Rumeur

Le murmure de la ville entre par la fenêtre. Certains s’en agaceraient.

Le même bruissement continu, le même soupir, la même rumeur sans début ni fin, brouillé et réverbéré par on ne sait quoi. On devine des distances, des espaces, des étendues. C’est un souffle qui s’impose par sa discrétion, un bourdonnement tamisé par le filtre des poussières qui blanchissent l’horizon. Survient un ronflement, vite passé, le branlement d’une cargaison, l’accélération d’une voiture dont l’impatience s’estompe dans l’air. Après l’appel d’un klaxon, le fond sonore redevient ce qu’il était, transparent, impalpable, pareil à lui-même, juste assez modulé pour se perdre dans sa propre substance. Il est perçu plutôt que saisi, il ne se tait ni de jour ni de nuit. Il n’est chargé d’aucun message.

Ma conscience se bornerait à cette tonalité grise et lointaine qu’elle ne s’en porterait que mieux.

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