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Les ours roulant du Canada ou Quand les personnes en situation de handicap sont plongées dans une hibernation forcée, dès la neige venue

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Dès la mi-janvier, l’hiver frappe fort pour bien des gens au Québec. Beaucoup sont en mal de soleil, d’aventures… Et tant d’autres, à quatre roues, ont juste hâte de pouvoir sortir d’entre leurs quatre murs !

La neige a longtemps suscité en moi un élan de joie, et fait sortir juste ce qu’il faut d’entrain, de motivation, de mordant !  Hiver signifiait beauté, pureté, mystère même. J’adorais conduire le soir dans la neige, surtout en campagne… ou encore faire des promenades en soirée : ce genre de promenade où les pieds s’enfoncent dans la neige jusqu’aux genoux : le bonheur !
Ou encore ce plaisir si grand de me lancer en pleine nature immaculée avec mes skis de fond aux pieds : quel cadeau précieux de faire un avec la nature, de sentir tous ses muscles travailler !
Ces doux souvenirs font le plus grand des contrastes avec le sentiment de désolation et de détresse ressenti devant la première chute importante de neige de la saison ! Et aujourd’hui encore, après quelques mois de cette blancheur… Bien que la beauté du paysage des premières neiges ne laisse aucun doute, et fasse monter encore un peu en moi l’émerveillement d’une petite fille, ce qui se trame, plus profond, est pourtant bien différent : en fauteuil roulant, la neige revêt un tout autre visage !
La légèreté et la liberté font place à la lourdeur de se sentir pieds et roues liés. Les roues de mon fauteuil ne roulent pas dans la neige : elles tournent dans le vide. Littéralement !
Aujourd’hui, quelques 90 jours plus tard, toujours plus enfoncés dans un hiver bien québécois (on est particulièrement servis quant à la quantité de neige tombée cette année),ouf ! Lourd, lourd, ce temps gris ! Et cette soif de chaleur… Humaine ! De rencontres… ET de juste pouvoir sortir prendre l’air sans craindre que ma plate-forme élévatrice ne tombe en panne, avant d’être arrivée à destination (comme cet après-midi de janvier particulièrement froid où grâce aux pompiers96D028BE-18E2-4BB4-96BC-E245F3F50DD9.JPG (à qui je redis encore Mille mercis!), j’ai pu retrouver la chaleur de mon foyer). Ce serait chouette aussi de pouvoir aller voir un concert dans un bistro où la rampe portative n’a pas été laissée sous la neige et la glace…

J’me sens comme dans une quarantaine qui ne veut plus finir!!! Et plus je reste enfermée entre mes quatre murs, plus il me semble difficile de sortir ! Pas du tout très inspirée par les promenades au centre d’achat pour faire marcher ma belle, par une journée ensoleillée…. Il y a des jours où j’aimerais tant aller faire une randonnée de ski de fond en pleine forêt avec mon chien qui gambade à qui mieux mieux  !!
Plus j’y pense, et que je regarde neige et soleil avec envie, plus l’anxiété et un sentiment d’impuissance et de colère montent…

Au fil des jours, se succèdent déprime, angoisse, tristesse, impuissance, sentiment d’emprisonnement… Qui, peu à peu, par moments, font place à un besoin de plus en plus grand de dessiner, d’écrire et même, d’oser enfin prendre pinceau et couleurs ! Et découvrir reconnecter, rencontrer et habiter vraiment ce monde parallèle, celui de la lenteur qui souvent fait fuir ou fait peur. Ce monde qui est aussi celui de la profondeur. Puis, tous ces trucs que j’ai lus sur l’abandon, le lâcher prise, la force de la prière, me reviennent à l’esprit… Comme j’ai envie d’y goûter, à cette paix du cœur, à cette force, à cette joie profonde…j’ose un “d’accord ! “. J’ai pourtant écrit tant de mots sur le même thème (voir mes articles qui portent le titre Accepter).

Ouf ! Mais quel chemin !

Bon, c’est certain que dit comme ça, on peut croire entendre une illuminée !

Détrompez-vous ! Il y a des jours où cette lenteur pèse vraiment beaucoup !
Me tarde la fonte définitive des neiges et glaces, ce moment où je pourrai enfin sortir rouler librement dans les rues de mon quartier, sur des sentiers en pleine nature, faire courir mon chien ! Ou juste sortir parler avec des voisins !
Et aussi, vivement le retour de mon énergie !

