Étiquette : souffrance

clair/obscur

Tout comme le mouvement du pendule ou la valse des saisons,
Je m’identifie tantôt aux maux et mots de mon ami poète Michel Pepin, (qui avait aussi la SP):
« Je ne connais plus rien d’autre que la faiblesse de mon corps
Je suis resté assis j’ai pleuré
versé mon délire sur le plancher
Puis je suis resté assis sans mot
À l’écart de mon corps souffrant
Essoufflé par le tapage incessant
D’un trop lourd silence solitaire
(…) »
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la danseuse et chorégraphe Stephanie Bastos, (Photo: Robbie Sweeney, tirée du site du D.I.R.T. Festival)

Et à d’autres moments, et parfois même simultanément, je vis totalement et me sens vibrer ou couler dans mes veines cette réalité que dépeint Philippe Pozzo di Borgo (inspirateur du film Intouchables):
« J’ai brusquement perdu ma fonction sociale et j’ai sombré dans l’inutilité.(…) Dans l’expérience de cette fragilité que je vis depuis (plus de 20 ans) dans la rencontre avec Abdel qui était porteur d’un autre handicap, tout aussi réel et douloureux(« asocial et fraîchement sorti de prison »), j’ai découvert l’espérance. Ce n’est pas l’espoir d’une vie meilleure plus tard. C’est un second souffle qui remet en selle, qui permet d’avancer avec une respiration plus solide, comme celle qu’expérimentent les coureurs de fond, et de vivre pleinement sa vie d’handicapé. »
Philippe Pozzo di Borgo, dans le livre Tous Intouchables?
Nous sommes des êtres de contradiction. Tissés d’ombre et de lumière.
La lumière perce et brille de tous ses feux chaque fois que j’arrive à embrasser le dragon qui vit en mes profondeurs, chaque fois que j’écoute et improvise un corps à corps avec ce qui en moi est perçu comme noirceur ou malédiction..
Même si c’est le parcours d’une vie, avec la plupart du temps, une relation plutôt chaotique  avec dragon, SP et leurs défis..
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crédit photo François Roy

STP fais pas ça

La vie c’est Mister Hyde, pas seulement Docteur Jekyll

J’ai vu le film depuis longtemps, la vie n’est pas un long fleuve tranquille

(…)Y’a des rires, y’a des pleurs, y’a des bas, y’a des hauts

Y’a des soleils et des orages et je te parle pas que de météo

Mental, Grand corps malade

***

http://circa1983.ca/

Entrer une légende

Toi mon ami, qui cet hiver a essayé de s’enlever la vie…

Ouf, ça a fait mal de l’apprendre, je te dis..

Ta détresse, trop bien cachée

sous un masque bétonné…

Pourtant parfois si rayonnant,

À en faire oublier ton fauteuil roulant ou ton corps ‘’défaillant’’..

Je l’ai vu, en toi, ce désir, cette soif de vivre à l’extrême !

au delà d’enveloppe éclopée, ou froissée, même..

 

Mon ami, toi, qui vis

handicap (et maladie?) au quotidien,

qui deviennent parfois,

ou souvent, j’en conviens,

d’une lourdeur…

un enfer, même…

Surtout si l’on se compare.

Quand démarre et s’emballe ce manège en nous

qui fait croire

les jugements, peurs ou noirceurs véhiculés à notre égard.

Si on savait !

Si l’on réalisait seulement à quel point c’est là qu’on s‘égare !

Faux reflet, Leurre!

Ce qu’on perçoit de l’extérieur..

 

Je t’invite, je nous invite

à reconnaître et refuser cette supercherie, cette mascarade,

ce jugement qui nous rend malade

et fait croire qu’on est pas assez..

ou trop (hypothéqué)…

Qu’on est victimes

d’un corps, d’un handicap, du système…de la vie…

Dénoncer !

Et oser un changement de regard,

OSER !

Oser sortir des cadres qui nous enferment sans crier gare !

Oser offrir sans compter, sans comparer..

Oser offrir

ne serait-ce que cette belle présence, ton écoute, ton sourire..

Ta différence !

soleil

image tirée du site Durable.com

 

As-tu seulement déjà perçu cette Lumière et cette force qui t’habitent ?

Remarqué l’admiration que tu suscite,

toute la chaleur et la beauté que tu irradie quand tu souris ?

