Je n’ai pas particulièrement envie de discourir de politique, c’est ennuyeux à n’en plus finir et il faut bien admettre, on a toujours raison dans notre petite bulle. La vie est courte, bien courte, pour en discourir, et si je le fais, c’est uniquement parce que dans mon monde à moi qui ne suis pas Québécois, le Québec, c’est la terre promise, dont je peux voir les hauteurs des outaouais de chez moi, ici à La Nation, une collection de villages auteur de Casselman qui a refusé d’en faire partie lors de la dernière ronde d’amalgamations provinciales, à une cinquantaine de kilomètres de Rigaud, où on descendait jadis, m’a-t-on assuré, le samedi soir à partir de Rockland quand il n’y avait pas grand-chose à faire, juste pour aller prendre un café. Le Bas-Canada a toujours été une terre promise.
La Nation. J’ai une aversion aux nationalismes fondés sur une caractéristique génétique, religieuse ou socioculturelle d’un groupe de population. Ces formes de nationalisme sont en réalité des religions, fondées sur une croyance en l’unicité de la caractéristique. Et comme tout un chacun sait, la langue est une caractéristique socioculturelle.
Le nationalisme n’est pas un patriotisme, c’est tout le contraire en réalité, puisqu’il tente invariablement d’imposer sa primauté en écrasant celles des autres. La guerre de Poutine n’est que l’expression extrême des dérives d’un autocrate au nom du nationalisme, mais son germe est présent dès qu’un gouvernement nationaliste utilise des lois pour modifier les droits linguistiques d’une minorité. Elle l’est d’autant plus lorsqu’un gouvernement utilise un moyen qu’il sait non conforme à la loi pour modifier la constitution du pays. Lorsque cela se produit chez une dictature qui a mauvaise image auprès des gens qui se soucient de ces choses, on parle de coup d’état, de coup de force. Quand il a lieu dans notre basse-cour, on ne le sait pas.
Quand ce même gouvernement invente des lois pour limiter la liberté de la magistrature de se gérer, on ne pose pas de question parce que c’est une mesure contre le bilinguisme et qu’on est d’accord de bouter les Anglois hors d’Orléans. Je ne suis pas Québécois et n’ai donc pas droit de parole, mais si ça se produisait dans un pays qu’on n’aime pas, on n’hésiterait pas à condamner le gouvernement qui a recours à de telles mesures antidémocratiques.
Je pense que j’aimais mieux ça quand le Québec menaçait de se séparer. Ce nationalisme-là était moins insidieux, plus ouvert aux réalités québécoises. Maintenant, que le braintrust nationaliste a fait une croix sur la réalisation de l’indépendance par des moyens théâtraux ou référendaires, il mobilise le français après s’être trouvé un bon petit saintjeanbaptiste, sans doute élevé sur Retour vers le futur, pour s’inventer une raison d’être en épinglant l’acte de fondation d’une nation à une loi britannique de 1867, un texte gravé dans la pierre légué au Canada par Sa Majesté elle-même en présentiel (j’ai des photos !) à Ottawa en 1982.
Faut le faire et surtout, faut y penser. Chapeau à ces gens-là, c’est machiavélique à souhait. Retourner dans le passé pour changer l’avenir. « Un vrai move de Dick, Philip K. », comme on dit à Montréal. Puis, on poursuit la stratégie des petits pas, ce que feu Jacques Pariseau avait décrit lors d’un référendum comme un piège à homards pour le Canada ou le Québec, je ne m’en souviens plus, où on ne peut plus reculer une fois qu’on a avancé. Après ça, on va s’appuyer sur cette fiction « qui est dans la constitution » pour serrer la vis encore un peu plus aux Anglos et autres qui osent s’adresser au gouvernement dans une langue autre que le français afin qu’un jour, on ne se fasse plus jamais jamais dire Bonjour-Hi à Montréal. Quant aux nations innue, mohawk, huronne et autres sur le territoire depuis toujours, on les tassera « dans leurs domaines de compétence », comme l’a si bien précisé sotto voce Monsieur Blanchet au dernier débat des chefs. Et parce qu’on fait ça au nom du français, personne ne le voit comme une limitation des droits des minorités au Canada.
Non, je ne suis pas Québécois, mais je souffre des effets indésirables des coups de couteau du gouvernement du Québec. Et maintenant qu’il s’arroge le droit de modifier comme bon lui semble la constitution, qu’est-ce qui va empêcher les autres provinces d’en faire de même ?
— Mais rien du tout, nous rassure-t-on du côté québécois. Au contraire, on les encourage à le faire. Cela légitimera notre démarche.
— Alors si l’Ontario décidait de déclarer que seule l’anglais a droit de cité comme langue officielle comme le fait le Québec avec le français, ça va ?
— Absolument. Allez-y les Anglos Vous êtes maîtres chez vous. Supprimez vos services aux francophones si vous trouvez que ça vous coûte cher. Ils pourront venir parler français chez nous. On accepte déjà que leurs enfants fassent leurs études ici au même prix que les nôtres. On est blood quand même…
Et voilà, c’est fini. Quand il y a abus de pouvoir, il faut le dénoncer même si on risque d’y laisser quelques plumes. J’ouvre les commentaires pour ce texte comme promis, mais je ne parlerai plus de politique. La vie est trop courte et trop pleine de difficultés pour nous en inventer pour l’amour d’une langue, même lorsque c’est celle qu’on aime.
