Témoignage

Les relations entre les différents membres d’une famille, surtout si elle est nombreuse, ne sont ni symétriques ni interchangeables.

Entre Marthe et moi, son fils aîné, notre relation en a été une, je dois bien l’avouer,  d’incompréhension mutuelle. Je ne l’ai pas comprise, sauf bien tard, en fait trop tard pour que nous ayons pu avoir cet échange qui me manquera toujours. J’ai souvent envié mes frères et sœurs d’avoir eu avec Marthe cette proximité que je n’ai pas connue.

Ceci n’enlève rien à la personne qu’elle a été. Ouverte, avenante, accueillante, intéressée par la musique et par l’écrit. L’écrit, oui justement, qui a été un legs pour ses trois fils aînés – deux traducteurs et un poète jamais publié, mais jamais oublié.

Lorsque je t’ai vue dans ton dernier lit, enfin débarrassée de tes chaînes de chair, je t’ai dit au profond de mon cœur au revoir ma mère. Un jour, dans quelque galaxie lointaine, nous irons prendre une longue marche sous les arbres du temps et tu me diras qui tu es.

Depuis ton décès, j’ai réfléchi au rôle que tu as assumé corps et âme, celui de mère. C’était ta vocation. Aujourd’hui, on dirait ta mission. Les femmes, les mères notamment, sont les passeuses du temps. Comme l’écrit Christian Bobin, « Les mères par leurs soins élémentaires fleurissent les abîmes. S’il y a encore des lions, des étoiles et des saints c’est parce qu’une femme épuisée pose un plat sur la table à midi. »

Je t’embrasse, maman.

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