Visiter la lune

Une grosse lune

Ou comment donner à notre cerveau un repos bien mérité.

Notre cerveau, on n’y pense que quand on a mal à la tête. Il travaille pourtant beaucoup et mérite un peu plus de considération.

J’ai appris, en lisant «Le Cerveau: l’univers dans votre tête» du Dr David Fortin*, que les différentes parties du cerveau ne travaillent pas en vase clos. Les neurones  s’activent en vastes réseaux qui font appel à plusieurs parties simultanément. Il y aurait neuf réseaux, dont celui du langage et celui de la vue.

Deux réseaux en particulier m’ont allumé les neurones. Le premier est celui par qui tout passe et qui fait appel aux autres réseaux pour faire la besogne. Comme un coordonnateur, ou un aiguilleur, ou encore un boss. Le Dr Fortin le nomme le réseau central exécutif. Il est toujours actif SAUF quand on tombe dans la lune. Étrange.

Mais l’expression «être dans la lune» ne fait pas assez sérieux pour les neurologues. Le Dr Fortin parle de vagabondage cognitif et lui donne le nom de réseau de mode par défaut. Imaginez, notre cerveau a un mode par défaut! Quand on l’active, le boss se tait. Très commode.

Alors pour les pauses ou les vacances, pourquoi se déplacer? On n’a qu’à visiter la lune.

* FORTIN, Dr David. «Le Cerveau: l’univers dans votre tête», Presses de l’Université du Québec, 2024. — Excellente lecture!

L’image de la lune est de Corban Stanford. Le fond est une image d’agence.

3 Responses

  1. “Vagabondage cognitif”! J’adore. Pour ma part, j’ai rarement mal à la tête, mais je pense beaucoup au cerveau, cette merveille que nous hébergeons dans notre corps, mais que nous connaissons si peu.

  2. Je suis aussi en train de lire « Le cerveau : l’univers dans votre tête », de David Fortin (sauf les légendes des illustrations qui sont imprimées dans une police de 6 points, c’est illisible).
    Le livre contient des affirmations du genre qui me mettent toujours mal à l’aise. Par exemple, celle-ci : le cerveau serait la structure la plus complexe de l’univers. Entre les cellules de votre cerveau, le nombre de connexions possibles est de (placer ici un chiffre astronomique) ». Je ne sais pas trop quel sous-entendu se trouve derrière ces mots. Il y a dans ce genre de déclaration un fantasme de toute puissance assez suspect.
    Première objection : toutes les combinaisons possibles ne sont pas réalisables, ni successivement ni simultanément.
    Deuxième objection : la majorité écrasante des combinaisons possibles ne voudrait rien dire.
    Troisième objection : plusieurs connexions déjà réalisées doivent demeurer et ne peuvent plus, ou seulement dans une mesure limitée, participer à d’autres connexions. Vous ne pouvez pas, par exemple, effacer de votre cerveau la connaissance de l’espagnol pour récupérer des connexions afin d’apprendre la danse à claquettes.
    Quatrième objection qui s’apparente à la précédente : certaines connexions sont obligatoires et participent à notre être (instinct de survie, de reproduction, fonctionnement des organes, etc.). L’architecture du cerveau limite les fantaisies de la connectivité sans frein. Il a été conçu pour assurer la survie de son propriétaire et lui permettre de se reproduire, pas pour s’imaginer plus grand que l’univers.
    Cinquième objection : le temps et l’énergie pour tester les combinaisons possibles.
    Pensons à « La Bibliothèque de Babel » imaginée par Borges. La bibliothèque, infinie, conserve des livres qui réalisent toutes les combinaisons possibles des 26 lettres de l’alphabet. Le nombre de combinaisons est si grand qu’on n’est jamais parvenu à mettre la main sur un livre ayant du sens. On pourrait intituler cette nouvelle « L’inutilité des combinaisons infinies ». (Ça correspond à ma deuxième objection.)
    Bref, je reste sceptique.
    Enfin, je termine en me citant :
    « Le cerveau est un organe inutile, je le déplore chaque jour ; que comprend-il de la réalité, ce circonvolu enfermé dans sa boîte crânienne, replié qu’il est comme une paire de chaussettes roulées au fond d’une bottine ? »
    Henri Lessard, épigraphe de « Chronique des beaux jours » dans Grève des anges, p. 55

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