstances auraient tendance à m’arracher à moi-même. De l’essentiel. »
Je rends grâce aujourd’hui encore, pour ma belle assistante poilue qui vient me sortir de ma bulle ! Merci la Vie ! Merci MIRA !
En ce jour béni du deuxième anniversaire de ma belle assistante, j’ai le goût de dire merci et partager mon bonheur!
Mon chien d’assistance à MIRA signifie pour moi:
*le sourire aux lèvres et la joie au cœur dès le réveil. Comment faire autrement quand la première chose qui se présente à ma vue est le visage tout souriant de mon chien qui fait rouler sa queue à qui mieux mieux
*Une énergie inespérée retrouvée !
*Une présence si attachante, parfois douce, tendre, et aussi nerveuse, drôle, maladroite,
*une compagne pour me motiver à sortir faire des promenades (comme j’ai du mal à mettre mes chaussettes, chaussures ou bottes, je ne sortais plus que quand j’avais une raison précise.. et ma chienne est ma nouvelle raison permanente !
*Des fous rires, des câlins, de la joie, des surprises, tout plein !!!
…tous ces petits riens que l’on prend pour acquis jusqu’à ce qu’arrivent maladie, vieillissement, soucis… et qui pourtant changent une vie, eh bien, comme par magie, les chiens ont le pouvoir de ramener d’un coup de baguette l’émerveillement d’un enfant, enfin, presque !
Ma belle est comme un ange.. C’est clair qu’elle m’a été envoyée ! Souvent, elle sent ce dont j’ai besoin.. Comme la première fois qu’elle a vu ma jambe trembler (ça arrive parfois comme ça, pour quelques minutes): elle a mis sa patte sur ma jambe, et le tremblement s’est arrêté sur le champ. Ou encore, ce petit moment, au début de l’été… jour anniversaire de décès de mon père: j’ai eu un moment d’émotion. mes larmes sont montées, et ma belle s’est littéralement pitchée dans mes bras et a collé sa tête sur ma poitrine ! Ouf !
Mon chien à moi est la meilleure pilule, meilleure que bien des smoothies énergisants ! Aussi, un très bon antidépresseur. En fait, elle est MA petite pilule bonheur !
Eckart Tolle disait que les chiens sont les gardiens de l’âme. Ma belle est la gardienne de ma santé mentale ! Quand infection, fatigue et chaleur deviennent un cocktail explosif aggravant les symptômes de SP et me rendent folle (pas facile de sentir son autonomie glisser, quand la force me quitte…) Souvent, quand elle voit que je me sens dépassée, elle vient se coller à moi. Ça me touche tellement !
Ma belle est aussi mon auto-bronzant: la sortir tous les jours me permet à la fois de refaire le plein de vitamines D, et de retrouver un teint qui m’avait quitté ces dernières années 🙂
Comme une ado (ce qu’elle est), elle a aussi le don d’appuyer sur les bons boutons pour faire déclencher en moi ce qui a besoin d’être travaillé, pour me faire grandir. Une thérapie à quatre pattes. Elle vient par exemple m’aider à ne pas prendre les choses personnel. Et à relativiser…
Elle est aussi mon prof de yoga: la brosser et ramasser vous savez quoi, me permettent d’étirer et de renforcer certains muscles !
Avec mon oui à cette aventure, m’a aussi été donné en cadeau une poussée de vie, et le retour de ma main et mon bras gauche qui sont plus sollicités, et que j’ose à nouveau utiliser pour certaines tâches, malgré leurs maladresses….
Ma mira-cle me donne envie de sortir regarder la lune et les étoiles sur mon balcon. Ou de voir un coucher de soleil au fil d’une promenade (J’avais oublié comment c’est bon !
Et, évidemment, l’aide de mon assistante est si précieuse dans mon quotidien ! Par exemple quand elle ramasse les objets que j’échappe.. et ça m’émeut tellement quand elle m’aide à enlever manteau ou veste ! Elle a tellement envie de m’aider ! Elle veille au maintien de mon autonomie 🙂
Mille mercis la Vie pour ce cadeau. Mon cœur est rempli de gratitude. Mille mercis à la fondation MIRA, aux donateurs, aux familles d’accueil (merci particulier à Élaine et François) qui rendent possible cette belle aventure!
Et très Joyeux Anniversaire ma belle !
