La crue printanière

À l’aube, les premiers reflets de lumière,

S’étendent sur la rivière.

Les bernaches brisent le silence,

Puis les canards suivent leur cadence.

Soudain, on entend le clapotis,

Causé par une abondante pluie. 

Les pompiers débutent leur vigie saisonnière,

Pour les crues printanières.

L’abondance de l’eau,

Fait gonfler les flots.

Le vent qui arrive,

Pousse les vagues sur la rive.

Quand la pluie persiste,

Le rivage, à peine,  résiste.

Enfin sortie de son lit,

La rivière laisse des débris.

Les eaux font leurs ravages, 

Poussées par le courant des barrages.

Les riverains sont anxieux,

Réticents à quitter les lieux.

L’électricité sera bientôt coupée,

Par mesure de sécurité.

Nombreux sont les curieux,

Rendant les riverains furieux. 

Les visites nombreuses des pompiers,

Sont fort appréciées.

Ils s’assurent du bonheur,

Des gens dans le malheur.

Tout le monde est aux aguets,

Et évidemment inquiet.

Quand atteindra-t-elle son sommet,

s’interrogent les préfets?

Soucieux des citoyens,

Ils leur offrent du soutien.

Sacs de sable disponibles,

Mais pas facilement accessibles.

Il en faudra des bras,

Pour réussir ce méchant contrat.

Mais plusieurs missionnaires,

Offrent leur appui volontaire. 

Certains sont astucieux,

Et tous consciencieux. 

Les riverains touchés par cette gentillesse,

Se sentent apaisés derrière leur forteresse.

Légèrement rassurés,

Ils prient que le niveau d’eau va baisser.

Malgré leur désarroi,

Ils croient au pouvoir de la foi.

Et au crépuscule, ils contemplent la merveille,

Que leur offre le coucher du soleil.

Les photos ont été prises en après-midi le 2 mai 2023. 

La 1re photo a été prise de ma porte arrière. La “vraie” rive longe le gros arbre que vous voyez au loin. 

La 2e photo a été prise devant chez moi. La “vraie” rive est de l’autre côté de la maison grise que l’on aperçoit au loin. 

La rivière est visiblement sortie de son lit.

Faire le vide

On vit dans un monde de surconsommation dans lequel trop d’individus se laissent mener par le phénomène “Keep up with the Joneses”. Bien qu’il y ait eu une étape dans ma vie où je faisais partie de ce groupe, plus maintenant.

Je me rends compte que les espaces libres de désordre et d’un excès d’objets crées chez moi un sentiment de paix intérieure. J’ai ce désir de me défaire de tout ce qui n’est pas nécessaire et de tout ce qui peut brouiller ma pensée. Un exploit pas facile, surtout quand on ne vit pas seul et que nous n’avons pas tous le même “Mindset”.

C’est donc dans la nature que je parviens à nourrir ce désir. Alors que j’avance lentement et silencieusement en pleine forêt, je sollicite tous mes sens pour profiter pleinement du moment.

D’abord, je contemple la beauté qui m’entoure. Le bleu du ciel qui perce à travers les branches dénudées de leurs feuilles. Je les observe osciller de gauche à droite. Les yeux crispés par le reflet du soleil sur la neige étincelante, je cherche les oiseaux et les petits rongeurs qui se croient seuls dans cet espace.

Sous le poids de mes raquettes, la neige s’affaisse occasionnant un léger craquement. Ma respiration devient plus laborieuse, je m’entends à chaque bouffée d’air aspirée. Le vent siffle faisant vaciller les branches qui craquent à leur tour.

L’air est froid et pur. L’odeur du foulard qui couvre ma bouche et mon nez me rappelle mon parfum jusqu’a ce que l’odeur d’un animal ayant marqué son territoire vienne remplacer mon bouquet personnel.

À chaque respiration, ma bouche s’assèche. Je sens l’air frais refroidir ma gorge. Je goutte la vanille qui parfume le baume soigneusement appliqué sur mes lèvres. J’imagine la sensation que me procurera la délicieuse soupe chaude que je dégusterai à mon retour.

Je me sens complètement seule et libre dans cet endroit si paisible. Mes efforts me faisant transpirer, seuls mes orteils ressentent le froid. Des gouttelettes s’échappent de mes narines qui, à chaque respiration, restent collées. Mes muscles endoloris, j’avance moins rapidement mais avec satisfaction. Ma tête se vide, mon coeur se remplit. J’ai trouvé l’espace vide tant recherché.

Mon sentier est battu jusqu’au prochain moment ou j’irai vivre pleinement ma solitude en pleine conscience.

Je crois au Père Noël

L’attente est longue. Des petits yeux étincelants sont rivés sur la porte alors que des petits doigts tirent sur la jupe des mamans pour attirer leur attention et leur poser l’éternelle question: “Il arrive quand le Père Noël?”. Les mamans s’abstiennent d’être impatientes comprenant très bien la hâte que ressentent ces petites personnes innocentes et excitées. Elles s’empressent de répondre “Bientôt! Surveille la porte, il arrivera bientôt.” De plus en plus impatient, un petit de la foule interroge sa maman en lui demandant d’un air perplexe: “Maman, c’est quand bientôt?”.

