Mois : novembre 2016

VOYAGE- MiragE (Partie 2)

Pour plusieurs, novembre rime avec grisaille. Et aussi avec rêve d’escapade. Ça fait remonter en moi des souvenirs pas très lointains de tentatives de préparation d’un voyage à quelques heures de route… Voici la suite d’un article que j’ai commencé à écrire il y a quelques années, et dont j’ai publié la première partie, il y a peu (je la reproduis ici).

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VOYAGE MiragE, OU Quand les préparatifs pour un petit voyage en province,  à quelques lieues de chez soi, deviennent les 12 travaux d’Astérix… (PREMIÈRE PARTIE)

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Je vous partage la première partie d’un article entrepris il y a  3 ans, alors que la marchette était devenue une aide essentielle à la marche.

 Préambule

Ça fait tout drôle de se retrouver sans voiture, sans permis… Surtout quand ça vient rendre compliquées, voire improbables, les escapades hebdomadaires hors de la ville, chez des amis…ou encore la joie toute simple de pouvoir juste partir au loin quand j’en ai envie ou quand j’en ai besoin !

États d’âmes quand je vois l’annonce d’un événement auquel je voulais tellement participer :J’me sens pas capable d’écrire… j’ai cette boule qui presse ma poitrine… J’me sens encore prise chez moi…Zut ! J’aimerais donc pouvoir y aller, à Québec ! Au congrès auquel je me suis inscrite ! J’aimerais donc juste pouvoir y aller sans chichi, sans toutes ces multiples et interminables démarches et recherches… Sans avoir à passer au travers des 12 travaux d’Astérix …

Liste (peut-être même pas exhaustive) des démarches effectuées dans l’espoir de pouvoir m’y rendre :

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 Train :

Pas mal : j’apprends qu’on peut avoir droit à un accompagnateur gratuit si l’on a une lettre de médecin justifiant le besoin d’un accompagnateur (voir les détails plus bas).

 1- J’écris donc un mot à mon médecin pour lui demander une énième lettre, cette fois pour justifier le besoin d’accompagnateur pour le train.

2 -Vérification des règles, horaires et tarifs pour voyage à Québec en train… en fauteuil roulant : d’Ottawa, il y a un arrêt d’une nuit à Montréal :

3- Ce qui veut dire d’autres frais et d’autres démarches pour trouver de l’hébergement abordable, ou à tarif très réduit (tous n’ont pas la chance d’être couvert par une assurance-invalidité) qui soit adapté et pouvant accueillir un fauteuil roulant;

 4- Et je me dis que pendant que j’y suis, je pourrais visiter ma cousine à Ste-Hyacinthe … Aĩe ! Là je n’avais pas idée du périple entre les différents services de transport adapté de chaque région ! On ne peut pas juste aller de Montréal à Ste-Hyacinthe avec le transport adapté de Montréal. Non. Il faut prendre celui de la STM pour une partie du trajet, puis transférer dans un véhicule du transport adapté de la région la Mascoutaine…($$$ de plus, et besoin de s’inscrire comme visiteur…), qui ne se rend même pas à St-Hilaire (j’en aurais profité pour aller dormir chez des amis où c’est un  peu accessible…), ville couverte par encore un autre service (autres $$$, et autres démarches d’inscription comme visiteur) !!!

Ouf, alors disons que ces seules démarches m’ont pris quelques jours avant d’obtenir toute l’info… et m’ont plutôt pas mal beaucoup fatiguée et découragée !!!

5 -Ah oui, et je me suis aussi inscrite comme visiteur au service de transport adapté de la région de Québec, et à celui de la Mascoutaine. Au cas où mon plan fonctionnerait.

Bus :    

6 – J’explore du côté du bus : je recherche, remplis, et faxe le formulaire et joins lettre du médecin pour avoir droit à un accompagnateur gratuit…pour noter après que ça prend 4 à 6 semaines avant de recevoir une réponse;

Aussi, il faut réserver une semaine à l’avance pour voyager avec un fauteuil…

 La compagnie Orléans-Express offre le transport de Montréal à Ste-Hyacinthe. Mais les heures ne correspondent pas à mon horaire pour ce voyage-ci.

Covoiturage :

J’ai le goût d’explorer aussi de ce côté, même si ça peut sembler très peu probable avec un fauteuil roulant. J’ai toujours beaucoup aimé voyager en covoiturage : pas cher, sans chichi et permet de faire de belles rencontres !

 7-Appels : – Kéroul : n’ont entendu parler de rien en ce sens, et me demandent de les informer si je trouve quelque chose;

-Société de SP de ma région et d’une autre région qui n’en ont pas non plus entendu parler, mais proposent d’afficher une annonce sur Facebook;

 8-J’annonce sur ma page Facebook, et sur la page de la société de SP.

