Bien que j’ai fait un grand élagage de mes livres de cuisine dernièrement, j’ai gardé un livre sur les confiseries. Je ne mange presque pas de sucre et je ne confectionne pas de bonbons. Et bien que mon temps libre soit précieux et rare, j’ai perdu un temps fou à le regarder l’autre jour. J’étais fasciné par le travail des maîtres de cet art, relégué au passé par les techniques de productions industrielles modernes. Tant de temps et de technique qui étaient insufflés à ce plaisir simple du bonbon!
Je crois que si je faisais mes propres sucreries de cette façon, chaque bouchée serait divine. Non pas parce que le goût serait nécessairement meilleur, mais parce que je goûterais le fruit (très sucré) de mon labeur.
Les seules items du garde-manger qu’on se permet de jeter chez moi, sont les friandises en excès que les enfants ont reçues à l’Halloween. Je n’irai pas en détails sur ce que je pense des ingrédients, des moyens de production et du coté étique des grands fabricants de bonbons. En revanche, ce qui rend facile la mise aux ordures de ces choses comestibles (je n’ose pas utiliser le mot nourriture ici), c’est le fait que je n’ai pas eu à mettre du temps à les faire, à récolter les ingrédients, à transformer ceux-ci, à les emballer.
C’est déchirant de jeter des choses pour lesquelles on connaît les étapes et le labeur de production.
Savoir devient alors une grande responsabilité.
Mais cette nouvelle pesanteur sur nos épaules peut amener à un chemin spirituel incroyablement puissant : la gratitude.
J’ai eu la chance d’écouter l’entrevue de Robin Wall Kimmerer sur Tapestry, une émission de CBC Radio One. Même dans ma journée très occupée, c’était loin d’être une perte de temps. Si vous me permettez l’expression : c’était du bonbon! Madame Kimmerer raconte la vision de son peuple autochtone : l’importance de demander avant de prendre. Le fait de demander fait automatiquement réfléchir sur l’ampleur de ce qu’on va recevoir : le labeur, quelquefois de toute une vie, d’une plante, d’un insecte, mais aussi de l’eau, du sol et du soleil. Elle raconte que lorsqu’on demande, la réponse est souvent oui, mais on doit être à l’écoute de ce poids sur nos épaule, le poids de l’impact de nos actions, pour connaître la réponse. Quand on demande et qu’on est conscient du travail de ce qui nous est offert, on devient reconnaissant.
Cette gratitude est une prière, un hymne à l’amour, à la vie en général, cette vie qui est si généreuse avec nous.
Cette réflexion me parle beaucoup et voici pourquoi. Chaque Noël je me démène à confectionner de petites bouchées sucrées que je partage avec ma famille étendue. J’y mets des heures et tout mon coeur. Pourquoi? Parce que j’aime ça et cela m’apporte tant de plaisir. Plus encore, je sais que ces petites confiseries, malgré leurs imperfections (je ne suis pas une pâtissière de métier) sont appréciées. Elles font apparition qu’une fois par année. Chaque Noël, je ressens la gratitude de ceux et celles qui les dévorent. Je suis reconnaissante envers leur reconnaissance!
Quelle belle tradition Chantal! Ta famille est choyée.
Bravo Nathalie,
J’ai bien aimé te lire ce matin. Ta réflexion est inspirante et me fait réfléchir à nos responsabilités face à la générosité du Créateur. Le don de soi et le service sont toujours les plus beaux cadeaux que l’on peut offrir.
Merci de m’avoir lu Claude! Étant agnostique, je suis ouverte à tout: que ce soit Dieu, une force de vie ou Gaïa, on doit être respectueux. Bravo à toi de ta générosité et de ton dévouement!!