On se croit libres. Puis vient un moment difficile où parler de sa tristesse, en toute simplicité, serait la chose à faire, mais où les barrières de la pudeur et de la crainte se dressent comme des boucliers. Il faut donc vaincre ses dragons pour un moment et convier à sa table une invitée qu’on oublie si souvent : la confiance.
Oui, ici dans ce petit parc, je peux m’aventurer sur des chemins moins fréquentés.
Photo: Alain Audet
C’est aujourd’hui le 11 novembre, Jour du Souvenir. Ce matin, comme à chaque année, j’ai pensé à mon père, qui, bien que récemment marié à la femme de ses rêves, s’était engagé volontairement à aller combattre en Europe. C’était pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Photos: Peggy_Marco et Jarmoluk
Personne n’a jamais compris ce qui l’avait motivé à le faire, surtout pas nous, ses enfants, qui avons grandi dans l’insouciance et l’abondance de l’après-guerre. Pour ma part, je me suis permis bien des reproches et des jugements sur cette période de sa vie.
Aujourd’hui, au bulletin de nouvelles de 8 heures, on a parlé de la cérémonie qui aurait lieu un peu plus tard à Ottawa au monument commémoratif, aussi appelé « La Réponse ». Sans réfléchir, j’ai décidé d’aller voir à quoi pouvait ressembler un événement en l’hommage des anciens combattants. Sur place, j’ai été surprise par le très grand nombre de personnes venues assister à l’événement et par l’ambiance solennelle qui régnait. J’ai vu des militaires pleurer et beaucoup de gens se recueillir. Un chœur de jeunes a chanté très doucement et la fameuse cornemuse a résonné, comme toujours. C’était des circonstances idéales pour pleurer un bon coup sans que personne s’en surprenne ou s’en offusque.
Dans la foulée des récentes élections présidentielles chez nos influents et incontournables voisins du Sud, et dans la perspective de ce qui s’en vient vraisemblablement ici, j’arrive pour la première fois à imaginer comment peuvent naître les conflits entre nations. Beaucoup de tumulte est à prévoir sur l’échiquier mondial.
Et si je peux me permettre une dernière tristesse, je dirai que le peu de cas qu’on fait de l’urgence climatique semble dans ce contexte presque… normal. Haut les cœurs, les ami.e.s!
Photo: khw80