Musico-thérapie

Me voici au piano, entourée de mes fils : Alexandre à ma droite et Nicholas à ma gauche lors d’une fête de Noël en 2017. Ils aiment encore chanter avec leur maman!

Lors d’une belle soirée enneigée de la fin janvier 2022, je suis allée cogner chez un voisin ​jusque-là inconnu vivant dans mon quartier, un homme qui s’appelait Carlos. Nous nous étions parlé au téléphone après que j’aie répondu à son annonce d’un piano à donner. Je cherchais un piano depuis un bout de temps pour l’Espace DEP Sylvestre, un centre communautaire hors de l’ordinaire qui réouvrira bientôt ses portes après une fermeture prolongée par la pandémie.

Je suis arrivée les deux pieds dans la cuisine de la casa de Carlos où j’ai été accueillie chaleureusement. Le piano était là, près de l’entrée, et le fils de Carlos et un autre jeune homme étaient assis à la table pas très loin. Tout en enlevant mes bottes, j’ai demandé aux jeunes ​s’ils tenaient à ce que je porte mon masque dans la maison. Ils avaient la même question au bout des lèvres, mais quand on a découvert que deux d’entre nous venions de nous rétablir du virus, nous avons décidé de laisser tomber. Carlos m’a fait signe de m’asseoir au piano, mais j’ai insisté pour qu’il joue en premier, puisqu’il m’avait dit au téléphone qu’il était musicien.

Au bout de quelques minutes à peine, du piano a jailli une belle interprétation de « Hallelujah » sous le doigté expert de Carlos. Il chantait, les deux jeunes hommes chantaient, et je chantais avec eux quand je me souvenais des paroles. Dès que Carlos a fini de jouer, nous l’avons applaudi en riant. Grâce à la musique, nous n’étions plus des inconnus.

« À ton tour maintenant! » m’a lancé Carlos en me cédant la place sur le banc. J’avais apporté mes partitions et me suis mise à les feuilleter pour trouver une pièce digne de donner suite à sa performance. Comme beaucoup de personnes le font, il me taquinait sur le fait que j’avais besoin de mes feuilles de musique, mais je suis fière d’être en mesure de jouer grâce à mes partitions, alors je traine mon cartable sans plus me poser de questions. J’ai trouvé la partition de « A Bridge Over Troubled Water » et me suis lancée en faisant tout plein de fausses notes, mais tant pis, j’ai maintenu le tempo et tout le monde a chanté.

Le piano ne répondait pas aux attentes et j’ai dû rappeler Carlos le lendemain pour lui dire qu’on continuerait nos recherches. Mais je garderai toujours le souvenir de​ ces quinze minutes de chaleur humaine que le partage de la musique nous a offertes. Ce moment a permis d’oublier pour quelque temps l’isolement de la pandémie et espérer vivement qu’on se retrouve tous et toutes en train de chanter autour d’un piano, peu importe comment une telle rencontre prend forme dans la vie de chacun-e.

3 comments

  1. “Nous ne serons ni beau, ni laid,
    et l’amour infini nous montera dans l’âme.
    Tout est tellement là, à perte de vue”
    (Pastiche d’amour et d’espoir)

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