Prendre la route même quand on n’aime pas conduire surtout en hiver, surtout quand c’est enneigé, encore plus sous une tempête de neige, mais pas n’importe quelle tempête, pendant « LA » tempête.
Moi et ma famille habitons à plus de 200 kilomètres de distance et comme j’ai une voiture, c’est moi qui se déplace pour se visiter.
Donc, pour le temps de fêtes je n’ai pas vraiment d’excuse pour ne pas y aller, sauf si ma fille décide que je ne dois pas voyager, car je pourrais être contagieuse ou quelque chose du range.
Alors, une tempête ne rentre pas dans la liste, même si j’ai eu à pelleter mon entrée chez nous à plusieurs reprises la journée et le matin avant de partir.
Donc, le 24 de décembre avant midi je prends la route 417, comme d’habitude, direction Montréal. Je me disais qu’avec une voiture 4×4 en conduisant lentement ça devrait y aller.
Quelques kilomètres plus loin je vois un premier camion dans le fossé du centre en très mauvaise posture. C’était comme un cadavre à qui on a brisé le cou. Il n’a pas été le seul camion mal pris que j’ai vu ce jour-là.
Quelques kilomètres plus tard je vois des camions de pompiers en bloquant la route et en nous dirigeant vers la sortie, car l’autoroute était fermée!
Pour moi c’était la première fois depuis mes 30 ans de conduite que je voyais l’autoroute 417 fermée, en plus le gps n’arrêtait pas de me diriger vers elle!!!
Je conduis vers une station de service pour faire le plein et une course aux toilettes (on ne sait jamais)… Là un client m’indique comment me rendre jusqu’à Limoges et Casselman par des chemins intérieurs. Je me disais que comme la tempête avait épargné mon but, qu’en m’approchant de Montréal, j’augmentais les possibilités d’accéder à rentrer à la 417 un peu plus loin.
Tout près de l’entrée à l’autoroute de la 417 à Limoges il y a une ligne de voitures qui attend la même chose que moi, juste partir. Et mon temps d’espoir et attente commence.
Au même temps, au téléphone avec ma fille, elle m’indiquait d’autres chemins que je pouvais prendre car le gps n’arrêtait pas de m’indiquer la 417 seulement!!!
Il avait une autre route à prendre à 200 mètres d’où je me trouvais et là ma tête se met à réfléchir à faire un dépassement interdit pour m’y rendre, cela me tentait tellement. Heureusement je ne l’ai pas fait car plus tard, quelqu’un qui revenait à pied vers sa voiture, m’a informé que cette route secondaire allait bientôt être déblayée. Finalement, cela a pris beaucoup de temps…
Une fois la route prise vers Casselman je me suis dite, bon, finalement j’y vais. Quelle à été ma surprise quand juste quelques minutes plus tard, nous étions encore arrêtés.
Parfois nous avancions l’espace d’une voiture ou deux et je voyais parfois passer quelques voitures dans le sens contraire. Je me disais alors qu’il fallait juste être patient.
Après beaucoup d’attente, je focalisais à ma droite, à quelques pas une grosse maison décorée pour Noël mais qu’il semblait que les habitants avaient quitté pour aller fêter ailleurs. Je vous jure que je me voyais d’y aller là, casser une vitre et faire un feu de cheminé. J’ai été assez long temps-là pour rêver cela des tous les scénarios possibles.
Mais là, la lumière du jour était presqu’inexistante, alors j’ai avisé à ma fille que j’allais essayer de retourner chez nous. Que je l’aimais beaucoup, mais que je n’en pouvais plus. Elle n’arrêtait pas de m’indiquer d’autres chemins possibles à prendre, mais je n’avais plus d’énergie. J’avais fini par comprendre que quand j’avançais sur la route c’était parce que d’autres voitures faisaient demi tour et pas parce qu’on passait doucement par le côté des accidents.
Donc, j’ai fait demi tour et je remercie mon Dieu d’avoir ma voiture toute traction, car j’avais tellement attendu, que la route de retour était totalement enneigée et je perdais le contrôle du véhicule en m’en allant vers les autres qui attendaient encore. En plus les rafales de vent étaient telles que je ne voyais absolument rien du tout, sauf dans le très loin une paire de phares rouges.
En, m’en allant je remarquais aussi que toutes les routes que ma fille m’avait indiqué à prendre étaient si enneigées qu’on ne pouvait pas les distinguer du champ.
Finalement, j’ai pu m’en sortir de là en suivant des voitures devant moi, jusqu’à que j’ai vu les directions pour Ottawa. J’étais tellement au désespoir que je suivais les voitures pour m’en sortir, même si je n’avais aucune idée où ils se dirigeaient, je voulais juste être ailleurs!
J’ai pu finalement prendre la 417 de retour chez moi, à 35 kms/heure. Tout cela m’a pris plus de 6 heures, pour me retrouver finalement chez moi, mais quelle joie d’y être. Plus tard j’ai su que Casselmant avait été déclaré ce jour-là zone de sinistre et qu’on avait dirigé les gens vers des refuges.
Le lendemain je suis repartie par la 50, souvent en arrière des charrues à 35 kms/heure, mais j’ai pu me rendre donner un bisou à la famille, et quand je suis retournée chez nous le 27 par la 417 qui avait rouvert, le premier camion que j’avais vu en fâcheuse posture était encore là, comme un souvenir de cette folle aventure.
Je sais que je n’aurais pas dû partir ce jour-là, que les nouvelles disaient de rester à la maison, mais c’est comme si au fond de moi-même j’avais besoin de vivre cette expérience… d’y être totalement dans le moment présent.