Le refuge salutaire des arbres et de la musique – une histoire brève de deux rentrées scolaires

Promenade du lac des fées, dans mon quartier, en cette fin d’été 2025

Il y a des enfants sociables qui attendent leur premier jour d’école avec dans le ventre de joyeux et confiants papillons. Ils s’apprêtent à se faire de nouveaux amis et ça les enchante.

Il y a de pauvres petits mômes qui appréhendent ce jour comme s’ils allaient mourir, et c’est malheureusement ce qui leur arrive parfois, socialement parlant.

Enfin, il y a les enfants de l’entre-deux, ni ceci ni cela, qui glissent facilement vers la marge et qui s’y réfugient. C’est dans ce lieu un peu secret, propice à la réflexion et à la créativité – mais parfois très solitaire – que j’ai passé l’essentiel de mes années d’école.

 Photos: Alexas et AJSI

Après que le thème de la rentrée a été proposé pour ce mois-ci, je me suis demandé ce que je pourrais bien écrire, entre autres parce que je n’avais aucun souvenir de mon premier jour d’école. Nada.

Ce matin, pourtant, quelques secondes de cette journée me sont revenues en mémoire : je  faisais pour la première fois le trajet entre la maison et ma nouvelle école (une école privée d’une seule classe et d’un seul professeur) et j’avais la sensation, plutôt oppressante, de me rendre à l’abattoir. Un peu avant d’arriver, j’ai longé et frôlé une haie, haute et verte, foisonnante, et, contre toute attente, c’est ce qui m’a redonné courage.

 La présence à la fois silencieuse et rayonnante des arbres est demeurée centrale dans ma vie.

Forêt dans le quartier du Mont-Bleu à Gatineau (Hull)

Première journée du secondaire au Collège Saint-Joseph de Hull, institution alors dirigée par des religieuses et réservée aux filles. Bref, pas de garçons, mais beaucoup de « bonnes sœurs ». Aucun doute possible: mes carottes sont cuites.

Illustrations graphiques: Clker-free-vector images; photo: Nuffer

Encore une fois, je glisse dans la marge. À l’heure du lunch, plutôt que de me joindre à un groupe de filles, je décide sur le coup d’une impulsion de traverser le pont Alexandra, qui est à quelques pas seulement. L’objectif : aller m’acheter au Treble Clef, à Ottawa, un album (vinyle 33 tours) dont j’ai beaucoup entendu parler et que je meurs d’envie d’entendre : Songs of Leonard Cohen.

Assise sur un banc latéral dans l’autobus qui me ramène à Hull, je garde pendant tout le trajet l’album contre mon cœur.

Pour les nostalgiques, voici un article – en anglais – qui traite du magasin de musique Treble Clef, disparu aujourd’hui, et de ses fondateurs, Harvey et Louise Glatt: https://artsfile.ca/remembering-treble-clef-harvey-and-louise-glatt-changed-ottawas-music-scene-forever-60-years-ago/

Bonne rentrée!