Déjà que son nom venait du basque xiloeta, «un lieu de trous, de grottes, de creux ou de bas-fond» *. Des prêtres de l’église Saint-Martin, au cœur du pays basque, avaient pris la liberté de franciser le mot en siloete au moment de l’inscrire aux registres de la paroisse. Comment le mot est-il devenu un nom de famille? Et les Desmarais, Desroches ou Delisle?
En 1759, Étienne de Silhouette fut nommé contrôleur général des finances de France sous Louis XV. Il avait de grandes idées de réformes, mais la noblesse n’y a vu que des mesquineries pour financer la guerre de Sept Ans. Les réformes promises ne se sont jamais réalisées.
L’histoire ne retiendrait que les projets ratés de M. de Silhouette, et l’expression dérisoire «à la silhouette» a gagné en popularité. Elle désignait tout ce qui avait un aspect incomplet, inachevé, éphémère, ou comme on dirait maintenant, bâclé. Aussi, ce qui n’a pas aidé à sa réputation, M. de Silhouette aurait eu l’habitude de tracer puis découper le profil de visages à partir de leur ombrage pour en décorer son château à peu de frais.
Ainsi est née l’expression «portraits à la silhouette» dans le sens de portraits incomplets. Or en 1835, l’Académie française a reconnu le nom substantif silhouette en choisissant le sens de profil découpé et en ignorant celui de travail bâclé. Une réputation venait d’être sauvée.
M. de Silhouette l’a échappé belle. N’eût été l’Académie, on parlerait aujourd’hui de programmes environnementaux à la silhouette, ou de la silhouette du O-Train d’Ottawa.
La silhouette est celle d’un personnage anonyme, contemporain de Étienne de Silhouette
* Toute l’information a été glanée sur Wikipedia, Wiktionnaire et le CNRTL. J’ai aussi perdu la trace d’une source qui ne citait pas ses sources…
3 réponses
Savoureux, ce billet!
Très intéressant!
Merci Jean-Pierre, tu as le don de rendre le sens tout leur intérêt à des choses complètement oubliées!