Bogues mentaux et « boinng » nostalgiques

Mon immeuble à logements dispose de deux escaliers, un à chacune de ses extrémités. J’habite au 8e étage (il y en a 15, moins le 13e, qui n’existe pas). Il y a bien sûr des ascenseurs, mais je m’oblige à prendre les escaliers pour faire un peu d’exercice.

Une rampe court le long des escaliers. Je n’y touche pas. Je ne ressens nul besoin de soutien quand je descends et je préfère monter sans ajouter à mon effort celui de me tirer par un bras. En prime, j’évite ainsi de m’exposer à de multiples possibilités de contaminations. Dieu sait quelles mains souillées ont pu se poser sur la rampe juste avant mon passage.

Quand il m’arrive de m’imaginer en train de descendre ou de monter (parce que je dois sortir ou rentrer chez moi et que je me projette mentalement dans un espace que je devrai parcourir), c’est toujours une version de moi la main sur la rampe qui me vient à l’esprit. Pourquoi ? Mon double mental a peut-être besoin d’un soutien que mon moi physique dédaigne utiliser.

Qu’importe. La chose qui me chipote est que dans mon cinéma intérieur et ses prolongements physiques (il est capable de recréer les sensations corporelles que les images commandent), c’est toujours la bonne vieille rampe en fer forgé de l’immeuble à trois étages de mon enfance et de mon adolescence que je sens sous la main. Une mince rampe en fer forgé noir, aux barreaux torsadés, tout à fait banale. Elle rendait un vibrant boinng quand elle était heurtée. La rampe de mon immeuble actuel est constituée de pièces toutes droites, barreaux et rampe, et l’ensemble est peint en gris de RDA (à ne pas confondre avec le bleu de Prusse). Soyons juste : elle peut elle aussi rendre un intéressant boinng.

Donc, dans mon imagination, quand je me représente tel que je suis aujourd’hui dans le monde réel que j’habite, je tiens une rampe que je n’ai pas l’habitude de tenir et, en plus, ce n’est pas la bonne.

Mystère des bogues mentaux.

Commentaires 4

  • Il doit y avoir un nom pour ce phénomène, ou bien ça s’appelle simplement l’imagination, mais toujours est-il que ça fait une bonne histoire!

  • Pour ajouter un petit brin de toc à ton histoire, je te dirai que, pendant quelques années au cours de mon enfance, j’étais terrorisée par l’espace qui séparait les marches des escaliers extérieurs (dits “de secours”) en fer forgé. J’étais convaincue que, un jour ou l’autre, j’allais glisser entre deux marches et tomber dans le vide.
    Je pourrais aussi parler des loups qui, tapis sous mon lit, attendaient que je me lève pour me mordre les chevilles… mais ce sera pour une autre fois. Hé hé!

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Réseau Le Petit Parc