Maman et la musique

Mariette (née Bélanger) Joly 1929 – 2023

Au bout de la nuit, 
par une aube claire, 
sans un nuage,
Elle est partie
pour son grand voyage
Avec peut-être encore en elle une douce mélodie…

Mariette Joly, ma maman, s’est éteinte paisiblement vers 5h du matin, ce mercredi 4 octobre, à l’âge de 94 ans.

Un des plus grands héritages que mes sœurs et moi devions à nos deux parents est l’amour de la musique, et en particulier l’amour de la musique classique, et aussi de la chanson française.
Mon père, qui avait une belle voix de basse, a chanté dans diverses chorales. Maman, elle, avait appris le piano dans sa jeunesse.
Ils avaient aussi accumulé à la maison une assez jolie collection de disques “33 tours” en vinyle, surtout de musique classique, mais aussi de chanson française des années 50-60 (Ferré, Brel, et aussi Félix, Vigneault, Monique Leyrac…)
Que je me souvienne, la première concession à la musque populaire des années 60 qui soit entrée dans notre maison fut le fameux Sergeant Pepper’s Lone Hearts Club Band des Beatles que Maman avait acheté en partie parce que même le sérieux chef d’orchestre et compositeur Leonard Bernstein en avait fait l’éloge dans la presse américaine !

Pendant sa dernière année dans la résidence où Maman habitait, et malgré sa santé et sa mémoire défaillante, on la retrouvait parfois dans sa chambre, et même dans les couloirs, à chantonner, retrouvant quelque mélodie dans ses souvenirs, et s’accompagnant à l’occasion de grands gestes de bras, comme dans une danse.
Après son décès, des préposés de la résidence et certains de ses voisins ont même tenu à me le rappeler, et il semble qu’elle était appréciée pour sa “musique” bien personnelle.

Maman avait donc appris le piano dans sa jeunesse, et avait hérité (je crois) du piano droit de sa grand-mère. Elle en jouait encore à la maison quand elle avait un peu de temps tranquille pendant que nous étions à l’école.

Elle s’essayait parfois à des pièces pas faciles (du moins à mon oreille !) , telles que le Rondo à la turque de W.A. Mozart, ou même le fameux Leyenda du compositeur espagnol Isaac Albéniz (dans sa version pour piano, bien sûr !), qui est devenu un de mes morceaux préférés, interprété tant au piano qu’à la guitare. (La pièce est aussi connue sous le nom de “Asturias (Leyenda)” .)

Tiens ! Je me rappelle aussi que Maman s’était aussi essayée aux cahiers des Mikrokosmos (?) de Béla Bartok, mais c’étaient des pièces courtes, pas faciles, du moins à la lecture ni même à l’écoute !? Je me souviens à peine de ces morceaux, hélàs.

Puis j’ai moi-même fait deux ans de piano vers l’âge de 9-10 ans (dans le but/rêve de faire plus tard du violoncelle, mais – ce n’était qu’un rêve ?? 8,-(    Je n’avais pas encore bien maîtrisé le jeu à deux mains au piano, ni même de bien lire en clés de sol et fa en même temps. Mais j’avais quand-même appris à déchiffrer à peu près des partitions pas trop difficiles.

Il arrivait parfois que, en rentrant de l’école, je retrouve Maman encore au piano. SI bien que je m’assoyais à côté d’elle et j’essayais de suivre le morceau et la partition avec elle, et même de lui tourner les pages quand j’arrivais à suivre à peu près. Cela m’a permis de connaitre et même mémoriser de façon plus intime cette musique.

Par contre, je ne me souviens pas que l’on ait jamais essayé de jouer ensemble une quelconque pièce à quatre mains, et ça je le regrette bien ! Il aurait fallu que ce soit une pièce très facile pour moi, et que je l’aie bien pratiquée d’avance !

J’ai donc hérité de Maman – et de mon père – non seulement l’amour de la musique, le fait de l’écouter et de l’apprécier, mais aussi de pouvoir en faire moi-même, que ça soit à la flûte à bec, en pianotant, ou comme membre d’une chorale, bien des années plus tard.

Cette semaine, 60 ans plus tard, suite à son décès, j’ai dû appeler la compagnie de laquelle nous avons loué le lit d’hôpital dans lequel maman est morte,et j’ai été mis en attente sur la ligne un certain temps.
Quelle musique jouait sur cette ligne pour me faire patienter ? Pas une quelconque et vulgaire Muzak,
mais bien le  Leyenda d’Albeniz, joué à la guitare !
Maman qui m’envoyait un dernier clin d’œil ?!