Pas facile, je trouve, d’étaler sa solitude au grand jour, surtout quand on la vit plus intensément ! (comme l’hiver, quand il est difficile,voire impossible de rouler en fauteuil roulant)..Pourtant,
je sais qu’elle est aussi le lot de tant de personnes vivant avec handicap, maladie, vieillissement ou toute autre forme de vulnérabilité. Qui effraient tant!
En cette veille de ma participation au forum social mondial, à un atelier sur le vivre ensemble (http://www.larche.ca:8080/fr_CA/nouvelles?article=336377&title=le-vivre-ensemble-pareil-pas-pareil-et-notre-kiosque-au-forum-social-mondial), j’ai envie de partager un des articles que je garde en réserve depuis plusieurs mois. Juste pour rappeler que les apparences sont souvent bien trompeuses ! La solitude, parfois ressentie de façon aiguë, peut parfois être vécue par des personnes ayant un réseau social bien portant. Rassurez-vous, ceci n’est pas un cri d’alarme personnel (merci la Vie, j’ai un été bien rempli), mais plutôt une invitation à regarder autour de nous, à oser téléphoner à un proche malade ou âgé, à visiter un voisin nouvellement arrivé au pays.. ou encore une personne vivant en situation de handicap.. Et aussi alimenter une réflexion sur la nécessité criante de créer de nouveaux milieux de vie incluant aussi les personnes vulnérables,, différentes, et qui semblent bien loin de nos univers…
***
Oui, la solitude tue ! Elle coupe le souffle.
Passer un super dimanche ensoleillé en dedans. Encabannée. Je ne peux pas aller là où je voudrais, à cause du stationnement (toujours rempli aux heures d’affluence) qui bloque l’entrée. Parce que anyways, en panne d’énergie. Et pas de but ou de personne à rejoindre ailleurs.. Pas de projet sur lequel travailler avec d’autres non plus..
Faque j’ai essayé de continuer à écrire à une personne qui m’est chère. Encore. Sans réussir à finir.
Pis évidemment, aussi me sont enfin venus les mots pour écrire à deux grands amis … mais juste pas l’énergie de prendre le crayon, le clavier ou même le dictaphone…
La solitude. La noirceur, la nuit, je vous dis…
Ouf!
Je veux offrir cette boule à l’univers. La solitude pèse vraiment lourd ce soir. Pas capable de regarder trop d’émissions, de films. Ou de Facebook. Besoin viscéral de vrai! De contacts. De nature. De juste rouler dans l’herbe, sentir les feuilles, courir avec un chien. Faire du ski de fonds. Dans la forêt !! Ok, ben à tout le moins être dans une forêt enneigée, sous les étoiles !
Besoin oui ok de la vivre et de l’embrasser cette solitude.. au dedans de moi. Je sais tellement pas comment, surtout quand cette fatigue me colle à la peau, quand le handicap me bloque l’accès à tant d’endroits où il fait bon se ressourcer et se retrouver…. cette maladie qui me coupe des autres… et aussi de moi-même!
Le fait d’être enfant unique n’aide pas beaucoup. Je me suis souvent sentie seule dans ma vie ! Mais au moins, en marchant, et avec mon auto, je pouvais me promener, aller voir du monde aller dans la nature, en campagne, chez des amis !!
Et oui, je pouvais me sentir quand même seule. Mais ça tue, de ne pas pouvoir sortir. D’être toujours fatiguée. De plus avoir de but. Je me sens trop inutile. Et comme juste du vent. Un bibelot. Qui a juste mauvais caractère.
Ouf, besoin d’être à l’oeuvre !!!!! J’ai eu beau dessiner près d’une heure (ou plus) ce matin. Prier. Écrire. Puis j’ai faim. Toute la journée ! Je sais plus quoi manger.
Merci la Vie pour le soleil. pour mon appart. Pour ce soir, tellement dur, j’ai du mal à trouver pour quoi rendre grâce.. Merci pour ma voisine qui m’a envoyé un courriel.
****
Sur la solitude, la vulnérabilité et la souffrance qui peuvent parfois mener à vouloir mourir, il me faut partager ces paroles si lumineuses de Jean Vanier:
Sur la question de la perte d’autonomie et du droit au suicide assisté
(pour ne pas être en état de dépendance envers les autres)
(…) nous sommes tous dépendants les uns des autres, et l’important est que chaque personne puisse découvrir la beauté de la vie parce qu’elle n’est pas seule, qu’elle est aidée et aimée.
