Choisir des images

Ce n’est pas une mince tâche de choisir parmi les millions d’images sur Internet, comprendre les droits d’usage et analyser les valeurs véhiculées dans une photo. La représentativité hommes/femmes et ethnique sont souvent des facteurs, tout comme l’orientation, le point de focus, l’espace blanc, et le cadrage. On peut y mettre du temps à faire une sélection!

Pourtant une grande partie de l’exercice (comme beaucoup d’autres aspects du graphisme) s’appuie sur du gros bon sens. Et il n’est pas nécessaire de songer bien longtemps pour comprendre qu’on ne peut pas choisir n’importe quelle photo sur Internet et s’en servir sur un enseigne! Je fais référence à cette photo du premier ministre Trudeau et sa famille en canot, utilisée pour une annonce touristique en bordure de route au Kentucky :

https://www.tvanouvelles.ca/2019/01/17/trudeau-reagit-a-une-photo-de-sa-famille-sur-un-panneau-publicitaire-du-kentucky

On peut assumer dans ce cas-ci qu’aucune photo du lieu Mammoth Cave Canoe & Kayak n’était disponible pour usage publicitaire. Il était donc primordial de choisir une photo où le lieu réel ne pouvait être distingué, alors une vue rapprochée d’un canot sur l’eau remplit cette exigence. Mais à partir de là, on a beau jeu, alors le ou la graphiste aurait eu intérêt à faire son choix parmi les vastes collections de photos qu’on peut acheter libres de droit, et souvent à peu de frais. On cherche à représenter le plaisir en famille, le plein air, avec un canot sur l’eau dans un lieu non distinct. Facile!

Oh, attendez… Le client insiste pour que ce soit une famille complète. Et puis, détail somme toute assez important, il faut que chacun porte une veste de sauvetage. Ça se corse!

Je vois beaucoup, beaucoup de photo de gens en canot et en kayak: de beaux jeunes couples, des enfants seuls, des familles qui ne s’amusent manifestement pas, et puis tiens! Un papa avec veste de sauvetage avec un bambin… sans veste. Ouf! La photo parfaite est introuvable, et la jolie photo de la famille Trudeau est de plus en plus alléchante.

Mais, non, nous n’allons pas tout de même voler un cliché. Je proposerais plutôt au client les options suivantes:

ID 24671810 © Jkha | Dreamstime.com – Si on tient absolument à la famille complète, mais il faudrait rehausser les couleurs et redresser l’horizon.

istockphoto-471576143 – Pour son dynamisme et la couleur rouge, quoiqu’il faudrait superposer ou teinter le fond pour faire plus« eau ».

Depositphotos-66200417 – Je recommanderais celle-ci, pour la fraîcheur des sourires et le cadrage intéressant. Si le temps/budget le permettait, je remplacerais le bleu des vestes avec un rouge vif, et bien sûr, modifierais le vert de l’eau pour faire un bleu plus clair.

La morale de l’histoire: Il y a une quantité phénoménale de photos sur Internet, mais il faut choisir avec discernement. Ce n’est pas sorcier, mais on doit être prêt à y mettre du temps selon le cas. Il est primordial de respecter les droits d’auteur. Et c’est le fun à faire!

4 réponses

  1. Le comble : choisir une photo pour la couverture d’un livre dans une banque d’images (Getty, je crois), envoyer les fichiers à l’imprimeur, recevoir les livres, aller se promener avec le sentiment du devoir accompli, passer devant une pharmacie et découvrir la même photo en poster géant faire la promotion de je ne sais quoi en vitrine.
    Décider de ne rien dire ni à l’éditeur ni à l’auteure.
    (Histoire vécue.)

    1. Il faut se consoler dans ces situations avec l’adage «Rien de nouveau sous le soleil»…

  2. Vraiment intéressant! C’est surprenant que quelqu’un ait pensé que c’était OK d’afficher la photo de la famille de notre premier ministre.

    1. Pire encore! C’est certainement parce qu’ils ne savaient pas que c’était le premier ministre du Canada!

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