Merci et Adieu Maman,  puisses-tu participer à la Musique des sphères, où que tu sois !

Voici une version de Leyenda que j’aime bien, jouée pas trop rapidement, je trouve.


Et puis celle-ci, à la guitare. La guitare lui donne à l’occasion un aspect un peu mystérieux, je trouve :

19 réflexions au sujet de “Maman et la musique”

  1. Ça ne pouvait pas être un hasard. C’était sûrement un clin d’oeil (musical) venant de l’au-delà.
    Il y a des esprit frappeurs, des esprits vengeurs, il y a aussi des esprits taquins.
    Ta mère avait un bon sens de l’humour.

    1. Quel bel hommage, Mathieu, combien touchant et émouvant. La note musicale et si personnelle de ton message résonnera longtemps. Tes belles paroles donnent beaucoup d’espoir, tu sais.

  2. Ton message est très touchant Mathieu. J’aime bien la version guitare d’Albeniz. Encore une fois toutes mes plus sincères condoléances. Mes pensées et mes prières vous accompagnent.

    1. Merci beaucoup, Nicole.
      (Une autre petite coïncidence, plus probable celle-ci: JE venais tout juste de pratiquer nos pièces en trio pour demain alors que j’ai trouvé l’avis de réception de ton commentaire.
      Ah la musique, toujours la musique !

  3. Mes condoléances Mathieu. J’ai beaucoup aimé lire ton texte et bien sûr j’applaudis l’apport de la musique dans la vie de ta mère et la tienne. Je comprends pour le quatre mains qui n’est pas venu, j’ai eu cette chance d’en jouer une de cette manière avec une de mes filles (pièce que j’ai appelée Le singe à Baptiste, faite à la Saint-Jean-Baptiste, jeu de mots douteux, peut-être), mais si je comprends bien, l’ensemble de votre oeuvre, ta mère et toi, a été une réussite! Bravo à elle et à toi.

    1. Merci beaucoup, Pierre. C’est bien que tu aies eu cette chance de jouer avec ta fille !
      QUand je me suis remis à la flûte à a bec, et que je me suis joint à un groupe de flûtistes (la SOFOU), Maman a été très encourageante.
      QUand j’allais la visiter vers la fin de sa vie, j’apportais à l’occasion ma flûte pour lui jouer quelques airs.
      Elle aimait en général, mais moins quand je lui jouais à la flûte soprano, trouvant le son trop haut ? 8-!

  4. Mes plus sincères condoléances, cher Mathieu. Quel bel hommage, tout en musique!
    Ça m’a fait penser au film de Desjardins: Chip Chip Chopin, dans lequel sa mère a une grande importance dans son cheminement musical, par le piano, justement.
    Au plaisir de jouer ensemble à la SOFOU.

    1. Merci beaucoup, Hélène.
      JE ne me souviens que Maman se soit essayé à jouer du Chopin en particulier, mais je crois qu’elle aimait bien sa musique, si j’en juge par les quelques CDs des œuvres de Chopin dont j’ai hérité parmi l’assez volumineuse collection de CD sont j’ai hérité en partie. (Mes soeurs et moi se la sont partagée.)
      ET j’ai aussi entendu une entrevue de Richard Desjardins sur son dernier fil. Ça me donne le goût d’aller voir ce film !
      Au revoir à ce soir (SOFOU ‘entre nous” ?), ou bien à la prochaine répétition avec Vincent L.

  5. Claire Michelle Sirois

    Mes condoléances, cher Mathieu, à toi et tes frères et soeurs. Quelle belle version de Layenda. Elle avait du goût, Mariette! Nous avons toujours eu un bon contact avec tes parents. Jean-Marie et Mariette formaient une belle équipe!
    À la prochaine,
    Claire

  6. Jean Claude Delisle

    Mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de ma tante Mariette. C’était une personne très gentille!!! Que son dieu prenne soin de son âme.
    Beau témoignage d’amour Mathieu!
    Amitiés!

    1. Merci beaucoup cher cousin.
      (Et merci à Claire de t’avoir transmis la triste nouvelle ainsi que mon billet-hommage.
      -C’est drôle de retrouver cette année Claire dans la SOFOU, notre groupe de flûtes à bec !

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