… ou un titre, celui de l’autobiographie de Gabrielle Roy, La détresse et l’enchantement, est celui que je donnerais à la semaine qui vient de passer. Une semaine marquée par une canicule intense, hors-saison. Un avant-goût de ce qui nous attend.
J’aime en général écrire sur l’enchantement plutôt que sur la détresse ou, formulé autrement, sur l’allégresse plutôt que sur le désenchantement. Mais cette semaine, confinée comme bien d’autres entre les murs de la maison, j’ai dû admettre que le découragement m’avait gagnée. Il faut parfois rendre les armes en attendant qu’un peu de lumière revienne.
Le terme « effondrement climatique » a été adopté officiellement pour rendre plus exactement l’ampleur du phénomène. Pourtant, à l’échelle du pays, les intentions de vote penchent pour un parti qui se soucie comme d’une guigne des questions environnementales. Dites-moi comment ne pas désespérer…
En 1992, j’ai enseigné pendant quelques mois à un scientifique d’Environnement Canada qui s’intéressait tout particulièrement au climat, un sujet alors très peu discuté. Il a été le premier à me décrire le processus de réchauffement qui était en marche et qui, disait-il, ne ferait que prendre de l’ampleur si des mesures n’étaient pas prises. Optimiste de nature, il croyait que des sacrifices modestes mais constants seraient demandés à la population et que le pire serait évité.
Inutile de préciser que nous avons laissé passer l’occasion.
La partie « enchantement » de la semaine a été beaucoup plus modeste et se résume au bonheur éprouvé, comme toujours, en marchant dans la nature tôt le matin.
Ces quelques jours plutôt sombres m’ont ramené en mémoire la chanson The last time I saw Richard, de Joni Mitchell, peut-être parce qu’elle traduit bien la solitude et le silence dont on a parfois besoin pour retrouver ses repères.
Et même si cela peut sembler redondant, j’insère pour finir Tous les océans, parce que les mots, les images et la musique sont de puissants antidotes contre le sentiment d’impuissance.