
La poésie et les histoires se cachent parfois dans de très ordinaires événements du quotidien, mais croyez-moi, elles n’attendent qu’à être démasquées.
La semaine dernière, par exemple, j’avais rendez-vous chez la dentiste pour mon examen annuel. Deux jeunes hygiénistes, dont une stagiaire, se sont chargées du nettoyage de mes dents. L’atmosphère, curieusement, était presque festive. Une petite blague par ci, une anecdote par là, et, de temps en temps, des chansons fredonnées.
À un moment, j’ai réalisé que l’une chantait une mélodie improvisée et que l’autre, sans même s’en rendre compte, y répondait en fredonnant un air également improvisé. L’ensemble, qui était aussi étonnant que mélodieux, m’a rappelé les dialogues chantés auxquels se livrent les oiseaux quand le temps est beau.
Les jours ont passé, mais le souvenir de ces tout petits instants de grâce revient souvent, accompagné d’un grand sourire.

Aujourd’hui.
Marcher dans la ville ou dans les bois est un bonheur. Mais en ce début d’avril, gris, froid et pluvieux, c’est plutôt un acte de bravoure. Les oiseaux, invisibles et totalement silencieux, se cachent dans les arbres.

Ce silence, tout à coup, me paraît assourdissant.
Les oiseaux, comme les humains, sont sensibles à la lumière et à la douceur de l’air. Dans la plus parfaite des majestés, le soleil finit par revenir, suivi de près par le chant des oiseaux et leurs vols planés.

Arrivez-vous à imaginer une forêt, ou même une ville, où seraient disparus le chant des oiseaux?
Après des années de bouleversement climatique, il m’arrive de leur parler. Je leur dis, sotto voce, « Vous êtes encore là! Merci, mes amis! » ou encore, de façon un peu plus pressante, « Restez avec nous! »
Mais voilà que, tout récemment, je suis tombée sur un documentaire qui parlait de la sixième extinction, un terme que je n’avais jamais entendu avant. Contre toute attente, le fait que des observations scientifiques claires confirment ce qui nous arrive, à nous et à notre Planète, m’a apaisée. J’ai enfin pu mettre des mots sur ce qui n’était auparavant qu’une énorme crainte, sans nom.

Hubert Reeves arrivait à la fin de sa vie quand il nous a livré cette courte vidéo sur la sixième extinction. Il va de soi qu’un sujet aussi vaste et complexe ne pouvait, en quelques petites minutes, qu’être survolé. Revoir et réentendre M. Reeves, qui semble ici faible mais serein, demeure toutefois un privilège.
Je remercie NoName13, BiancaVanDijk, rmsep4, hovisontour et garten.gg pour leurs photos libres de droit.