Une heure max

Faut que je travaille et qui a le temps de faire de la belle prose par les temps qui courent quand il y en a tellement à lire et à découvrir. Faut faire autre chose, et puis, pour faire autre chose, il faut se projeter dans l’avenir, voir le monde tel qu’il sera et mettre en boîte un simulacre de soi qu’un jour un robot trouvera pour se déguiser dans l’éternité du métavers qui attend les humains dans 300 ou 400 ans. Il ne faut jamais oublier que l’espèce humaine n’est qu’à son moyen âge de l’ère de l’électricité et de l’informatique. Nous ne passons plus notre temps à créer des objets pour nous faire vivre. La vaste majorité d’entre nous passons notre temps à consommer les rêves de nos écrans. C’est vrai que c’est moins fatigant que de lire.

13:02 – Mais là n’était pas mon propos, je m’entends dire, enfin, en partie. J’ai un excès de livres, me dit-on, mais il y en a un de Francis Steegmuller, Flaubert and Madame Bovary, trouvé par chance il y a belle lurette, et dont m’avait parlé Nina Raginsky, une photographe avec qui j’avais entretenu une correspondance à un moment donné, que je n’avais jamais pu lire lorsque je l’avais trouvé. Je l’ouvre, c’est plutôt intéressant, et voilà Gustave à 17 ans, qui commence son premier roman, Mémoires d’un fou, avec la question même que je me pose à propos de ce blogue :

« Pourquoi écrire ces pages ? — À quoi sont-elles bonnes ? Qu’en sais-je moi-même ? C’est assez sot, à mon gré, d’aller demander aux hommes le motif de leurs actions et de leurs écrits. — Savez-vous vous-même pourquoi vous avez ouvert les misérables feuilles que la main d’un fou va tracer ? »

J’aime beaucoup Gustave, si ce n’est à cause d’une fois à mes premières armes à Toronto. J’évoquais chez la docteure qui m’avait pris en affection mai 68, époque où elle étudiait à Paris. Elle m’appelait Flaubert. J’aime beaucoup lire Gustave parce que c’est du bien beau français qui évoque un monde et où il n’y a jamais un mot de trop. J’ai lu Salammbô l’an dernier. On m’avait fait peur, on me disait que c’était ennuyeux. Quel merveilleux livre. Un livre que je recommande fortement à qui a envie de vivre un moment dans un autre univers, à lire avec un bon dictionnaire, de préférence illustré, bien que notre imagination crée ses univers selon les archétypes du cinéma et de plus en plus selon les décors des grands bédéistes.

Mais Gustave a 17 ans quand il écrit ça et moi j’ai mon année de naissance de plus que lui. Qué sera sera.

13:33 — J’ai commencé la rédaction d’un texte qui pourrait être une source d’incompréhension. Ça m’inquiète un petit peu, mais on me rassure que je dois me préparer à l’indifférence générale, et de ça, je n’en ai aucun doute. Ce n’est pas toujours facile d’être l’idiot de la famille, et j’ai bien peur que je risque de passer pour l’être une fois de plus.

Ça s’appelle Le Codicille de la nation. Bientôt à l’affiche. Entretemps, trouvez l’erreur :

Projet de loi numéro 96

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