En juillet dernier, je reprenais goût à la ville en me promenant à deux au Marché By. Il n’y plus que des stands de hot-dog et autres casse-croute là où se succédaient jadis les étals de fruits et légumes des fermiers du coin. Nous passons vite, rien pour nous ralentir après le magasin marocain jusqu’au coin d’Irving « We corner the market » Rivers où ce jour-là l’éphémère Marché de la rue York avait pignon sur rue. Et dans ce chapelet de kiosques d’artisans, un lion accroché au stand de STPrint attrape mon regard, parce que ce lion avait figuré dans un bd publiée par Cinésources 10.
Cette image est une linogravure bicolore de Samuel Thompson, un jeune graveur talentueux qui me remémore l’esprit de Cinésources 10. Je résiste à ses estampes et craque pour une série de signets de faune ontarienne (depuis épuisée) et que fiston a vite fait sien dès qu’il les a vus.
La bd, c’est Il était une fois…, un roman graphique de 40 pages que Cinésources 10 a publié dans les mois qui ont précédé La Pulpe. J’avais souvenir qu’il y avait beaucoup de lions dans cette bd. Heureux qui aujourd’hui a encore sa copie de ce petit bijou.
Dans un univers curieusement actuel, un petit garçon file sa vie sur des fils jusqu’à ce qu’un jour sa curiosité lui fasse faire une rencontre qui l’emportera dans une fabuleuse aventure où un lion le terrassera avant que ne triomphe l’amour. Je viens de la relire avec 50 ans de recul. Aujourd’hui, les fils sur lesquels file notre vie tissent les réseaux sociaux, mais pour le reste, rien n’a changé. L’étrange modernité d’Il était une fois tient à la poésie et à l’ironie du scénario et de la mise en scène de manu qui a fondu son dessin dans les photos de Jean-Pierre Béland.
Le tirage initial était probablement de 100 exemplaires. S’il en restait, ils sont disparus dans le feu de la rue Dalhousie qui a tout emporté, y compris ma mémoire de cette époque. Je ne sais donc pas grand-chose au sujet de la production, sauf que c’est surtout manu, petit génie créateur à l’origine de tout et qui a tout fait, poussant Jean-Pierre à dépouiller toujours davantage les photos dans une démarche qui allait culminer avec l’image réticulée en couverture du numéro 8 de La Pulpe. Je me souviens surtout des enveloppes que j’avais imprimées à la sérigraphie au Centre Ste-Famille à Rockland où j’avais monté un atelier. C’est probablement pourquoi j’ai le lion de l’enveloppe tatoué sur les neurones et que j’ai cru le reconnaître dans Sparks St. Lion.
Finalement, Spark St. Lion ne ressemble pas tant que ça à ceux d’Il était une fois et à bien les regarder, celui que l’enveloppe reprend de la page 35 de la bd, est proprement effrayant avec ses crocs prêts à fondre sur nous. C’est une menace incarnée. Dans Spark St. Lion de Samuel Thomson, l’œil est d’abord pris par la tache bleu de l’écusson royal, le lion semble s’y appuyé, comme s’il n’était que de fonction. Puis on voit ses griffes puis celles de ses pieds et il ne semble pas particulièrement rassurant lui non plus. La morale de l’histoire est qu’un lion est un lion, et à Cinésources 10, il y avait beaucoup de lions.
Je me suis abonné aux courriels de STPrint, où j’ai appris que Samuel sera de nouveau au Marché de la rue York dimanche prochain, en même temps que notre pique-nique. Avis aux ceuses et aux cellèses comme disait ma mère qui roderont au Marché By dimanche. Le petit Samuel a de belles images à vendre.
J’ai fait don de mon exemplaire d’Il était une fois à la bibliothèque du département de BD de l’UQO. Avant de m’en séparer, je m’en suis fait une version pdf. Disponible sur demande polie. Il me semble qu’il me reste une enveloppe.
Je me permets de rendre disponible la version numérisée par Henri:
https://drive.google.com/file/d/1TsqUdeCFxIPYAu3CQgKKg8J-DOYpb1Sh/view?usp=sharing
Merci d’avoir ajouté de la perspective à cette publication, Gilbert. À l’époque les projets se suivaient à un rythme accéléré et s’emboîtaient les uns dans les autres au point où, pour ma part, je n’arrivais pas à prendre assez de distance pour les apprécier réellement. Ça fait chaud au coeur de les voir maintenant. Et quel maître de la récupération, notre manu !
Bonne idée de rendre la version numérisée !
Zut ! Je voulais dire bonne idée de rendre disponible la version numérisée !