Stp, écoute pas la diversion

qui te fais passer à côté de tes passions..

et de tant de richesses insoupçonnées

dont toi seul a la clé,

et que notre monde a tant besoin de voir, d’entendre, d’apprendre..de toucher !!

 

Je sais, tout incite

à occulter ce qui nous habite,

cette richesse cachée

dont on est les premiers à être privés

si on accepte pas de la mettre au monde.

Et tout miser à chaque seconde,

pour lui donner vie !

Je sais que c’est pas évident

De pas s’identifier à ce corps différent,

de dire: chiche ! moi je vais de l’avant !!!

 

Vraiment, je ne sais trop quoi dire..

Je suis pas devin

Souvent, les mot sont vains

…j’ai beau vivre avec maladie et handicap,

j’ai jamais chaussé tes mocassins (*)

…mais vraiment, vivement, je t’invite, (et je nous invite tous!) à te désidentifier de tes blessures,

des fissures de la parure, de l’armure…

 

Stp ose sortir des sentiers battus,

Sois fier de ta différence !

 

Ose, un pas à la fois,

écouter, apprivoiser

cette magie..

Au coeur du coeur,

ce qui peut sembler folie

Ose!

Ose un OUI! À la vie, à ta vie!

Au-delà des ressentis !

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tiré du site de l’Organisation mondiale de la santé

STP mon ami, dis OUI !

 

Je te souhaite tant

de découvrir et surtout t’investir dans ce qui t’allume et te passionne !

Quelqu’en soit la forme..

 

Et quand ton ciel s’obscurcit,

Accroche ton ancre, appelle, danse, crie, écrit !

Jusqu’à ce que l’orage passe..

Pour retrouver en toi ce feu !

Oui, peu à peu,

par la chaleur d’un sourire, d’un mot ou d’un câlin,

du soleil, de l’écriture, du dessin ou d’un refrain,

ou le pétillement de cette flamme qui t’habite..

fondra cette froidure qui a envahi ton coeur sans aucune invite.

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photo tirée de Framepool.com

Stp quand ça devient difficile,

je t’invite, nous invite tous à faire l’exercice,

À faire l’inventaire, à dresser une liste

De tout ce qui fais battre ton coeur, briller tes yeux.

Et stp, partage, si t’en as envie:

J’aimerais bien connaître tes trucs, ce qui te fais vibrer!

 

Une partie de moi souhaiterait tant trouver LES mots

pour chasser en toi à tout jamais démons et souffrances..Mais oh..

ce serait en fait bien prétentieux

Et surtout te priverais d’une occasion unique de rencontre vraie

avec qui tu es..

 

On a chacun un chemin unique, une histoire sacrée..

 

Mon cher ami, je prie l’univers de te donner la soif de la créer !

d’en faire un tableau tout simple ou épique !

***

 

Je crois qu’on a tous une bonne étoile sauf que des fois elle est bien planquée

Certaines même plus que d’autres, il faut aller les débusquer

Parfois ça prend du temps quand tu fais trois fois le tour du ciel

Mais si tu cherches c’est que tu avances, à mon avis c’est l’essentiel

Je fais partie de ceux qui pensent qu’y a pas de barrière infranchissable

Il faut y croire un peu, y’a bien des fleurs qui poussent dans le sable

Mental, Grand corps malade

 

 

«  Tout être porte sur son dos l’obscurité

Et serre dans ses bras la lumière

Le souffle indifférencié constitue son harmonie. »

-Lao-tseu

 

Verre à moitié vide ou à moitié plein ?


Pourquoi faut-il toujours chercher à projeter nos peurs et nos monstres intérieurs? D’où vient cette croyance, si répandue, que c’en est fini, si on est un jour confiné à un fauteuil roulant motorisé ? Qui a dit qu’il faut absolument évacuer nos fragilités et nos vulnérabilités pour avoir une vie digne d’être
vécue? 

Un article du journal La Presse m’a ce soir mis profondément en colère. Et fait mal. Il porte le titre : Mourir dans l’indignitéOn y traite de la Sclérose en plaques, ou plutôt d’une dame qui en était atteinte. L’auteur, Patrick Lagacé, parle de Mme Louise Laplante qui a mis terme à ses jours il y a deux semaines, en cessant de s’alimenter.

