Année julienne – M&M va à l’UQO

Nouvelle extraite du recueil UNE ANNÉE JULIENNE AVEC NOËLLE.

La narration est assurée tour à tour par l’un ou l’autre des deux personnages éponymes, JULIEN ou NOËLLE. Voir pour en savoir plus sur ces jeunes protagonistes, lire « PRÉSENTATIONS » ; la nouvelle qui ouvre le recueil et qui lui donne son nom, « UNE ANNÉE JULIENNE », est aussi disponible dans le blogue. Les autres nouvelles mises en ligne sont accessibles par ce LIEN.

Publication prévue en février 2023, Henri Lessard, éditeur, dans la collection du Circonvolu. Voir la page de la collection dans le blogue (LIEN).

ISBN 978-2-9821444-0-8 (PDF)
ISBN 978-2-9821444-1-5 (ePub)
ISBN 978-2-9821444-2-2 (papier)

© Henri Lessard, CopyrightDepot.com no 00072068

© Copyright Henri Lessard, manuscrit déposé à la SARTEC le 21 mai 2021, certificat no 34490.

M&M va à l’UQO

Note. – JULIEN est le narrateur de la présente histoire (version févr. 2023).

  • Ce morceau est un LIPOGRAMME. Un lipogramme est un texte où l’on s’interdit d’employer une ou plusieurs lettres. Ici, la lettre interdite est le e. (Cette notice n’est pas un lipogramme !)
  • Dans la lipogrammation, l’A à Z commun s’amoindrit par l’ablation d’un A, d’un B ou d’un C…, au choix, jusqu’à Z. Ici, on a proscrit l’utilisation du post D, infra F. (Addition sous l’air d’un lipogramm… Oups ! )

Son talon nu frôlant un touffu tapis ou rasant un froid lino, Mary-Maud (ou M&M, plaisant surnom qu’on lui donnait) allait au salon, un bouquin à la main. M&M aimait s’affranchir ainsi du souci du jour par un loisir aussi apaisant qu’absorbant. Alors, sirotant son infusion du soir, Mary-Maud s’affalait dans un divan profond, mirant par « la bow-window au vitrail opalin (1) » l’azur indigo s’allumant à l’horizon aux tons safran et rubis du couchant.

Nous allions à l’UQO (2), hantant la fac, LITT 6862. Nous avions fait un vis-à-vis fortuit aux bancs du bar sans alcool intra-muros où l’on buvait cappuccino fumant sur cappuccino froidi, tapant sur un Mac ou sur un PC, bouclant un labo souffrant ou appliquant un point final à un languissant doctorat. M&M lisait Kafka, Camilla Paglia, Virginia Woolf ou La Pravda, voulant parcourir Tolstoï dans l’original.

Nous avons illico conclu un accord cordial.

M&M travaillait à un bistrot, posait pour un cours d’art pictural à l’uOttawa (3), sans atours ni kimono, sinon sans rougir ; sa toison, un flot noir miroitant, roulait, l’habillant jusqu’à mi-bras, jusqu’à mi-dos. La croix d’or à son cou s’incrustait au col d’un T-shirt abricot tout coton, à l’alpaga d’un cardigan zinzolin, ou balançait son « T » d’un nichon à un nichon, aucun n’ayant connu la lactation. Sans lorgnon, son iris marron s’accommodait mal du lointain ; qu’importait, j’aimais son air flou, son minois, son ris narquois.

M&M aimait l’H2O : rus, lacs, maria coast to coast ; Galarnau (4) brunissait son incarnat. Son paradis nichait pourtant au parc public. Sacrum aux radis du tronc d’un Fagus grandifolia, M&M s’assoupissait sous la frondaison, humant l’air volant son parfum aux pistils voisins.

Tôt au matin, sinon tard au soir, son pas avisant l’appart, M&M pourvoyait aux achats dont l’ABC allait d’ananas, bacon, Canada Dry jusqu’à x varias, yogourt, zucchinis, non sans, lapsus navrant, six saucissons omis.


* * *

Mon plumard ployait sous son poids quand tard la nuit son travail l’accaparait. Sa main sur mon cou allait, tâtonnait, fouillait jusqu’à mon vit. Chaud lapin pour ma part, M&M avait autant soif pour (soyons court) : câlins, bisous brûlants, contacts labiaux ou linguaux, doigts titillants.

M&M suçait mon gland ; puis, tari du flot vital, j’allais à son Cypridis mons (5) où j’agaçais son clitoris qui m’implorait. Ou, un rut standard sinon banal, poussait mon zob dans son vagin. Nous snobions l’art nippon du sumata, ou coït intracrural, qui satisfait mal la doña. Mais, par complaisant compromis, M&M s’accommodait du coït intra-lolos.

Quand son plaisir culminait, arrivait au pic, touchait d’ahan à l’a contrario du nadir, au summum admis aux humains, M&M modulait son chant jusqu’au contr’-ut, tant sa pâmoison la pulsait hors du babil commun.

Ainsi, par un cri primal, finit ma narration.


  • (1) Georges Perec, La disparition, roman, Paris, Gallimard, 1969, 320 p., Coll. « L’imaginaire » (p. 60)
  • (2) UQO : Université du Québec en Outaouais.
  • (3) uOttawa : sigle de l’Université d’Ottawa, uO, partiellement déployé.
  • (4) Galarneau (ici Galarnau pour la bonne cause) désigne le soleil au Québec. Voir Ludmila Bovet, « Ce soleil qui vient du froid. », Québec français, no 84, hiver 1992, p. 89-90. https://id.erudit.org/iderudit/45201ac
  • (5) Ou « mont-de-Vénus » en latin, la déesse comptant Cypris parmi ses autres noms. J’implore la clémence du lectorat pour ce tour alambiqué.

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