Flammèches

Le sexe des nœuds

Une femme dans un vêtement crocheté et un amas de filets de pêche

Si on s’arrêtait ici, on pourrait affirmer que les nœuds ne sont pas l’apanage des gars, qu’il y avait des nœuds de gars et des nœuds de filles et que ces dernières ont probablement fait plus de nœuds que les gars.

Une charmante lectrice, s’appuyant sur un échantillonnage de deux, m’a demandé si les nœuds étaient une affaire de gars. La réponse brève est non (!), mais les choses se corsent en tentant de justifier cette réponse.

Sans fibre, pas de nœud, c’est clair. On peut l’appeler fil, ficelle, lacet, corde, cordon, cordage ou câble, peu importe.
Les cordes plus grosses se manipulent généralement avec les mains, tandis que les cordes plus fines se manipulent avec des instruments comme des aiguilles et des crochets.
Les nœuds dans de grosses cordes sont nombreux, avec des fonctions précises selon les métiers et les usages, comme le nœud du meunier. Les nœuds de cordes fines sont simples, comme le point de chaînette, mais répétés dans une multitude de motifs.

Il n’y a pas si longtemps, dans l’univers des gars, on utilisait des cordes de chanvre, d’abaca, de lin ou de sisal pour lever, tirer et manutentionner dans des activités comme le matelotage, l’alpinisme ou l’équitation. Dans l’univers des filles, on utilisait le fil de laine, de coton ou de lin pour habiller, couvrir et ornementer en faisant du tricot, du crochet ou de la frivolité (tatting).

Si on s’arrêtait ici, on pourrait affirmer que les nœuds ne sont pas l’apanage des gars, qu’il y avait des nœuds de gars et des nœuds de filles, et que ces dernières ont probablement fait plus de nœuds que les gars. Mais les temps changent. Les fibres synthétiques ont envahi la planète et les machines ont remplacé les mains. On ne fait plus beaucoup de nœuds.

La perception de Colette (oups, je l’ai nommée) est peut-être due à la popularité de la paracorde. Un petit détour s’impose.
Inventé en 1935, le nylon est devenu célèbre en 1940 avec les fameux bas de nylon, mais les besoins de la guerre ont détourné toute la production de la fibre au profit du parachutage, tant le tissu que les suspentes (paracorde) du parachute. La résistance et le poids du nylon étant spectaculaires, la corde de nylon a maintenant remplacé l’abaca, ou chanvre de manille dans presque tous les usages.
paracorde
La paracorde a gardé ses applications militaires, mais le survivalisme s’en est emparé. Ce mouvement qui fait des vagues depuis les années 60 a créé un engouement pour la paracorde avec, entre autres, le bracelet de survie. Évidemment, l’industrie y a vu une occasion et les déclinaisons de couleur se sont multipliées et les usages aussi, si bien que la paracorde est devenue un accessoire de mode dans certains milieux et un symbole de masculinité dans d’autres.
Le plus commun des nœuds, le nœud plat, est devenu le nœud cobra dans le monde de la paracorde. Les tressages de macramé utilisés pour les bracelets ont pris les noms de Mad Max Snake Knot, King Cobra Knot, Fish Tail Knot, Trilobite Knot, Serpent River Bar, Spider Stitch, Hangman’s Noose Bracelet, et j’en passe.

À bien y penser, Colette a partiellement raison, les nœuds — de paracorde — sont une affaire de gars.

En guise de compensation, mes prochains billets traiteront des nœuds de filles que j’affectionne particulièrement. Euh, les nœuds, pas les filles… c’est-à-dire que, euh…

Les photos du haut sont du domaine public

La photo de la paracorde est de David J. Fred

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