2025 va être une année fantastique. Bien caché à la page 26 du Monde daté 10 janvier, la parution d’un livre documentant comment Donald Trump a été cultivé par les services secrets russes, Si c’est vrai, ça explique bien des choses et ça laisse présager une année où tous nos repères seront brouillés.
L’article du Monde attire l’attention sur le travail du journaliste Régis Genté qui décrit une « relation constante et pas toujours très claire » comme « une forme de collaboration tant le promoteur immobilier new-yorkais a longtemps fréquenté des diplomates, des espions, des mafieux et des oligarques russes. » « Près d’une cinquantaine de membres de la ‘mafia rouge’ ont noué les relations directes ou indirectes avec Donald Trump, » explique Régis Genté. Il s’appuie sur l’enquête Mueller du FBI sur les tentatives d’ingérence russe dans la campagne de 2016 ainsi que sur des responsables de la communauté du renseignement. Voici un ouvrage que j’ai hâte de lire.
Les services russes ont-ils trouvé dans cet ambitieux déséquilibré l’homme qu’il leur fallait pour faire avancer leur vieux rêve de domination de l’Europe ? C’est un petit peu inquiétant aujourd’hui de découvrir les vrais enjeux de la présidence Trump, l’annexion du Canada et du Groenland. Celui qui comprend les enjeux, c’est bien notre homme à Washington. Aujourd’hui 11 janvier, toujours dans les pages du Monde, les pays européens se réveillent à la menace des fusées intermédiaires russes utilisées en Ukraine, eux qui sont sans bouclier de défense antiaérienne autre que l’OTAN, et que vaut l’OTAN si les États-Unis envahissent le Groenland comme les Russes avaient pris la Crimée? Le Groenland est sans défense, l’Europe n’attaquera pas les États-Unis. Quel intérêt Elon Musk a-t-il à se faire le propagandiste en chef du nouvel ordre mondial que Trump veut instaurer ? Pourquoi risque-t-il la réputation de Tesla pour se faire le chantre d’une droite dure ? Qu’est-ce qu’on peut bien lui avoir promis pour qu’il accepte de devenir radioactif ?
En supposant que notre homme à Washington ne soit pas un agent double qui va trahir Vladimir en renforçant les sanctions et en armant davantage l’Ukraine, il menace d’étouffer le Canada économiquement. Je ne vois pas très bien comment il réussira à le faire, et on a un peu l’impression qu’il y a beaucoup de pétage de bretelles dans les émissions d’information, que plutôt que de nous communiquer des faits, les journalistes s’amusent à analyser les prévisions ce qui pourrait se produire au royaume des si. Trump est le genre de génie maléfique qui grandit plus on lui donne de l’espace dans notre imaginaire, puisqu’il ne peut faire que ce qu’on lui permet de faire. Ça sera assez difficile de pénaliser le Canada sans créer d’énormes difficultés aux États-Unis. Cela pourrait avoir un effet assez bénéfique auprès de la population canadienne obligée de de serrer les coudes pour acheter local. Ça pourrait mener au libre-échange entre les provinces. Nos fermiers pourraient abandonner leurs monocultures en faveur de denrées alimentaires pour la population canadienne. Parfois, une mauvaise chose est bonne. Et n’oublions pas que ce n’est pas comme si les matières premières et produits transformés que nous vendons aux Américains sont remplaçables du jour au lendemain. Los Angeles brûle. D’où viendront les matériaux pour le reconstruire ? Et les droits de douane, n’oublions pas que ce sont les Américains qui vont les payer, pas nous. Ce sont les revenus que Trump prévoit pour compenser ses réductions d’impôt sur le revenu. Les inquiétudes que l’on entend en ce moment viennent des entreprises qui devront se trouver de nouveaux marchés. Or, MAGA aux États-Unis, c’est la création d’usines pour que tout soit fabriqué de nouveau aux États-Unis. Qui dit usine dit s’approvisionner en matériaux, et d’où viendront-ils tous ces matériaux si ce n’est du Canada et du Mexique ? Se trouver de nouveaux marchés, je sais que ce n’est pas facile, mais c’est aussi ce qu’une entreprise doit continuellement faire, se réinventer et innover pour survivre.
2025, année de changement. Pierre Poilievre va-t-il respecter sa promesse de couper les vivres du CBC (sans toucher à Radio-Canada !) ? Emblème de l’identité canadienne menacée par le voisin américain, pense-t-il retenir les transfuges libéraux et npd qui pensent voter pour lui et qui tiennent mordicus à CBC dans une élection où l’enjeu n’est pas la taxe sur le carbone mais l’avenir du Canada ? Couper CBC, ça va passer pour être le geste de quelqu’un dans la poche de Trump. Est-ce qu’on voudra un tel homme à la tête du pays face à Trump ? Pauvre Pierre Poilievre, chouchou du propagandiste en chef Musk, comment va-t-il se transformer en défenseur du Canada ? C’est quand même intéressant les conséquences des âneries de Trump.
Faut pas se leurrer sur les intentions de Trump. Est-ce qu’on lui a jamais demandé s’il se voyait comme un des grands hommes de l’Histoire qui redessine les frontières des pays ? Peut-on s’imaginer qu’il puisse répondre non à cette question ? Dictateur pour un seul jour, a-t-il dit promis d’être. Il est aussi possible que tout cela soit juste un peu de boucane trumpienne pour qu’on parle de lui au lieu de Jimmy Carter, président exemplaire par excellence qu’il ne sera jamais. Trump ne digère pas que les drapeaux soient en berne pendant 30 jours à la suite de la mort d’un président, c’est à dire pendant son inauguration. Ça chicote cet homme obsédé par le détail de ses manifestations. Que va-t-il se passer lorsque le repris de justice Trump sera président ? La promesse de régler la guerre en Ukraine en 24 h est devenu « en 100 jours ». La réalité n’est pas magique, il n’est pas roi et il ne suffit pas de dire quelque chose pour qu’elle se réalise. Nous avons déjà un roi, Charles III, qui viendra assurément à notre secours, pour dire à Donald «Non non non, touche pas à ça Donald. Au Canada, c’est moé le roé. » 2025, ça va être un bien bonne année.