Le violon de Simone, partie 2

Atelier de luthiers à Mirecourt

De Mirecourt à Hull: les origines du violon de Simone

En 1871, seulement dans la région de la Saxe à l’est de l’Allemagne, on a recensé 2843 salariés dans le commerce du violon, dont 242 luthiers, 254 archetiers et 213 fabricants de pièces détachées. Et la Saxe n’était pas la seule pépinière du genre. À Mirecourt, en Lorraine, les «façonneurs de violons» furent octroyés une Charte des luthiers de Mirecourt et Mattaincourt dès 1732. Ces communes de quelques milliers d’âmes comptaient en 1926 plus de 600 luthiers indépendants ou salariés dans des entreprises.

Les violons étaient commandés par des grossistes comme Beare & Son, une compagnie anglaise avec une succursale au Canada qui aurait dominé le marché national un certain temps. Beare & Son commandait toute une gamme de violons, de la Saxe ou de Mirecourt, autant pour les débutants que pour les maîtres. Selon la qualité et le prix, ils y apposaient une étiquette, une marque de commerce. Les  Paolo Fiorini et les Andrea Fiorini, entre autres, étaient des noms inventés, sans doute pour rappeler un célèbre luthier italien de la même période : Giuseppe Fiorini.

Couverture d'un catalogue de 1921 de Beare & Son

George Heinl, un luthier autrichien, s’est installé à Toronto en 1912, pour diriger le département des violons chez R.S. Williams & Company, une compagnie canadienne qui produisait divers instruments musicaux, dont des orgues et des pianos. En 1920, il choisit d’ouvrir sa propre boutique à Ottawa, The Geo Heinl Violin Shoppe, Violin Experts and Dealers, au 189 rue Sparks. Il retournera à Toronto six ans plus tard pour fonder la Geo. Heinl & Co., entreprise qui existe encore aujourd’hui.

Le violon de Simone aurait été fabriqué à Mirecourt en France, importé puis distribué au Canada par Beare & Son. Entre 1920 et 1926, George Heinl aurait vendu un violon destiné à Simone sous étiquette Andrea Fiorini, sans date de fabrication précise.

Dans un vieux catalogue de Beare & Son, l’étiquette Andrea Fiorini coûtait plus de quatre fois le prix des violons fabriqués en atelier «sur le modèle des vieux maîtres», mais un peu moins que les violons de renommée à cette époque. Elle était la plus chère à être commercialisée en tant que marque.

On a dû trouver le talent de Simone exceptionnel pour lui offrir un instrument de ce niveau.

À suivre.

La photo d’entête est extraite du site geneanet.org, une initiative qui mérite d’être reconnue. La carte postale n’est pas datée, cependant la technique de reproduction d’une photo pleine grandeur sur le recto permet de supposer qu’elle date du début du 20e siècle. L’image montre un petit atelier, or il y avait aussi de grosses fabriques.

Je ne suis pas un historien. J’ai trouvé des pistes de recherche dans des forums de personnes passionnées cherchant l’origine de leurs propres instruments. Un site web toujours actif: violinist.com, et un autre site à la dérive maintenant: maestronet.com.

Amati, un site d’encan d’instruments, a pu confirmer l’origine de la marque.

Luthiers de Mirecourt est un site fascinant.

Beare & Son existe encore, après avoir changé de propriétaire et de lieu.

Tout comme la Geo. Heinl & Co, d’ailleurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Billets aléatoires