Étiquette : souffrance
La vie c’est Mister Hyde, pas seulement Docteur Jekyll
J’ai vu le film depuis longtemps, la vie n’est pas un long fleuve tranquille
(…)Y’a des rires, y’a des pleurs, y’a des bas, y’a des hauts
Y’a des soleils et des orages et je te parle pas que de météo
–Mental, Grand corps malade
***
Toi mon ami, qui cet hiver a essayé de s’enlever la vie…
Ouf, ça a fait mal de l’apprendre, je te dis..
Ta détresse, trop bien cachée
sous un masque bétonné…
Pourtant parfois si rayonnant,
À en faire oublier ton fauteuil roulant ou ton corps ‘’défaillant’’..
Je l’ai vu, en toi, ce désir, cette soif de vivre à l’extrême !
au delà d’enveloppe éclopée, ou froissée, même..
Mon ami, toi, qui vis
handicap (et maladie?) au quotidien,
qui deviennent parfois,
ou souvent, j’en conviens,
d’une lourdeur…
un enfer, même…
Surtout si l’on se compare.
Quand démarre et s’emballe ce manège en nous
qui fait croire
les jugements, peurs ou noirceurs véhiculés à notre égard.
Si on savait !
Si l’on réalisait seulement à quel point c’est là qu’on s‘égare !
Faux reflet, Leurre!
Ce qu’on perçoit de l’extérieur..
Je t’invite, je nous invite
à reconnaître et refuser cette supercherie, cette mascarade,
ce jugement qui nous rend malade
et fait croire qu’on est pas assez..
ou trop (hypothéqué)…
Qu’on est victimes
d’un corps, d’un handicap, du système…de la vie…
Dénoncer !
Et oser un changement de regard,
OSER !
Oser sortir des cadres qui nous enferment sans crier gare !
Oser offrir sans compter, sans comparer..
Oser offrir
ne serait-ce que cette belle présence, ton écoute, ton sourire..
Ta différence !
As-tu seulement déjà perçu cette Lumière et cette force qui t’habitent ?
Remarqué l’admiration que tu suscite,
toute la chaleur et la beauté que tu irradie quand tu souris ?
Stp, écoute pas la diversion
qui te fais passer à côté de tes passions..
et de tant de richesses insoupçonnées
dont toi seul a la clé,
et que notre monde a tant besoin de voir, d’entendre, d’apprendre..de toucher !!
Je sais, tout incite
à occulter ce qui nous habite,
cette richesse cachée
dont on est les premiers à être privés
si on accepte pas de la mettre au monde.
Et tout miser à chaque seconde,
pour lui donner vie !
Je sais que c’est pas évident
De pas s’identifier à ce corps différent,
de dire: chiche ! moi je vais de l’avant !!!
Vraiment, je ne sais trop quoi dire..
Je suis pas devin
Souvent, les mot sont vains
…j’ai beau vivre avec maladie et handicap,
j’ai jamais chaussé tes mocassins (*)
…mais vraiment, vivement, je t’invite, (et je nous invite tous!) à te désidentifier de tes blessures,
des fissures de la parure, de l’armure…
Stp ose sortir des sentiers battus,
Sois fier de ta différence !
Ose, un pas à la fois,
écouter, apprivoiser
cette magie..
Au coeur du coeur,
ce qui peut sembler folie
Ose!
Ose un OUI! À la vie, à ta vie!
Au-delà des ressentis !
STP mon ami, dis OUI !
Je te souhaite tant
de découvrir et surtout t’investir dans ce qui t’allume et te passionne !
Quelqu’en soit la forme..
Et quand ton ciel s’obscurcit,
Accroche ton ancre, appelle, danse, crie, écrit !
Jusqu’à ce que l’orage passe..
Pour retrouver en toi ce feu !
Oui, peu à peu,
par la chaleur d’un sourire, d’un mot ou d’un câlin,
du soleil, de l’écriture, du dessin ou d’un refrain,
ou le pétillement de cette flamme qui t’habite..
fondra cette froidure qui a envahi ton coeur sans aucune invite.
Stp quand ça devient difficile,
je t’invite, nous invite tous à faire l’exercice,
À faire l’inventaire, à dresser une liste
De tout ce qui fais battre ton coeur, briller tes yeux.
Et stp, partage, si t’en as envie:
J’aimerais bien connaître tes trucs, ce qui te fais vibrer!
Une partie de moi souhaiterait tant trouver LES mots
pour chasser en toi à tout jamais démons et souffrances..Mais oh..
ce serait en fait bien prétentieux
Et surtout te priverais d’une occasion unique de rencontre vraie
avec qui tu es..
On a chacun un chemin unique, une histoire sacrée..
Mon cher ami, je prie l’univers de te donner la soif de la créer !
d’en faire un tableau tout simple ou épique !
