Maryanne et la mort

Douce, bienveillante et généreuse, ma grande sœur Maryanne est décédée d’un cancer en janvier 2015, alors qu’elle avait 64 ans.

Beaucoup, beaucoup de personnes qu’elle a connues dans son travail à la fonction publique ont témoigné de leur appréciation de Maryanne comme «boss», comme mentor.

Pour moi, Maryanne était une sœur exceptionnelle, une collaboratrice et une conseillère précieuse qui n’imposait jamais sa façon de faire, mais offrait modestement une perspective réfléchie et ciblée.

Maryanne était ainsi, dans la vie, un modèle pour moi et pour bien d’autres. Elle a été aussi un modèle devant la mort.

Sa maladie fut brève, puisqu’elle a eu des symptômes seulement à l’automne 2014. Elle a été fauchée on pourra dire, par un cancer au moment où elle profitait de sa retraite, de ses passions pour la nature et la généalogie, sa famille et ses amis.

Avec quel courage elle a fait face à la maladie, à la souffrance et sa fin de vie! Pas un mot acrimonieux, pas de colère, pas même un soupçon d’énervement. Plutôt un calme serein qu’elle-même répandait sur son entourage.

Comment a-t-elle fait cela?

Maryanne ne croyait pas à la vie après la mort (moi non plus, même si j’envie les gens qui y croient). Elle devait donc accepter de quitter son conjoint, ses enfants et petits-enfants – toute la vie qu’elle aimait tant – et d’entrer dans le néant. Tout simplement. Sans broncher.

Comment a-t-elle fait cela?

Membres de la famille réunis au banc commémoratif dans le parc Algonquin en octobre 2022.​

Octobre dernier, nous sommes allés en famille faire la marche «commémorative» annuelle au parc Algonquin, où un banc à la mémoire de Maryanne est installé le long du sentier Hemlock Bluff, et j’ai profité de l’occasion pour demander à mon beau-frère si mes souvenirs et impressions des derniers jours de Maryanne étaient exacts. Eh bien, oui.

Ayant moi-même maintenant passé le cap de la soixantaine, je songe parfois à la fin de ma vie, comment ça se passera, comment je me sentirai. Ce serait bien extraordinaire d’y faire face avec toute la sérénité que ma sœur – mon modèle – l’a fait, mais je ne pense pas y arriver. Maryanne a mis la barre haute.

Photo du haut: vue panoramique à partir du banc, situé sur le sentier Hemlock Bluff

7 réponses

  1. Bonsoir ~ Quel beau témoignage Stéphanie rempli de tendresse et d’amour au sujet de ta soeur disparue trop vite et tellement jeune. Je crois qu’on est jamais prêt pour la mort… Bonne soirée 🥰

  2. Quel beau texte! Très touchant et sincère! J’aimerais croire qu’elle savait qu’une autre mission aussi importante, sinon plus, l’attendait au delà. C’est peut-être ainsi que naît l’acceptation!

  3. Quand une amie à moi est morte du cancer, j’écoutais en boucle “There must be more to life than this” de Freddie Mercury. Les artistes ont toujours une partie des réponses à nos questions.

  4. Merci Stéphanie pour ce partage. Peut-être meurt-on comme l’on vit… qui saurait-dire? Personnellement, je crois dans l’amour comme «liant» et ta soeur n’en manque pas ni ta famille ni bien d’autres gens…

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