L’assemblée nationale du Québec n’est pas signataire de la constitution canadienne. En 1865, lors de pourparlers visant une confédération de certaines colonies britanniques d’Amérique du nord…on a refusé de mettre à l’ordre du jour une discussion sur les droits scolaires des francophones vivants en Ontario.
Louis Riel paiera de sa vie, d’avoir omis de prendre note de ce message impérial de mouture typiquement canado-orangiste….dont les retombées sont toujours bien présentes aujourd’hui. Par exemple le millions d’exilés canadien-français vers les usa de 1840-1920….pendant que l’immigration venant des iles britanniques battait sont plein. Si ce déplacement des populations canadienne-françaises avait été dirigé vers les territoires de l’ouest canadien, c’est 50% de la population canadienne d’aujourd’hui qui aurait comme langue première…le français….et la constitution du pays, un peu différente quand même!
C’est quand même curieux qu’un parlement veuille modifier unilatéralement une loi qu’il ne reconnaît pas, surtout pour y insérer ce que l’on s’attend à lire en préambule d’une déclaration d’indépendance d’un pays. Lorsqu’un gouvernement tente de modifier illégalement la constitution de son pays, on se doit de le dénoncer, peu importe que l’on soit d’accord ou non. Comprenez-moi bien, le Québec peut adopter les lois qu’il veut, dans le respect de ses champs de compétence et de la constitution. Ce qu’il ne peut pas faire, c’est modifier unilatéralement la constitution de son pays, le Canada. Je ne conteste aucunement le droit du Québec d’adopter une loi déclarant le français la langue officielle du Québec, car même si le parlement de Québec n’a pas voté une motion d’adoption des lois constitutionnelles, ces lois le régissent ipso facto.
Quant aux faits réels ou imaginaires que l’on ressasse à tour de bras et au goût du jour pour flatter dans le sens du poil la fibre populiste, je décroche. Beaucoup d’événements (révolution industrielle, famines, guerres, révolution bolchévique, urbanisation, etc.) expliquent les mouvements de population entre 1840 et 1920. C’est tentant de conjecturer avec des si, d’échafauder une vision revancharde de « si seulement ». Le danger des si, c’est qu’il nous empêche de voir que les idées et les personnes que l’on croit être des lanternes ne sont que des vessies.
De toutes les colonies réunies de l’empire britannique, c’est au Canada que l’on retrouvait le plus de loges orangistes. Comme Charlebois aurait pu dire….ça pas mal cassé notre party!
https://www.journaldemontreal.com/2022/04/09/40-ans-de-trahison-mettons-notre-drapeau-en-berne
Les débats politiques, quand il s’agit d’identité et d’appartenance, deviennent vite émotifs. On se sent touché personnellement.
Je ne suis pas sûre d’avoir compris toutes les nuances de ton texte, mais pour une raison qui m’échappe, ce qui m’est venu à l’esprit, c’est un tout petit bout de texte que j’ai lu hier et qui va ainsi: “Si vous ne savez pas comment réagir à une situation, pourquoi ne pas essayer d’y réagir avec bonté?”
Oui, je sais, ça semble sans rapport, mais le sens des choses se cache souvent à des endroits insoupçonnés:)
Quand on ne voit pas la poutre dans son œil….
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1881620/enseigner-francais-terrain-hostile-loi-96-cegep-anglophone-quebec
Voilà, je ne suis pas sûr du sens du commentaire. Je réponds dans le prochain billet. Cela étant dit, merci pour l’article que j’ai trouvé très intéressant. Toutefois, il m’a semblé que l’auteure se montre peu sympathique envers le point de vue des minorités.
Je crois pouvoir préciser le sens du commentaire par cet article qui précise bien la situation que je décris. Pour moi s’offusquer d’un ajout sans conséquence au préambule définissant le Québec dans le texte constitutionnel canadien, n’a rien de communes mesures avec le refus d’entendre et de respecter le peuple du Québec soit en 1838, 1867 ou encore frais dans notre mémoire 1982. Je soumet respectueusement que nous versons ici dans du Québec Bashing. Ce phénomène est une stratégie….très bien définie dans l’article suivant.
https://www.ledevoir.com/societe/710778/societe-le-quebec-bashing-ou-la-tolerance-a-deux-vitesses
Vous dites….. Toutefois, il m’a semblé que l’auteure se montre peu sympathique envers le point de vue des minorités.
Cependant il faut reconnaître que la minorité linguistique francophone du Canada n’a rien de comparable avec la “majorité” anglophone vivant au Québec. Le gouvernement canadien vient à peine d’ajuster son programme d’aide aux langues officielles afin de tenir compte de cette réalité. Entendons-nous, sur l’assertion suivante….que la langue anglaise n’est pas compromise en amérique du nord.
L’anglais n’est pas compromis, ni l’espagnol ni le français, en Amérique du Nord. Pour qu’ils le soient, il faudrait que la majorité des gens qui parlent l’anglais, l’espagnol ou le français décident d’abandonner leur langue, ce qui ne risque pas d’arriver. Le français au Canada n’est pas à risque de « louisianiation », pour reprendre le mot de Pôpa. Faire peur au monde en inventant le péril jaune, la menace rouge, le complot juif ou le péril djihadiste est la marque de commerce des gouvernements qui manipulent l’opinion publique à des fins électoralistes. Il faut certes veiller à entretenir le français au Canada, et il évoluera comme évoluent toutes les langues, mais il n’est pas appeler à disparaître et il ne disparaîtra pas.
La question était….le français est-il en déclin. Les réponses sont à couper le souffle.😳
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