6 mai – Ce billet est chronologique. Un jour, je comprendrai comment faire ça comme du monde. Carney est allé voir Trump aujourd’hui.
Mais ce qui est important pour moi aujourd’hui : Bonne fête Claude… que sonne sur tous les toits ton année de gloire.
2 mai – Au loin je vois rôder un renard, c’est le gros mâle, qui se dirige vers le terrier. Hosannah !
29 avril – Pauvre Pierre Poilievre. gagner et perdre en même temps, mais il s’accroche, Stornoway, c’est vraiment de bons appointements, et le pourcentage a augmenté, mais surtout le pays commence à être polarisé. Le terreau est fertile.
28 avril – Il y a des petits plaisirs à vivre à la campagne. Samedi passé, j’avais vu un renard traverser à la course la route devant moi. Moi, je rentrais de Hawkesbury. Il avait quelque chose de blanc à la gueule. Je le guettais toujours lorsque je passais près de son terrier parce que je voyais souvent un renard rôder, je l’avais photographié plusieurs fois. Il m’avait semblé qu’il avait quelque chose à ses trousses, mais je n’ai regardé que de son côté et l’espace d’un instant j’avais dépassé l’endroit où je l’avais vu et je tournais pour rentrer chez moi. À matin, alors que je débroussaillais, j’ai entendu quatre coups de feu. J’ai pensé qu’on ne volerait plus de poules, surtout que j’ai trois voisins qui laissent leurs poules se promener. La loi de la jungle est cruelle.
Journée de trépidation. Au bureau de vote, un homme attrape mon regard et s’avance lentement vers moi. “Vous avez voté ?” je lui lance. Il se penche et me souffle à l’oreille, “J’ai voté pour le premier ministre” et me regarde d’un air entendu. “Pierre Poilievre. Mark Carney y’est riche. C’est l’ami de Trump. Y’a fait toute son argent à la banque du Canada.” Un agent électoral le reconnaît et l’éloigne. Et que vois-je sur ma carte d’électeur ? Un petit tour qu’on m’a joué, mon deuxième nom a changé de sexe. À mon tour de voter, il y a six candidats. En rentrant, je me dis que le mouvement PP est bien ancré dans la Nation,
En fin d’après-midi, je m’aventure du côté du terrier des renards pour voir ce qu’il y à voir et où je m’attends à ne rien voir. Je savais qu’il y avait quatre renards, papa, maman et deux petits qu’une voisine avait aperçus et j’avais entendu quatre coups de feu. Mais ne voilà-t-il pas quatre renardeaux tournent en rond et me regardent qui les photographie sans bien faire la mise au point, être photographe avec des vieux yeux, c’est pu comme avant, mais voilà, ils sont kawaï à mort quand même. C’est la mère qui n’est plus là et ils sont perdus.

Au bout de quelques minutes, ils se réfugient dans leur terrier. Je rentre chez moi et sort de mon congélateur un étourneau que j’avais trouvé mort au pas de ma porte l’été dernier et je suis allé le déposer sur le terrier à côté d’une griffe de dindon. Il n’y avait aucune trace des renardeaux. J’ai pris une photo de la griffe puis, je suis rentré pour regarder les élections.
27 juillet – Cent jours de Trump, cent jours de Carney, cent jours de Poilievre, qui remportera la partie de poker qui se joue aujourd’hui dans le grand faux référendum du 28 avril sur la direction du pays. Cent jours qui ont fait un pays, nous diront les historiens de demain et les journalistes qui pondront les livres d’analyse à temps pour le marché de Noël de 2025. Moi, mon choix est fait, même si voter Libéral ne m’est pas naturel.
