Les premiers humains sur terre auraient d’abord cru en l’existence de l’âme immortelle. Celles des défunts restaient parmi eux et se manifestaient dans les rêves. Par après seulement ils se seraient créé des divinités, à leur image et selon leurs besoins.
C’est ce qu’avance Reza Aslan, dans le livre God, A Human History. Il y fait l’histoire des croyances à travers les âges et les civilisations. Je suis rendu à mi-chemin dans la lecture. Je viens de quitter les incessantes chicanes de famille parmi les dieux des différents peuples du Proche-Orient pour entreprendre la naissance du monothéisme.
Et voilà que le temps des fêtes arrive, avec son lot de mythes, de croyances et de rites. Les gros bonhommes en rouge, les crèches illuminées, les annonces commerciales, les tourtières, les cadeaux, les films de Noël… L’occasion est belle pour tout remettre en question.
Noël est une fête chrétienne, on le sait. Elle doit son omniprésence à la christianisation de l’Occident au IVe siècle. Auparavant, l’Église ne fêtait pas la naissance de Yeshoua, ne sachant pas à quel moment elle avait eu lieu. Mais la politique religieuse s’en est mêlée et la Nativité fut associée à une fête existante dans l’Empire romain, celle du Soleil invaincu (et de la naissance de la divinité solaire Mithra, et la fin des Saturnales, et du solstice d’hiver…). On peut comprendre l’empereur Aurélien d’avoir cherché à mettre de l’ordre dans les célébrations.
Ces fêtes n’étaient certainement pas l’apanage du christianisme romain. Des célébrations entourant le solstice d’hiver ou la nouvelle année, avaient eu lieu partout sur terre et à tous les âges. À travers les traditions et les symboles, elles étaient toutes liées à un espoir, à une naissance : celle d’un nouveau soleil, d’une nouvelle chance. Certains croient qu’elles ont commencé au néolithique, quand le modèle chasseur-cueilleur s’est transformé progressivement en agriculteur-éleveur et que le calendrier des saisons est devenu important.
Pour ma part, j’aime croire que la tradition est encore plus ancienne. J’imagine des humains du paléolithique, disons il y a deux cent mille ans. Ils sont nomades. Ils sont en famille ou en petite tribu. L’esprit de leurs ancêtres est avec eux, toujours. Les plus vieux ont compris que le soleil a un cycle qui se répète, que les saisons se suivent. Dernièrement, ils ont senti un changement, quelque chose de nouveau dans l’air. Ils comprennent qu’une nouvelle saison commence. À la tombée du jour, en ce jour le plus court, ils se réunissent tous autour d’un grand feu. Aussi bien qu’ils le peuvent, ils expriment leur joie d’être encore ensemble après une année parfois difficile. Ils nourrissent l’espoir que la vie sera meilleure avec le nouveau soleil qui arrive. Qu’ils n’auront jamais faim. Qu’ils accueilleront de nouveaux enfants et ne perdront pas d’êtres chers. Ce soir, ils peuvent espérer tout ça, autour d’un grand feu de joie.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple.
Joyeux soleil, tout le monde.
2 Responses
Comme c’est beau! Je fêterai le soleil cette année.
Texte absolument inspirant, que je vais relire et relayer. Merci, J-P