 Cette étape m’a été difficile ! J’ai toujours eu du mal à demander ! ET aussi à afficher que je voyage avec un fauteuil roulant. Ouf, je sais que ça dérange, et qu’on risque de grincer des dents chez ceux qui me connaissent… ou peut-être d’abord aussi pour moi ! C’est la première fois où je suis confrontée à l’ampleur de la tâche (titanesque!) que représente la planification d’un voyage seule, avec un fauteuil roulant. L’accès est tellement peu développé ! C’est décourageant. Aussi, je me prends la tête à essayer de penser à comment je pourrais fonctionner juste avec un fauteuil : pour aller aux toilettes, par exemple (vais-je toujours en trouver qui soient adaptées ? Comment faire chez des amis où le fauteuil n’entre même pas dans la salle de bains, et où il n’y a évidemment pas de barres d’appui pour m’aider à me relever sans chuter ?), ou encore pour me lever du lit, m’habiller, etc., etc., etc..).

 Bon, revenons à Astérix. Les démarches :

 9 -J’annonce aussi sur kijiji pour chercher du covoiturage en voiture accessible. 

À suivre…

(DEUXIÈME PARTIE )

 

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Crèche (*)

Pour l’hébergement, le périple se poursuit. Évidemment, on peut toujours trouver une chambre adaptée dans un hôtel 5 étoiles, mais pour celui ou celle dont les moyens sont limités, les choses prennent une toute autre ampleur… rien d’une « walk in the park… »

Démarches :

10- J’écris à l’auberge de jeunesse de la vieille capitale : n’ont jamais répondu;

11- Appels à des communautés religieuses : pas de chambre accessible;

12- Appel au centre de conférences où je vais pour demander s’ils ont des places. Ils me réfèrent à deux auberges.

13-Appels aux auberges : pas de chambre adaptée, et beaucoup d’escaliers.

Amis : j’ai des amis qui habitent dans la même ville, mais je ne les ai même pas contactés. Il y a plusieurs obstacles qu’il m’est souvent possible de contourner, avec de l’aide. Mais ça devient difficile quand je suis fatiguée et que j’ai besoin d’énergie pour le reste du voyage.

Exemple de course à obstacles : escaliers, toilettes : j’ai du mal à me relever s’il n’y a pas de barres d’appui; bain : encore les barres d’appui. Accès du fauteuil roulant ou de la marchette : largeur des portes, espace, différentes dénivellation à l’intérieur de l’habitation…

C’est ainsi que je ne me suis pas qualifiée aux 13 travaux. Découragée, j’ai lancé la serviette…pour cette fois. Sachant que tout n’est pas perdu : l’information obtenue par mes recherches me servira assurément une prochaine fois et à d’autres aussi, j’espère ! ***

Nouvelle aventure : espoir à l’horizon

Autre tentative, cette fois de voyager à Montréal pour un rendez-vous médical, et bien sûr, voir des amis. C’était il y a de cela encore plusieurs lunes, alors que la marche devenait de plus en plus difficile.

Ainsi reprend la même course folle aux préparatifs : réserver le train, trouver des amis chez qui dormir, planifier et réserver le transport adapté à Montréal… et surtout, trouver quelqu’un pour m’accompagner dans tous mes déplacements (pas les moyens de payer un accompagnateur)… puis, petit détail banal, qui m’a préoccupée plusieurs jours : comment faire pour aller aux toilettes la nuit si j’ai seulement le fauteuil manuel et pas la marchette?

Je ne me sens pas capable de faire ce voyage à pied, cette fois. Je suis sortie avec la marchette aujourd’hui (je rappelle que ces lignes ont été écrites il y a plusieurs mois..), et même pour une très courte distance, il m’a été très difficile de marcher. J’ai tout de suite vu que je ne pourrais me rendre ainsi à Montréal. Et le fauteuil manuel est tout nouveau pour moi… Si encombrant ! Dommage que ce ne soit pas possible cette fois-ci de prendre mon fauteuil motorisé(**), qui m’aurait donné pas mal plus d’autonomie, et permis de pas déranger mes amis. Je me sens plutôt coincée : le fauteuil manuel me met dans une situation d’abandon : je n’ai pas la force de le propulser moi-même beaucoup, et je n’ai pas l’habitude de l’utiliser dans les activités de la vie quotidienne…

Mes amies m’ont tellement touchée par leur offre de m’accueillir, et même l’offre de l’une de m’accompagner aux toilettes la nuit!!! Ouf, c’est fou ce que ces paroles réchauffent le cœur et apportent la lumière au bout de ce qui peut parfois sembler un brouillard si dense…Ça me donne des ailes, et me fait croire, en fait j’ai vraiment l’intuition que la prochaine fois sera la bonne! (Et oui, autre tentative avortée. Cette nouvelle réalité de mobilité réduite me dépasse totalement. Et la planification, et le besoin de quelqu’un pour m’accompagner et pousser mon fauteuil dans mes déplacements sont trop pour moi. Pour l’instant.

