Le zzzen de décembre

Décembre, mois du solstice sans soleil, moment le plus sombre de l’année. Le plus froid aussi, dans la mesure où le retour de l’hiver est durement ressenti ; en janvier et février, nous avons eu le temps de nous acclimater au climat (le faut bien !), et les chutes du mercure ne nous effraient plus. Dans un sens, décembre porte le deuil du printemps, de l’été et de l’automne. Lourd fardeau.

On pourrait déduire de cette entrée en matière que je déteste décembre.

Que nenni !

Décembre et moi sommes en phase. Mon énergie est alors à son plus bas, comme le soleil, et cette symbiose m’offre l’occasion, pour une fois, de faire corps avec la nature. Ce creux annuel est parfaitement viable si on ralentit le rythme, si on ne se contraint pas à une suractivité compensatrice.

En décembre, enroule-toi dans ta douillette, love-toi au creux des soirées interminables qui te sont offertes, laisse-toi tomber dans ce trou d’air annuel, tu te relèveras, le moment venu, sans contusion ni bleu.

Décembre est le mois de l’introspection, du cocooning, du blues bien vécu ; c’est un mois zen, et même un peu zzzz si l’on cède à l’instinct d’hibernation qui saisit alors les mammifères grognons que, parfois, nous sommes.

Tout irait pour le mieux si certains ne tenaient pas mordicus à contrer cette belle léthargie par une frénésie maniaque. Décembre, mois le plus doux, le plus serein de l’année si on se laissait aller à ce qu’il nous invite à faire, rien. Or, au lieu, des cohortes d’excités parcourent le monde pour traquer et secouer tout un chacun : « C’est Noël, yé ! Faut fêter, yé ! C’est Noël ! »

La meute est sonore, nombreuse, ses membres s’infiltrent partout et entendent saturer l’Univers et les esprits de leurs mots d’ordre. Je l’ai dit ailleurs, Noël est une fête soviétique, à adhésion et participation obligatoires.

Vous me direz que je n’ai qu’à bouder dans mon coin et laisser les autres s’amuser.

Vous êtes drôles, vous !

D’abord, c’est inverser les données du problème : je ne prétends pas empêcher les autres de s’amuser, ce sont les autres qui veulent m’obliger à fêter avec eux. Ensuite, c’est impossible. On est toujours à portée d’un zélateur ou d’une zélatrice du culte de Noël. Combien d’invitation ai-je déjà dû décliner, et nous n’en sommes qu’au 5 décembre ?

Traverser le temps de fêtes sans froisser personne (« Yé ! Viens fêter avec nous ! ») est utopique.

Ce texte est paru le 15 décembre 2016 dans le blogue Balour Dix (lien).

Commentaires 1

  • Oui… lézarder, hiverner, faire doudou en reclus, refaire ses forces intérieures avant et après… les swings et agitations courantes. J’aime l’Idée. Et Noël reçu en cerise sur le sundae, en cadeau de réceptivité… pour permettre à l’amour de fertiliser et faire fleurir tout ce qui peut l’être, y compris l’intimité de soi en relation avec… Merci
    La grippe que je soigne ou qui me soigne, en ce moment, correspond tout à fait à ça. Un cadeau de Noël !

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