« Nous portons tous en nous nos lieux d’exil, nos délits, nos ravages. Notre tâche n’est pas de les déverser sur le monde mais de les transformer en nous-mêmes et chez les autres. »
Albert Camus
Ouais. Il y a des journées, des saisons, des années où c’est plus facile que d’autres…
Au Québec, que le gouvernement est en train de rebaptiser « Austérité » (on se dit que ce sera mieux avalé que « Boucherie » ou « Saccage des programmes sociaux », ou « retour à l’ère pré- … » ?
Bref, en cette période noire où se succèdent les annonces de fermetures prochaines de centres d’hébergements pour personnes lourdement handicapées, ou le gel ou la non reconduction du financement de programmes d’adaptation de logements ou de services de transport adaptés et autres services essentiels rendant possibles les activités de la vie quotidienne de personnes vivant avec handicap (se lever, se laver, s’habiller, manger, aller aux toilettes..se préparer pour la nuit, se coucher)… Quelques jours après la Journée internationale des personnes handicapées, j’avoue que je ne sais pas, je ne sais plus.
Ces ravages m’anéantissent. Oui, il y a bien eu de beaux articles et entrevues. Et aussi les banderoles et les manifestations. Mais au quotidien, qu’est-ce qu’on fait quand notre voisin, notre ami ou notre frère, que sa copine a pu asseoir dans son fauteuil roulant avant de quitter pour le travail, et qui, en après-midi, est toujours nu, affamé et dans l’impossibilité d’aller aux toilettes, parce que la ou les personnes devant l’habiller, le nourrir et l’aider à aller aux toilettes ne se présentent pas ? Sans avertir?
J’ai mal à ma Terre
De nourricière qu’elle était, elle devient austère.
Quelle galère!
J’en ai froid dans ma chair
Je reconnais plus mon monde, qui revêt de nouveaux paysages de misère,
Comme au diapason avec une planète malade, à nouveau prise avec des guerres,
La famine, la torture, et la « mode » du gouvernement totalitaire…
Quelle affaire!
Cette nouvelle ère
me fait perdre mes repaires.
Et je n’ai pas envie de me taire.
Au contraire.
J’ai besoin de croire en mes racines, besoin d’affirmer que ces mailles,
qui ont tissé cette société, cette humanité, jusque dans ses entrailles,
et qui ont construit ces systèmes social solidaires, pour toutes ses ouailles,
pour que personne ne se retrouve sur la paille;
J’ose croire que cette fibre, que mes racines ne sont pas anéanties!
J’ose croire que tout ce à quoi on assiste n’est que le vent glacial qui saisit,
que ce dont on a besoin pour nous secouer, nous sortir de notre torpeur, de cette folie,
et nous faire affirmer haut et fort que ce n’est pas ce qu’on a choisi!
Oui, réclamons le maintien, voire la bonification, et sinon la reconstruction
des mesures sociales qui nous ressemblent et nous caractérisent en tant que nations.
Pour permettre aux plus vulnérables, aux aînés, aux handicapés de pouvoir rester
au cœur de nos sociétés.
Oui, Mais aussi et surtout : décidons de nous-mêmes réinvestir, de nous réapproprier
de ces valeurs sociales d’empathie, d’entraide, de cette tradition du « tissé-serré »,
qui ont tricoté nos racines, et qu’il ne tient qu’à nous de réanimer!
Et cela, aucun gouvernement ne pourra nous en empêcher.
Bonne et heureuse année! Sous le signe de la solidarité !
Osons comme résolution :
“Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible.”
Antoine de Saint-Exupéry