Oui, il y a des jours où ma parenté avec l’ours dans son état d’hibernation n’est pas si chouette… Où cette difficulté à sortir me rend complètement folle, où j’ai beaucoup de mal entrer en moi pour trouver la lumière… et ma foi, goûter une paix toute douce, et percevoir tout plein de choses qui s’effacent devant un rythme de vie effréné !

L’hiver et la neige sont d’excellents coach pour aider à réapprendre à être. À condition que j’ose un “oui”. Sachant très bien que, chaque chose en son temps, tout mon être aura les fourmis dans les jambes et sera prêt à reprendre un rythme plus actif, le printemps venu. Ça y est presque !
Oui, les mouvements se succèdent, tout comme les saisons ! Et même, parfois, ils se chevauchent en nous ! Pour notre plus grand bien : chaque partie nous rapprochant un peu plus de qui l’on est vraiment, à condition de l’embrasser pleinement.

Bon, cela dit, vivement le printemps !

Hibernation, ou les saisons du deuil

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Suite au décès de mon père, en juin dernier,
l’hiver s’est chez moi hâtivement installé.
Mon corps s’est vite trouvé glacé, au propre et au figuré.
Mes pieds devenus insensibles (à la chaleur et au froid) et gelés.
En permanence. Même en plein cœur de l’été.
Je sais, normal, crise de SP.

Puis une fatigue assez tenace s’est installée. Je restais plusieurs heures au lit.
Et éloignais de plus en plus les sorties.
Merci la vie, j’ai été bénie des dieux,
Si bien entourée et soutenue, par mom, famille, ange voisin et amis…
Merci aussi la vie pour mon nouvel amoureux,
Qui a réchauffé mon cœur, et mes pieds, et grâce à qui j’osais des sorties.

Puis sont tombées les obligations, les démarches pour le règlement de la succession.
Se retrouver avec une belle maison,
dont mille marches d’escaliers bloquent l’accès à tout éclopé, aîné ou… colimaçon.
Il y a tant à régler : tout trier, vendre ou donner, et la paperasse, et l’administration (*).
Il y a aussi le vide, le manque, et l’incompréhension…
La tristesse, le stress, l’urgence de vite tout régler. Quel tourbillon!

Oui, en finir au plus vite, pour me remettre à vivre et ne plus angoisser!
Juste recommencer
à être à l’œuvre, même peu, même à pas de tortue…à oser!
Plutôt que de m’envelopper doucement,
et m’isoler dans un cocon tout blanc.
Sans m’en rendre compte, bien évidemment.

L’hibernation la plus longue, la plus glaciale et la plus mortelle,
Est celle qui isole et coupe les ailes.

Se sont sournoisement installés épisodes de repli sur moi, ma douleur ou ma misère…
Qui m’ont fait perdre les pédales, le sens de l’existence, et même tout repaire!
L’être humain est un être foncièrement social. Et un être de don. De lumière.
Ne sommes-nous pas tous originellement appelés à devenir mères et pères,
même différemment, si pas dans notre chair?
Puis, dehors, s’est véritablement pointé l’hiver …

Moi qui me suis dit combien de fois : « Wow, c’est pas possible! Je ne pourrais JAMAIS rester enfermée chez moi sans sortir : Hiver, maladie, amenez-en! » Voyez le portrait?
Et vlan! C’est fou comme c’est devenu difficile de sortir. TRÈS.
Oui oui, même avec un logement adapté, full accès!
(j’y reviendrai, et conterai la saga en plusieurs épisodes, je le promets).
La vie a cette façon de me faire un ptit clin d’œil, et me rappeler de pas juger! Ouais…

(*) Pas certaine que j’en serais sortie vivante sans les si précieux coups de main de mon parrain, et de ma grande amie MH.
Si toutes ces démarches m’ont littéralement dépouillé de mon énergie, c’est drôle comment les épreuves peuvent aussi offrir l’inestimable cadeau de nous rapprocher de famille et amis. Des vagues parfois si fortes de soutien et d’amour m’ont transportée et émue, au plus haut point. Merci tellement aussi à toutes celles et ceux dont les mots et les gestes m’ont été d’un grand support, et d’un grand réconfort. Et, mon très cher pa, le bouquet de mercis te revient à toi. Merci pour TOUT ce que tu as été et es encore pour moi. Merci pour ta présence, ton soutien si précieux, merci de m’avoir aidée à devenir qui je suis. Les mots me manquent. Ou ont été dits. Merci la Vie pour ce lien si grand, si précieux, toujours bien présent, même si son visage semble se dérober à mes yeux.

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