Tous, nous naissons dans la faiblesse et nous mourons dans la faiblesse. Nous avons tous besoin par moments de recourir à l’aide de nos prochains.
Jean Vanier ne manque pas de remettre en cause les valeurs individualistes de notre mode de vie, il pense que la société se trompe en croyant que chacun doit être autonome et indépendant.
Les grands débats de société à propos des droits de la personne peuvent en effet nous faire oublier que tous les êtres vivants sont profondément interdépendants, et que nous avons tous besoin les uns des autres.
Il nous rappelle avec justesse que nous avons besoin de passer du “je” au “nous” et que nous devons accepter nos fragilités. Et que c’est de cette acceptation de la vulnérabilité que peut surgir la véritable la force qui mobilise les collectivités.
La vraie question pour Jean Vanier ne réside non pas dans une législation pour aider à mourir, mais plutôt dans une quête pour aider à vivre. Il s’agit de savoir comment encourager la société à aider les faibles et les fragiles. Selon lui, Il est important de vivre pleinement notre force et notre faiblesse en même temps.
(…)plusieurs études démontrent que le seul fait « d’entretenir des liens sociaux, de prendre le temps de rendre visite à une personne, est très bénéfique tant sur le plan moral que sur le plan physique. Vous savez, on a beau dispenser des soins de qualité dans les centres d’hébergement, il n’y a rien qui puisse remplacer la présence d’un proche.
(…)
Mais des solutions existent pour compenser le manque de visites et le poids de la solitude, lance-t-il. « J’ai vu des expériences extraordinaires dans certains établissements où des garderies ont été installées. Ne pensez-vous pas que ça vient compenser pour l’absence de présence de la famille ? Voilà un exemple qu’il faut reproduire. Je pense aussi à des établissements où les aînés font du bénévolat pour l’Armée du Salut, qui leur apporte des vêtements lavés qui doivent être pliés en vue de leur mise en vente. Dans ce cas, les aînés se sentent utiles pour la société ! »
« On est tombés par terre quand on a reçu des propositions de gens qui, touchés par ce problème, nous ont demandé comment faire pour adopter un aîné ! Ce sont des personnes immigrantes qui nous l’ont demandé. Ç’aurait été une façon pour elles de s’intégrer au sein de la société québécoise et de faire du bénévolat. Mais les CHSLD nous ont dit qu’il n’existait pas de structure pour répondre à cette demande. Mais il faudrait bien y penser un jour… ».
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Poème de Michel Pepin
Semence du chaos
Il y a le béton
L’acier
Le passé
Le bruit
Les tourments
La cassure du présent
Mes yeux ne voient presque rien
D’autre que la lourdeur du quotidien
Sale solitude aidant
Chaque jour est si pesant
Requiérant la force
D’un aveugle
Voyant tout de même
Un mince filet
De lumière
Au travers la poussière
La télévision reste le meilleur compagnon de nombreuses personnes handicapées. 22 % d’entre elles se trouvent en effet en situation d’isolement relationnel. Presque deux fois plus que l’ensemble de la population (12 %).
Dans son étude sur les solitudes en France, rendue publique le 7 juillet, la Fondation de France souligne que « la perte d’autonomie, la maladie jouent de manière très négative sur le maintien ou le développement de la vie sociale ». Sous tous ses aspects.
38 % ne disposent pas d’un réseau amical actif contre 25 % de l’ensemble de la population ; 46 % n’ont pas ou peu de contacts dans leur entourage familial (contre 39 %) ; etc. 16 % déclarent même n’avoir aucun ami (contre 7 %).
La pauvreté accroît le risque d’isolement
Plus d’une personne sur deux considèrent que la survenue de leur handicap s’est traduit par une érosion de leurs relations amicales. Que leurs amis se soient éloignés ou qu’elles aient moins d’énergie pour les rencontrer.
La pauvreté constitue un facteur aggravant. Les personnes en situation de handicap sont près de deux fois plus isolées lorsqu’elles sont en situation de pauvreté que lorsqu’elles disposent de revenus supérieurs à 1 500 €.
