
Jadis, une crèche de paroisse se devait d’avoir un enfant Jésus de cire. Celui-ci a servi à la crèche de 1952 de l’église Notre-Dame du Saint-Rosaire de Blezard Valley, un village situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Sudbury, en Ontario. Il a été façonné par une des sœurs grises qui habitaient dans la petite maison en face de l’église. Je ne me souviens pas quel âge j’avais, je devais être dans la trentaine, lorsque ma mère a jugé que j’étais assez vieux pour en prendre soin et me le confia. Si elle me le céda, c’est uniquement parce qu’il est coiffé d’une boucle de mes cheveux à six mois. Mesurant plus de 20 cm de long, il était beaucoup trop gros pour notre crèche familiale. Elle l’avait gardé tout ce temps et ne m’en avait jamais parlé.
Mon jésus repose depuis 73 ans dans une ancienne boîte de bougies, enveloppé et matelassé par des liasses de papier de soie. Une petite enveloppe sur laquelle ma mère a écrit mon nom contient ce qui reste de ma boucle de cheveux. J’ai retiré le jésus de sa boîte pour la première fois pour le photographier, puis j’ai remis mon petit trésor de Noël dans son sarcophage et sa cachette.

