L’observation joue un rôle très important dans l’éducation en services à l’enfance. Elle fait partie de la gamme de connaissances que les étudiants et étudiantes dans ce domaine doivent acquérir, notamment au Canada, plus précisément, dans la province de l’Ontario. Elle est aussi la base de n’importe quelle activité éducative que les pédagogues (y compris les professionnel.le.s de la petite enfance) sont appelés à concevoir et à réaliser au profit des enfants qui leur sont confiés.
Il est vrai que n’importe qui peut observer. Il s’agit d’une capacité que tout être humain apprend à développer à partir du stade de l’intelligence sensori-motrice, pour ne pas dire dès sa naissance. Cependant, dans la profession éducative, l’observation dépasse le cadre naturel. Elle doit être organisée. En ce sens, l’observateur ou l’observatrice garde, à la fois, une attitude active (en activant ses sens) et passive (en conformant son esprit à l’objet observé). En conséquence, il/elle ne peut se permettre d’observer pour rien et n’importe comment.
Pourquoi observer ?
D’une manière générale, les pédagogues observent pour pouvoir intervenir adéquatement auprès des enfants qui sont sous leur surveillance professionnelle. Spécifiquement, ils/elles parviennent, par l’observation, à connaître ces derniers, à élaborer de meilleurs scénarios d’intervention, à colliger des renseignements utiles qu’ils/elles peuvent transmettre aux parents… En observant, ils/elles peuvent même arriver à se remettre en question, la remise en question étant un aspect important de leur rôle, de leurs compétences, bref du professionnalisme !
Lorsque les pédagogues observent, ils/elles misent, entre autres, sur l’impartialité et l’inclusivité en utilisant un langage exempt de préjugés. Ce savoir-faire, difficile à maîtriser quand on travaille avec des êtres humains, s’appelle objectivité. Celle-ci peut se définir comme étant l’habileté à décrire la réalité le plus fidèlement possible. En se limitant aux faits, ces professionnel.le.s évitent de faire intervenir des éléments affectifs et personnels dans leurs observations, car ils/elles ne doivent avoir aucun « parti pris », hormis le bien-être de tous les enfants avec lesquels ils/elles travaillent.
Comment observer ?
L’observation s’inscrit généralement dans un processus que l’on peut diviser en trois étapes principales : Observer, analyser et intervenir. La maîtrise de ces trois concepts permet d’appliquer facilement ce processus en milieu de services à l’enfance.
Observer, c’est l’action de considérer, avec une attention suivie, la nature, l’être humain, la société afin de mieux les connaître (source : Le Petit Robert). En d’autres termes, ce n’est pas seulement voir, mais c’est aussi regarder attentivement ! Il s’agit de l’étape de l’observation des faits, de la collecte et de l’enregistrement des données à un moment donné et dans un lieu particulier. Cette étape permet de répondre à la question « que se passe-t-il » ?
Analyser, c’est classer, trier, comprendre les données recueillies lors de l’observation. C’est l’étape de l’examen des faits et de l’établissement des liens logiques entre ceux-ci pour en faire une synthèse. Cette étape, qui s’effectue sans la présence des enfants, est la réponse à la question « que dois-je retenir » ?
Intervenir, c’est décider (dans l’intérêt de l’enfant ou du groupe observé) en utilisant les connaissances issues de l’observation pour produire un changement positif désiré dans une situation concrète ou tout simplement pour stimuler et soutenir… Il est important de noter, en passant, qu’on peut intervenir de façon directe (par des gestes ou des explications), de façon indirecte (en réaménageant l’espace, par exemple) ou de façon semi-directe (en présentant un modèle à imiter). La dernière étape du processus d’observation permet de trouver la réponse à la question « que puis-je faire » ?
Il importe de souligner qu’après une intervention, les pédagogues font immédiatement l’évaluation de celle-ci en vérifiant si l’ensemble de leur démarche a bien fonctionné ou pas en répondant à cette question « qu’ai-je réussi ou moins bien réussi » ?
En guise de conclusion, voici quelques principes qui peuvent être suivis lors de l’observation :
- observer chacun des enfants de son groupe ;
- établir un système de rotation à différents moments de la journée et à différentes périodes de l’année ;
- prévoir une reprise périodique de l’observation de tous les enfants, pour les voir à différents moments de la journée ou de l’année ;
- observer les aspects jugés importants ;
- observer la nature des activités ;
- individualiser l’observation en accumulant des connaissances sur chaque enfant.
L’observation, n’est-elle pas un outil précieux au service des pédagogues ?
Bytchello Prévil, écrivain spécialisé dans l’éducation de la petite enfance et le développement personnel
Orléans (Ontario)