Cent jours pendant lesquels j’ai découvert Mark Carney et Pierre Poilievre, surtout grâce à Infoman et aux débats des chefs. Il faut dire que Pierre Poilievre m’est très antipathique depuis belle lurette. J’ai vu en Mark Carney un homme qui avait le comportement d’un premier ministre. Qu’est-ce qu’un bon premier ministre ? C’est quelqu’un qui inspire confiance et qui motive ses troupes pour le bien du pays. On saura demain jusqu’à quel point il aura réussi à ressusciter le parti Libéral, qui était moribond et conspué il y a cent jours. Le Canada connaît un regain de patriotisme face à la menace américaine et j’ai l’impression que comme le nationalisme québécois, la ferveur elbows up n’est pas à la veille de disparaître. S’il est un bon premier ministre, Mark Carney saura mobiliser les milieux d’affaires pour renforcer l’indépendance du pays, qui ne dépend que de la bonne volonté des États-Unis, le Canada étant incapable de se défendre face à l’éléphant bleu blanc rouge.
Cent jours de téléréalité Trump, il n’en reste plus que 1360, que fera-t-il pour remplir tout ce temps d’antenne, il ne peut quand même pas finir sa présidence avec une cote d’écoute de loser. Et qu’est-ce qui rallie un peuple derrière un chef impopulaire ? Une bonne guerre, ça fait souvent l’affaire pour redémarrer une économie. Aujourd’hui, le boss des bécosses annonce que les navires américains ne devraient pas avoir à payer pour transiter par le canal de Suez et le canal de Panama. C’est une tactique de négociation tirée de The Art of the Deal, intimider à chaque étape son vis-à-vis. Nous allons y goûter à notre tour cette semaine.
Pauvre Pierre Poilievre, l’orphelin qui a mérité sa pension trente ans avant tout le monde et qui rêve de vivre le rêve américain de devenir dirigeant de son pays. Le voilà à la tête d’un parti qu’il a renfermé dans une bulle médiatique que je ne fréquente pas. Peut-être que dans le monde de PP, les grands rassemblements et la ferveur antivax vont se traduire par une victoire inespérée et inattendue. Je trouve plutôt que le gros bon sens de PP souffre d’une carence d’intelligence. Je trouve surtout que le message de PP ressemble beaucoup au message de Trump 45, qui avait misé sur le « carnage dans les rues » pour se faire élire. PP parle d’une décennie perdue et de criminalité dans un pays que je ne reconnais pas, et qui n’existe que dans sa blogosphère. Le fait que le prix d’une maison ait doublé en dix ans est une bien meilleure nouvelle que de se retrouver avec une maison dont la valeur a fondu de moitié en dix ans, car cela voudrait dire que la population s’appauvrit. Ça, c’est du gros bon sens PP.
C’est d’ailleurs ce qui me fait douter de la longévité de PP en tant que chef du parti Conservateur. Il est plutôt le chef d’un mouvement d’inspiration trumpiste qui a su prendre le contrôle du parti Conservateur, à l’instar du parti Républicain qui a été pris par le mouvement Tea Party qui a précédé l’ascension de Trump. Comme le mouvement nous vient de l’Alberta et qu’il est sous forte influence américaine, son objectif ultime est de favoriser l’annexion du Canada. La cerise sur le sundae aurait été que cela se fasse pendant le mandat de Trump 47 pour que ce repris de justice puisse mourir convaincu de passer à l’histoire pour avoir fait le plus grand deal immobilier de l’histoire en effaçant la démarcation du 49e parallèle.
Si PP perd, la tradition veut qu’un loser de sa trempe (partir de +20 à 0 en cinq semaines) abandonne son poste, surtout s’il n’est pas réélu. Mais s’il veut rester en poste, s’il trouve que Stornoway n’est pas si moche que ça après tout, on devrait avoir droit à une crise existentielle du parti Conservateur. Si le parti ne conteste pas son chef, c’est que PP est le plus récent avatar du populiste des Praires, tels William Aberhart, Tommy Douglas et John Diefenbaker, qui vient marquer l’histoire du Canada. Un mouvement MAPLEMAGA sous PP pourrait fort bien s’enraciner au cours des prochaines années, surtout si Trump fait la guerre économique au Canada.