Apostrophe, mon amour

De tous les symboles typographiques, le plus malmené est sûrement l’apostrophe. La pauvre est si mal comprise qu’elle attire mes sympathies, et j’ai passé ma carrière à essayer de la mettre à l’honneur. J’ai tellement insisté sur l’apostrophe qu’en récompense, ma première couette de cheveux gris a pris la forme d’une grande apostrophe sur mon front.

L’apostrophe est utilisée beaucoup, surtout dans des textes en français, donc ça vaut la peine de lui accorder un peu d’attention. C’est le truc qui sert à faire des raccourcis (l’élision en bon français). Le typographe Jean-Pierre Lacroix décrivait l’apostrophe ainsi: «Une virgule libérée de la pesanteur qui la clouait sur la ligne de base.» N’est-ce pas joli?

Dans les polices classiques, l’apostrophe a un bras ouvert descendant qui tend vers la lettre précédente, un peu comme le bras d’une mère qui voudrait enserrer son grand ado. Dans les polices sans empattements, la boule et le crochet sont délaissés pour former un trait oblique, on l’espère plus large en haut que vers le bas.

Ce qu’il faut éviter pour faire une belle typographie, c’est le vilain symbole de pied (‘), ou apostrophe dactylographique, une barre rigide et souvent droite sans charme, qui est en fait le signe prime en mathématiques ou de minutes d’arc dans les coordonnées géographiques. Dans un texte, surtout un titre, ces symboles sont comme les invités qui arrivent aux noces en bottes de caoutchouc – la maladresse même.

Bien configurés, les logiciels de traitement de texte feront la conversion de l’apostrophe dactylo en apostrophe typographique, sinon l’outil de recherche et remplacement sera utile pour la correction. Sur un clavier numérique, l’apostrophe sera au ALT + 0146. Essayez-la dans votre prochaine mise en page!

Davantage sur l’apostrophe sur Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Apostrophe_(typographie)

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