Il y a des mots qui glacent le sang. Comme ceux choisis pour présenter la SP : « Durant la dernière année de sa vie, Louise Laplante était prisonnière de son corps : confinée à un fauteuil motorisé, incontinente, incapable de faire quoi que ce soit elle-même. La sclérose en plaques est une salope. »

Heureusement, hier, deux très beaux articles du Devoir présentaient un homme, Michel Pepin, poète atypique. Très. Au passé douloureux. Atteint lui aussi de Sclérose en plaques. Et d’une forme de qui semble avoir pris ses aises et a laissé des traces plutôt marquées.

Lumineux, l’article vient révéler l’homme derrière la maladie, le poète qui:  « s’entête dans son émerveillement. (…) » . Puis il raconte comment il cherche “toujours le beau, dans le petit et l’invisible. Le quotidien de Michel Pepin n’a pourtant rien de poétique. Sa vie est réglée au quart de tour. Ce qu’il mange, ce qu’il boit, jusqu’à son sommeil et ses moments pour se vider les intestins, « sinon, je suis dans la marde ». Littéralement …”.

L’article parle des souffrances que peut apporter la maladie. Il raconte aussi comment Michel Pepin, s’il doit rester 12 heures par jour assis dans son fauteuil motorisé à attendre l’aide nécessaire pour se coucher, a le goût d’apprendre à vivre autrement. « Je médite, j’écoute les cris des enfants dans la cour d’école. Et depuis peu, j’entends les oiseaux. ». Pour moi, cette entrevue est meilleure que du chocolat. Et me fait réchauffe le cœur. Merci Mme Lisa-Marie Gervais pour vos articles vivre dans la dignité, et Jusqu’au bout (http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/466642/jusqu-au-bout-de-soi), parus hier, le 26 mars ! Et merci, Michel Pepin, de partager la beauté, la lumière de ce qui échappe trop souvent au regard!

Pas le goût de comparer les deux parcours. J’ai juste besoin de dire que je suis moi aussi atteinte de cette maladie (la SP) depuis plus de 16 ans maintenant,et que je suis en fauteuil roulant motorisé depuis 2 ans. J’ai dû arrêter de travailler il y a quelques années, avant mes 40 ans. J’ai besoin d’aide pour fonctionner au quotidien. Je ne parlerai pas d’incontinence. Ni de la solitude, de l’isolement ou des sentiments de ne plus contribuer à la collectivité (qu’entraînent souvent le handicap, la maladie, le vieillissement ou toute autre forme de vulnérabilités). Il m’arrive aussi d’avoir envie de mourir.

En ce jour de Pâques, fête de la lumière, venant révéler la victoire de l’Amour sur la mort, j’ai envie de dire merci à la Vie. J’ai la chance d’avoir toujours eu quelque part une bonne étoile, des anges qui me ramènent à croire qu’il y a quelque chose de plus grand derrière, et même au coeur de la souffrance ! Et c’est de ce regard dont j’ai soif, et dont notre monde a tant besoin !  J’ai besoin d’entendre, de voir et de lire cet espoir! J’ai besoin d’apprendre à voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Et je veux dire que je ne crois pas que la SP soit une salope!

Oui, c’est vrai, elle est venue réveiller une armée de peurs en moi. Et à cause d’elle, j’ai laissé tomber mon rêve d’aller oeuvrer toute ma vie en Afrique, en développement. J’ai dû faire plusieurs deuils. Et adopter un rythme incroyablement lent, que je suis encore à apprivoiser…

MAIS la SP m’a aussi appris tant de choses, emmené en des lieux insoupçonnés, fait faire tant de rencontres riches! Et dans les prochains jours, d’entrer en classe de formation à la fondation MIRA et de revenir avec mon chien d’assistance !

Et la SP me pousse, depuis ces derniers mois, à chercher, encore et encore comment la vulnérabilité et la lenteur, les tremblement et les sautes d’humeur peuvent permettre aux personnes plus vulnérables de nos sociétés, dont je suis, d’oeuvrer et contribuer, même à leur faible mesure, ou maladroitement, à la collectivité.

Pour que ça donne un sens  à nos existence, réduise la solitude. Et apaise les souffrances.

Merci à tous ceux et celles qui osez choisir de voir les petites et grandes lumières derrière les fauteuils, au cœur des vulnérabilités, des souffrances et des différences. Merci à tous les semeurs d’espérance!

Joyeuse Pâques!

levee de brume

Photo prise en bordure du lac de Malbuisson côté St Point, Malbuisson est en face sur la droite, invisible. Une ambiance matinale très courante, pas même besoin de se lever tôt !

 

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