Les conjoints de personnes handicapées plus isolés aussi
Enfin, « vivre avec un conjoint confronté à la maladie ou au handicap n’est pas sans incidence sur la vie sociale », note la Fondation de France. Pour 4 aidants sur 10, la vie amicale est plus réduite qu’avant. 13 % sont isolés contre 11 % des personnes dont le conjoint n’est pas confronté à la maladie ou au handicap. Reste la télé…
Évidemment, ces chamboulements ont été très déstabilisants. Avec du recul, je vois comment l’adaptation aux changements de mon corps, et à l’arrivée du handicap a été un peu vécu comme un deuxième choc de diagnostic. Pas facile, d’apprivoiser cette réalité, et d’encore tout adapter son quotidien ! J’y suis toujours, et ce sera je pense, une longue épopée. Et avec la maladie qui se fait maintenant plus visible et présente, ne serait-ce pas là une invitation à ce que je la laisse entrer dans ma vie? À ce qu’enfin, j’accepte la présence de la SP ? Non pas par obligation, par la porte d’en arrière, mais bien librement, même un peu comme une amie…
Plutôt que d’accepter de reculons, comme un voisin dérangeant, ou d’embrasser du bout des lèvres et un peu par obligation, comme un enfant avec une vieille tante ou un invité un peu trop envahissant … J’aimerais tellement embrasser la maladie un peu comme une compagne intime, qui s’offre de m’accompagner, pour peut-être m’amener plus loin, et sûrement me faire cheminer, sur ce parcours qui est le mien.
Je sais que chaque jour, je veux choisir de ne pas me laisser abattre par les apparences, les ressentis, la nouvelle réalité, ou encore les risques ou probabilités que ça dégénère encore plus.
Et plutôt apprendre à la faire mienne et choisir de laisser la réalité que je vis aujourd’hui, et de laisser la Vie me guider et modeler ma mission (qui au fond demeure la même, quelle que soit la forme qu’elle prendra).
« Vivre plus librement, ce n’est pas forcément moins souffrir. Mais accepter la souffrance peut aider à la limiter. … (c’est) cet acharnement épuisant à combattre (la douleur) qui la nourrit. Pour moi, le saut décisif réside dans l’acceptation, dans l’abandon ». – Extrait d’une entrevue avec Alexandre Jollien, (article sur Psychologies.com : http://www.psychologies.com/Culture/Philosophie-et-spiritualite/Savoirs/Interviews/Alexandre-Jollien-La-fragilite-ne-me-fait-plus-peur)
Bon soyons clairs : il est vrai que je lutte encore. Je ne me sens aucunement l’âme ou le profil d’une sainte, et encore moins celle d’une martyre ! Mais je me dois d’admettre que dans ma vie, les périodes les plus éprouvantes ont souvent été les périodes qui m’ont menée au plus grand dépouillement. Ces périodes ont creusé une brèche dans mon cœur et m’ont poussé à une prière fervente, à oser demander si fort encore et encore à être guidée… La Vie aime parfois se faire prier… Et certaines des périodes les plus creuses de ma vie ont été celles qui ont été comme le ferment, qui a créé une brèche ayant permis de laisser entrer en moi le divin, le mystère, et à le laisser passer au-travers de moi. S’en est souvent sinon presque toujours suivi un grand débordement de vie !
J’aimerais apprivoiser la résilience, l’acceptation et me les coller à la peau ! Et juste plonger à chaque instant dans cette Vie. Sans même tenter de trouver la raison d’être de la souffrance, mais juste faire de la place, laisser toute la place à ce qui veut vivre en moi, ce qui veut m’habiter et venir s’offrir. Quelle qu’en soit la forme et la couleur. Même si ça veut dire au ralenti. À pas très, de plus en plus rares et lents et hésitants, ou en fauteuil roulant… et ne sait-on jamais, peut-être un jour, d’un pas confiant, ou même en courant !
Mais sans rien attendre, toujours avancer, et oser dire oui ! D’accord ! Quand je m’abandonne vraiment à la Vie, je me sens en communion. Tout le contraire d’abandonner la partie, c’est faire tout ce que je peux, du mieux que je peux, et remettre à l’univers ce qui me dépasse.
« Certes, je n’ai pas choisi mon existence, ni mon corps d’ailleurs. (…), mais je peux choisir (…) d’oser un : « d’accord ». -Alexandre Jollien, tiré de : Le Philosophe nu.