C’est la scène que j’observe depuis mon poste derrière une table de service lors du déjeuner de Noël communautaire. Les enfants n’y sont pas pour l’amour des crêpes ni pour le bacon trop cuit. Ils ne désirent qu’une seule chose, voir cet homme aux joues joufflues vêtu de rouge et de blanc franchir la porte. Surexcités, ils courent partout dans la salle, plongeant les adultes, tasse fumante en main, dans un parcours à obstacles qui leur faut traverser soigneusement pour éviter un moment malencontreux.

Dans ce tourbillon d’énergie, mes yeux se posent sur un bout de chou d’à peine deux ans. Je vois passer, à la hâte, ses bouclettes blondes et ses jambes légèrement arquées qui se déplacent du point A au point B à maintes et maintes reprises. Il déborde d’énergie, sûrement dû au carburant à l’érable que l’on a généreusement versé sur ses crêpes.

À pleine vitesse, il dévale les allées entre les tables quand, soudainement, il se fige devant un personnage à la barbe jaunie par le temps. Il y reste immobile pendant des minutes, incertain de ce qu’il ressent: peur, joie, surprise, émerveillement? Il observe soigneusement le regard des autres enfants autour de lui, s’inspirant de leurs réactions pour choisir sa prochaine action. Il les voit éblouis, scrutant discrètement la poche garnie qu’il porte sur son dos. Certains ont un regard inquisiteur en voyant cette bande blanche qu’il porte autour de l’oreille. Et puis, un sourire en coin surgit sur sa petite bouche rose et délicate. Il rebrousse chemin alors que des dizaines d’enfants se rassemblent autour du vieillard enjoué. Leurs yeux scintillent. Ils ont tant de questions et bombardent Père Noël avec leur liste de souhaits changeante au quotidien.

À travers la vapeur formée par mon plateau d’oeufs battus, je vois la magie qu’est le Père Noël. La joie, l’excitation et l’émerveillement que ressentent les enfants me comblent du plus grand bonheur. Ainsi, je vais toujours y croire au Père Noël.

On récolte ce que l’on sème

 

Graines de mes petites fèves françaises.

Cet automne, pour la première fois depuis je ne sais quand, j’ai pu m’affairer à récolter les graines de mes plants asséchés et montés en graine. Je ne pense pas être en mesure de trouver les mots pour vous exprimer justement la joie que cela a pu m’apporter. Mais bon, je tente ma chance en vous décrivant ce moment à la fois paisible, significatif et si gratifiant.

La récolte des graines de mes fèves françaises a une signification assez spéciale. Les graines initiales m’ont été offertes par ma maman qui elle, à son tour, les avait reçues d’un bon ami français. Ça fait tout de même plusieurs années que je récolte ces petites fèves fines et délicates. Je prends soin de les récolter chaque année puisque je désire conserver ce lien avec le vieil ami de maman. Je ne pourrais pas trouver “Les fèves de Robert” dans une pépinière.

C’est grâce à ces petites fèves que j’ai découvert le plaisir de la récolte de graines. Cet automne, j’ai récolté les graines de mes fèves, mes radis, mon hibiscus vivace, mes mauves et mes gloires du matin. Je meurs d’envie de les planter le printemps venu afin de voir le fruit de mon travail automnal.

Cette journée d’automne, quand je me suis mise à ouvrir les petites capsules séchées par le soleil, j’ai découvert une multitude de graines de toutes sortes, toutes ayant une forme et une grosseur différentes et chacune produisant une fleur, un fruit ou un plant tout à fait extraordinaire et unique.

C’est magique, vous ne trouvez pas? Ces petits trésors qui se cachent dans les capsules ne cherchent qu’à être libérés pour avoir l’occasion de croître, d’embellir, de nourrir et de produire à leur tour des petites enveloppes de surprises.

C’est donc lors de cette belle journée ensoleillée, assise dans mon potager à récolter, que j’ai fait un beau lien avec le monde de l’éducation. Toute ma vie, ma mission a été de faire croître mes élèves en découvrant et en mettant en valeur les trésors emprisonnés dans leurs multiples capsules. Chanceuse et reconnaissante d’être maintenant à la retraite, j’ai le plaisir de récolter ce que j’ai semé. 

Qui sont ces gerboises?

Depuis belle lurette, des gerboises résident dans ma tête. Je suis d’ailleurs convaincue qu’il y en a au moins deux. Elles se tiraillent dans leur cage qui est ma tête et s’exercent sans cesse dans la roue, à sens contraire. Et elles sont bavardes. Elles parlent sans cesse et cause un tintamarre incroyable dans mon cerveau, et ce, jour et nuit. Bien sûr, elles cherchent à s’évader. Comme elles, je cherche une certaine libération. C’est donc pour cela que je désire partager mes pensées, mes réflexions et mes réalisations. Ainsi, en les partageant, je laisse de la place pour les prochaines. Contrairement aux gerboises qui font la course dans la roue de mes méninges, je vais m’arrêter sur un banc du petit parc une fois de temps en temps pour ouvrir la porte de la cage. Merci de me lire!