«Au Rwanda, j’apprendrai qu’on ne donne pas parce qu’on possède, mais parce qu’on aime.»
—Valérie Laflamme-Caron, revue Le Verbe
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Les crises font souvent sortir le meilleur de nous-mêmes..et aussi le pire. Elles font aussi éclater au grand jour des injustices, des crises latentes, les dérives de systèmes désuets, mûrs pour plus qu’une réanimation: pour un changement de fond !
Je ne crois pas aux chasses aux sorcières.
Il est urgent qu’on se mette à l’écoute et qu’on ose ensemble investir pour vrai là où les gens veulent et peuvent vivre et pas seulement survivre: à la maison, dans la communauté !
C’est clair aujourd’hui: aussi belles soient-elles, des enseignes telles « Foyer du bonheur », « Bonséjour » ou « Renaissance » ne font plus rêver personne.
Et pendant ce temps, dans des chaumières bien cachées, bien loin du tapage médiatique, vivent chez elles de très chanceuses personnes handicapées et/ou âgées grâce à l’aide d’auxiliaires au quotidien.
Je suis Tellement remplie de gratitude de pouvoir encore vivre à la maison, parce que des gens devenus amis acceptent de venir travailler chez moi !!
MAIS…Trouvons-nous normal qu’à la mi-quarantaine, une citoyenne à roulettes atteinte de SP doive débourser chaque quinzaine de sa poche une centaine de dollars pour rester à la maison, pour rémunérer dignement les aidants, les membres de son équipe de soins grâce auxquels elle peut continuer à vivre chez elle?
Est-ce vraiment le choix de société qu’on préconise, qu’une personne handicapée recevant un revenu annuel de 10 000$ (*) doive utiliser ses REER pour que les membres de son équipe soient rémunérés plus que des bouchées de pain (le chèque emploi-service système par lequel le bénéficiaire doit recruter et embaucher ses employés, qui sont payés par l’État, au montant de 15,39$ l’heure en Outaouais) et restent ?
L’État a-t-il vraiment les moyens de soutenir les CHSLD?
Demandons surtout: Pourquoi s’acharner à maintenir en vie un système désuet qui ne fonctionne plus, plutôt que de réfléchir à des solutions adaptées à nos choix et capacités en tant que société.. Et, pendant qu’on y est, s’attarder au salaire et avantages des auxiliaires à domicile trop longtemps balayés sous le tapis ?
Bravo, le Covid réveille un peu…mais est-ce que les augmentations à l’emporte-pièce dans les CHSLD ne vont pas créer inéquités et crise, voire éclatement (26$/h pour les 10 000 auxiliaires que l’on veut former pour les chsld, alors qu’à domicile, les prépposés reçoivent 10 $ de moins (sans parler du salaire des infirmières auxiliaires en CHSLD..)…
SVP, SVP, SVP, mesdames messieurs journalistes, tournons les projecteurs sur les besoins criants du maintien à domicile !
SVP SVP SVP, chers élu-e-s, monsieur le premier ministre, majorons les salaires et offrons des avantages sociaux dignes, pour ces précieux aides qui vous permettront peut-être un jour de demeurer à la maison, quand la maladie ou l’âge emporteront un peu de votre autonomie…
SVP,SVP,SVP, chers concitoyen-e-s, exigeons du gouvernement, mais aussi, retroussons nos manches, plongeons !
Je crois de tout cœur en la richesse et la nécessité d’un vivre ensemble où chacun-e donne le meilleur de lui-même, contribue selon ses moyens à pas juste éteindre des feux, mais rendre vivante une communauté où chaque personne vulnérable le souhaitant puisse continuer à recevoir l’aide nécessaire pour continuer de vivre à la maison.
Svp osons la rencontre et l’entraide, oui oui, avec et par-delà écrans, masques et gants !
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“Année 2020. (…)
La récente crise déclenchée par la pandémie a révélé les inégalités créées par la fragilisation du système de santé et communautaire (…)
Au Québec, les CHSLD ne sont pas des milieux de vie à privilégier pour des personnes aînées et handicapées, dont plusieurs sont décédées ces dernières semaines. Une tragédie qui doit nous indigner et nous forcer à changer. La vétusté des établissements, la gestion lourde, l’absence d’intimité et le manque de ressources humaines et financières ont prouvé que l’institutionnalisation ne fonctionne pas. Pourtant, plusieurs personnes aînées et handicapées sont forcées de s’y retrouver car elles n’ont pas le soutien à domicile dont elles ont besoin. Celles qui habitent leur logement angoissent, exposées aux risques de contagion, alors que leurs préposé·es aux bénéficiaires se sentent oublié·es.
—#TeamBatwheel
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(*) diagnostic tombé avant avoir pu souscrire à une assurance invalidité
Notez que si j’ose parler pour la première fois d’argent, ce n’est pas pour faire pitié mais pour juste qu’on parle des vraies affaires, d’une réalité certainement partagée…