Je sais, je sais, ces charmantes peurs, de déranger ou autre, me coupent souvent l’herbe sous le pied ! Et, je me demande toujours aussi ce que font les personnes pour qui, comme moi, la marche et l’énergie deviennent difficile, et qui n’ont pas la chance que j’aie d’avoir des perles comme ami-e-s !! Pas facile de faire le deuil de ses capacités et de son autonomie… merci la Vie pour ces apprentissages de la patience et de la persévérance, et de l’abandon (bon, j’avoue, me reste encore bien des croûtes à manger). Et ça creuse la foi. Et aussi l’intuition que ces tentatives échouées d’escapade avec une nouvelle réalité toujours en évolution, que oui, j’arriverai à voyager (plus du tout envie d’outre-mer, mais peut-être juste pouvoir sortir de ma ville, à l’occasion ).

À SUIVRE…

À l’approche des fêtes (en fait, tout au long de l’année !), pourquoi ne pas penser à vos proches (ou même à des connaissances) qui sont à mobilité réduite et leur offrir de les conduire et ou les accompagner pour un petit voyage, une rencontre de famille ou entre amis ? Et même de leur offrir votre aide au besoin (que ce soit pour les transferts aux toilettes, ou autres): ça réchauffe le cœur ! Et si le cœur y est d’offrir aussi couette et café..pourquoi pas oser ? Rien de tel que la chaleur de votre amitié ou d’un lien qui ne peut gagner qu’à se tisser ! (***)

***

(*)Je sais je sais, le titre en fera réagir certains… je rappelle que ces lignes ont été pondues il y a un moment… et donc toute référence à une période de l’année est fortuite

(**)Question d’horaire du seul train qui aurait pu l’emmener et le ramener

(***) Cela étant écrit, je ne peux que sourire, et j’imagine que les gens qui m’entourent aussi: je suis devenue plutôt casanière…

 

 

Ubuntu : Je suis parce que nous sommes – proverbe africain (1/2)

rencontre-vivre-ensemble

Il y a longtemps que je souhaite parler de la chance que j’ai eue, à la fin de l’été, de participer au Forum Social Mondial !

J’y ai vécu un peu comme un concentré de ce grand besoin et élan qui m’habitent : ce Vivre ensemble, dont on parle de plus en plus.. et qui, j’ai encore pu le constater, sont largement partagés…tant par les plus vulnérables que par les “biens portants” !

Ce qui aurait sûrement été une belle petite balade sans histoire ou même excitante (pour qui, comme moi, n’a pas beaucoup l’occasion de prendre le train), s’est en fait avéré être toute une aventure ! Plusieurs défis rencontrés, beaucoup liés à l’accessibilité. Dont de superbes escaliers en béton devant le pavillon de l‘UQAM où se tenait l’atelier auquel je participais. Aucune rampe ou mécanisme pour permettre l’accessibilité aux fauteuils roulants… Ni même une enseigne indiquant une autre éventuelle entrée accessible. Le néant… Je trouvais drôle qu’on puisse se voir bloquer l’entrée à l’UQAM en 2016… Un ami a dû entrer s’informer. Il y avait bel et bien un accès… par une porte derrière l’édifice…

img_0299C’est ainsi que je suis arrivée plusieurs minutes en retard à l’atelier sur le vivre ensemble auquel j’avais été invitée à témoigner. On m’attendait avant de commencer.

Mes constats:

Les défis rencontrés lors de ma courte escapade de deux jours viennent témoigner du besoin de l’autre pour arriver à fonctionner au quotidien, de la collectivité pour aménager des structures qui rendent possible l’accès pour tous.  Ils viennent aussi me rappeler le besoin de l’accueil, de l’empathie et du soutien de l’autre pour m’aider à accueillir ma propre fragilité au coeur des défis, des épreuves, des fatigues et tempêtes que le voyage laisse sur le corps (maladie, fatigue et chaleur aidant)…

Aussi,  ma participation au Forum social  mondial m’a émue : c’est tellement précieux de rencontrer tous ces gens qui ont soif de trouver des façons de vivre autrement, des façons innovantes d’inclure les différences, les fragilités !

J’ai fait des rencontres riches avec des gens de Casablanca, Montréal ou Madagascar, intrigués par la petite initiative citoyenne d’inclusion que je représentais en avant-midi (le dépanneur Sylvestre); et eu des échanges inspirants en après-midi, à un atelier sur le vivre-ensemble où des gens de Québec, Montréal ou de l’Outaouais sommes venus témoigner d’un besoin criant de plus de communauté, et/ou présenter des exemples de vivre-ensemble.

Je vous partage ici un résumé de l’événement :

L’article, intitulé « Pas d’inclusion sociale sans une véritable collectivité et des relations d’amitiés! » est disponible à l’adresse :
http://www.larche.ca:8080/fr_CA/societe?article=488922&title=pas-d-inclusion-sociale-sans-une-veritable-collectivite-et-des-relations-d-amities-

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