***
Je crois qu’on a tous une bonne étoile sauf que des fois elle est bien planquée
Certaines même plus que d’autres, il faut aller les débusquer
Parfois ça prend du temps quand tu fais trois fois le tour du ciel
Mais si tu cherches c’est que tu avances, à mon avis c’est l’essentiel
Je fais partie de ceux qui pensent qu’y a pas de barrière infranchissable
Il faut y croire un peu, y’a bien des fleurs qui poussent dans le sable
–Mental, Grand corps malade
« Tout être porte sur son dos l’obscurité
Et serre dans ses bras la lumière
Le souffle indifférencié constitue son harmonie. »
-Lao-tseu
Pourquoi faut-il toujours chercher à projeter nos peurs et nos monstres intérieurs? D’où vient cette croyance, si répandue, que c’en est fini, si on est un jour confiné à un fauteuil roulant motorisé ? Qui a dit qu’il faut absolument évacuer nos fragilités et nos vulnérabilités pour avoir une vie digne d’être vécue?
Un article du journal La Presse m’a ce soir mis profondément en colère. Et fait mal. Il porte le titre : Mourir dans l’indignité. On y traite de la Sclérose en plaques, ou plutôt d’une dame qui en était atteinte. L’auteur, Patrick Lagacé, parle de Mme Louise Laplante qui a mis terme à ses jours il y a deux semaines, en cessant de s’alimenter.
Il y a des mots qui glacent le sang. Comme ceux choisis pour présenter la SP : « Durant la dernière année de sa vie, Louise Laplante était prisonnière de son corps : confinée à un fauteuil motorisé, incontinente, incapable de faire quoi que ce soit elle-même. La sclérose en plaques est une salope. »
Heureusement, hier, deux très beaux articles du Devoir présentaient un homme, Michel Pepin, poète atypique. Très. Au passé douloureux. Atteint lui aussi de Sclérose en plaques. Et d’une forme de qui semble avoir pris ses aises et a laissé des traces plutôt marquées.
Lumineux, l’article vient révéler l’homme derrière la maladie, le poète qui: « s’entête dans son émerveillement. (…) » . Puis il raconte comment il cherche “toujours le beau, dans le petit et l’invisible. Le quotidien de Michel Pepin n’a pourtant rien de poétique. Sa vie est réglée au quart de tour. Ce qu’il mange, ce qu’il boit, jusqu’à son sommeil et ses moments pour se vider les intestins, « sinon, je suis dans la marde ». Littéralement …”.
L’article parle des souffrances que peut apporter la maladie. Il raconte aussi comment Michel Pepin, s’il doit rester 12 heures par jour assis dans son fauteuil motorisé à attendre l’aide nécessaire pour se coucher, a le goût d’apprendre à vivre autrement. « Je médite, j’écoute les cris des enfants dans la cour d’école. Et depuis peu, j’entends les oiseaux. ». Pour moi, cette entrevue est meilleure que du chocolat. Et me fait réchauffe le cœur. Merci Mme Lisa-Marie Gervais pour vos articles vivre dans la dignité, et Jusqu’au bout (http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/466642/jusqu-au-bout-de-soi), parus hier, le 26 mars ! Et merci, Michel Pepin, de partager la beauté, la lumière de ce qui échappe trop souvent au regard!
Pas le goût de comparer les deux parcours. J’ai juste besoin de dire que je suis moi aussi atteinte de cette maladie (la SP) depuis plus de 16 ans maintenant,et que je suis en fauteuil roulant motorisé depuis 2 ans. J’ai dû arrêter de travailler il y a quelques années, avant mes 40 ans. J’ai besoin d’aide pour fonctionner au quotidien. Je ne parlerai pas d’incontinence. Ni de la solitude, de l’isolement ou des sentiments de ne plus contribuer à la collectivité (qu’entraînent souvent le handicap, la maladie, le vieillissement ou toute autre forme de vulnérabilités). Il m’arrive aussi d’avoir envie de mourir.
En ce jour de Pâques, fête de la lumière, venant révéler la victoire de l’Amour sur la mort, j’ai envie de dire merci à la Vie. J’ai la chance d’avoir toujours eu quelque part une bonne étoile, des anges qui me ramènent à croire qu’il y a quelque chose de plus grand derrière, et même au coeur de la souffrance ! Et c’est de ce regard dont j’ai soif, et dont notre monde a tant besoin ! J’ai besoin d’entendre, de voir et de lire cet espoir! J’ai besoin d’apprendre à voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Et je veux dire que je ne crois pas que la SP soit une salope!
Oui, c’est vrai, elle est venue réveiller une armée de peurs en moi. Et à cause d’elle, j’ai laissé tomber mon rêve d’aller oeuvrer toute ma vie en Afrique, en développement. J’ai dû faire plusieurs deuils. Et adopter un rythme incroyablement lent, que je suis encore à apprivoiser…
MAIS la SP m’a aussi appris tant de choses, emmené en des lieux insoupçonnés, fait faire tant de rencontres riches! Et dans les prochains jours, d’entrer en classe de formation à la fondation MIRA et de revenir avec mon chien d’assistance !
Et la SP me pousse, depuis ces derniers mois, à chercher, encore et encore comment la vulnérabilité et la lenteur, les tremblement et les sautes d’humeur peuvent permettre aux personnes plus vulnérables de nos sociétés, dont je suis, d’oeuvrer et contribuer, même à leur faible mesure, ou maladroitement, à la collectivité.
Pour que ça donne un sens à nos existence, réduise la solitude. Et apaise les souffrances.
Merci à tous ceux et celles qui osez choisir de voir les petites et grandes lumières derrière les fauteuils, au cœur des vulnérabilités, des souffrances et des différences. Merci à tous les semeurs d’espérance!
Joyeuse Pâques!