La vigilance accrue du personnel éducateur : une attitude de prévention

Il faudrait cesser de confondre abus et accident. Ces deux mots ou maux font l’objet d’un débat contradictoire, particulièrement en milieu éducatif, où les enfants sont exposés aux conflits, comme tout groupe d’individus partageant un même milieu de vie. Leur personnalité est gouvernée par une instance psychique que Sigmund Freud appelle le « ça ».  Cette force inconsciente et amorale, qui motive leur comportement, exige la satisfaction immédiate de leurs besoins, sans tenir compte des contraintes extérieures (source : http://la-philosophie.com/freud-moi-ca-surmoi)

Cette catégorie d’enfants appartient à l’une de ces deux périodes de la vie : les tout-petits (0 à 3 ans) ou la petite enfance (3 à 6 ans).  Pour la première période, ils ont beaucoup plus que l’âge minimum (zéro) et pour la seconde, ils ont cinq ans au maximum.  En ce sens, le surmoi, toujours selon Freud, une autre instance psychique qui représente de façon consciente les interdits que leurs parents et d’autres adultes significatifs (des membres du personnel éducateur, par exemple) leur auront transmis, est encore à l’état latent chez eux, car il apparait vers l’âge de 6 ans !

 Généralement, les conflits entre ces enfants-là surviennent en jouant.  Ils aiment beaucoup jouer et se font souvent du mal, soit à eux-mêmes, soit à leurs pairs, malgré la vigilance du personnel éducateur.  Pour cela, ils ont appris à s’excuser en se servant des phrases telles que : c’était un accident ; je m’excuse…

Qui peut croire que les petits coups que se donnent les enfants les uns aux autres sont toujours des accidents ? 

En effet, il arrive que les enfants reçoivent ou donnent des coups à la faveur du jeu, instrument par excellence avec lequel ils explorent leur univers, le comprennent et le maitrisent.  L’importance de cet instrument (le jeu) fait que les membres de la profession éducative en profitent pour favoriser la prise de risques raisonnables chez les enfants qui leur sont confiés. D’où l’incidence du jeu sur la vie en services éducatifs.  

Comment peut-on qualifier ce genre d’incidents ?  S’agit-il d’abus ou d’accidents ?

Quand un enfant subit un tort causé par un autre, il peut s’agir d’un accident ou d’un abus.  C’est un accident quand le mal constaté est incohérent avec la volonté de l’enfant qui l’a causé.  Dans tous les autres cas, c’est un abus, même si c’est pour se défendre ou défendre un ami ou encore  pour reprendre le jouet qui  a été enlevé.

Le terme abus est non familier aux enfants.  Ils savent plutôt employer le mot « mal ». On les entend souvent dire : untel m’a fait mal !  Mais le mal, qui peut faire mal, est loin d’en être un quand c’est un accident.  Il l’est effectivement dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsqu’il y a abus et que le mal qui fasse mal exprime la volonté de celui ou celle qui l’a commis.  Dans ce cas, la raison pour laquelle il a été causé importe peu.  C’est le résultat qui compte (et non la cause).  Et les enfants sont fortement encouragés à se rapporter à un adulte quand ils se sentent victimes et ce dernier (l’adulte) doit les aider à qualifier les maux qui leur sont arrivés.

Les accidents sont compréhensibles, mais les abus demeurent inadmissibles.  Il est important d’en établir une nette différence en prenant ces derniers (les abus) pour ce qu’ils sont effectivement, c’est-à-dire des maux qui sont loin d’être des accidents.  La répression de ces maux en services éducatifs étant à éviter, il importe donc les prévenir par la vigilance accrue du personnel éducateur.

Bytchello Prévil, écrivain spécialisé dans l’éducation de la petite enfance et titulaire d’une prestigieuse bourse d’excellence scolaire en administration des services à l’enfance

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