Quand nous, les « écriveurs » du Petit Parc, avons parlé de faire chacun un article sur un livre qui nous avait marqués en 2024, je me suis demandé lequel je pourrais bien choisir. Beaucoup de livres sont passés sur ma table de chevet cette année. Et les années précédentes. Pourtant, aucun ne m’est apparu comme étant « Le » livre.
Rien de mieux, souvent, que de laisser les idées ou les décisions reposer et se manifester d’elles-mêmes par la suite. C’est ce qui s’est produit. Un tout petit livre est ressorti du passé (oui, je l’avoue, bien avant 2024) pour se rappeler à mon bon souvenir.
Quand j’avais tout juste vingt ans, Anne, qui avait pour sa part l’âge d’être ma mère, m’a offert ce petit trésor. Tout aussi important que la beauté de ce livre est le fait qu’il m’a été donné par une personne centrale dans ma vie. Et dans celle d’un bon nombre de mes proches. Amie spirituelle, « grand-mère » Anne a veillé sur nous, nous a beaucoup parlé et, tout autant, écoutés. Ma gratitude pour elle et pour cette chance de l’avoir connue est immense.
L’enfant et la rivière, d’Henri Bosco, a été publié pour la première fois en 1945. L’histoire se déroule au tournant du XIXe et du XXe siècle dans le Sud de la France. Pascalet, jeune garçon choyé et enfant unique, profite de l’absence de ses parents – et de la surveillance très relâchée de sa tante Martine – pour partir à la découverte d’un lieu qui lui a toujours été interdit : les abords de la rivière qui coule non loin de chez lui. Il y fait la rencontre de Gatzo, un garçon de son âge avec qui il découvre aussi bien l’amitié que le danger, et vit des jours inoubliables, au rythme de la rivière et de toute la vie sauvage environnante.
Ce récit à la fois simple et foisonnant évoque les bruits, les odeurs, les couleurs et le mystère de la vie libre, au beau milieu d’une nature indomptée.
Ce livre m’est si cher que j’aimerais l’apporter jusque dans l’au-delà, s’il existe, pour me rappeler la beauté de notre monde.
Je remercie myshoun, ELG21 et azmilumry pour les photos et images libres de droits
Merci d’en parler Mireille, ce livre à été tout aussi marquant pour moi! Comme d’ailleurs d’autres ouvrages d’Henri Bosco!
J’ai relu tantôt les passages sur la soirée où Grand-Père Savinien, après avoir présenté son spectacle de marionnettes aux gens du village, leur annonce que c’était le dernier et qu’il ne reviendra plus avec son castelet, vu qu’il est maintenant très vieux. Cette scène est d’une grande beauté.
Merci d’être passé!
« L’enfant et la rivière », j’ai lu ce roman il y a de cela très très longtemps, dans dans un exemplaire emprunté à Manu d’ailleurs, je crois. Je ne me fie pas trop à mes jugements littéraires d’alors, on mûrit quand même avec les années, comme on l’apprend dans « L’Art de la joie » de Goliarda Sapienza (voir le billet de Gilbert). Mais je pense bien que c’est dans « L’enfant et la rivière » que se trouve un passage dans lequel Gatzo dit à son ami bien élevé tandis qu’ils guettaient ou attendaient je ne sais trop quoi cachés dans l’herbe : « Mais arrête de penser, tu t’épuises ! ». Pour moi, ça résume parfaitement la misère de l’être humain moderne. Nos cerveaux sont des carrefours traversés par des autobus prévisibles et des passants pressés. Il semble bien que j’ai retenu quelque chose de cette lecture, si c’est bien dans ce roman que j’ai pêché ce passage que je cite de mémoire.
Bon, je vous laisse, je ne veux pas manquer mon autobus.
Gatzo était sans doute un guru sans le savoir. Tenir paisiblement à l’écart ses pensées et les émotions qu’elles entraînent (comme une casserole attachée à la queue d’un chat, qui court et court) peut être le projet de toute une vie. Hé, Henri, merci d’être passé!