J’ai toujours aimé les vieilles choses: le bois de grange, les fleurs séchées, les vieux jeans… (J’ai toujours aussi aimé les personnes âgées.) Il m’a souvent semblé que les vieux meubles ont plus de «vie», comme si leurs surfaces poreuses avaient graduellement absorbé l’énergie des familles qui les entouraient.
Les vieux livres, par exemple, quelle richesse! Quand on pense à tout le savoir-faire que nécessitait la production d’un livre à l’époque (je parle de l’objet et non du contenu). De la fabrication du papier à la typographie et la reliure: beaucoup de temps, de talents et d’efforts devaient y être consacrés. Quand je prends un vieux livre dans mes mains, c’est souvent à tous ses artisans que je pense.
Je suis bien chanceuse d’avoir hérité de plusieurs meubles antiques de ma famille, puisque ma mère aussi aimait les antiquités. Quelques petits meubles aussi, en érable, qui ont sans doute été manufacturés, mais que ma mère avait acheté avant son mariage, soit vers 1947.
Ces vieux meubles ont beaucoup de défauts. Les portes se ferment mal, les tiroirs accrochent, les coins sont abîmés et les surfaces égratignées. Mais je les apprécie à chaque jour pour leur chaleur, leur résilience, sans compter la réserve sans fin de souvenirs qui les entourent.
Maintenant que je chemine tranquillement moi-même vers l’«antiquité», j’espère que je trouverai moyen d’être aussi patiente avec mes propres déchéances. J’espère que je saurai ignorer les défauts et cultiver une appréciation de ma propre vieillesse. J’espère aussi que je réussirai à dégager assez de chaleur et de bienveillance qu’on veuille me garder dans les parages! 😉
3 réponses
C’est plein de tendresse, ce texte!
Je suis d’accord avec toi Stéphanie, les vieilles choses dégagent de la bienveillance… probablement de la poussière de tendresse qui s’est accumulée dessus au travers des années.
Très bel article, c’est touchant!